Notre constat : la domination masculine

Partout dans le monde, les femmes subissent l’oppression et la domination masculines. 

Au Canada et au Mexique, la pauvreté, croisée avec des discriminations raciales, a donné lieu à des crimes de masse envers les femmes, dans l’indifférence des autorités. Les conflits armés, particulièrement en Syrie, en Irak et en République démocratique du Congo, sont l’occasion de viols systématiques, utilisés comme armes de guerre, et suscitent la traite de femmes et d’enfants pour la prostitution, la vente d’organes ou les adoptions forcées… Jamais ces marchés n’ont été aussi florissants et étendus. Quant au droit à l’avortement, il est directement attaqué dans de nombreux pays comme la Pologne ou les États-Unis d’Amérique. À la tête du Parlement européen, les sociaux-démocrates et les conservateurs se sont même coalisés pour élire une militante maltaise anti-avortement. Quant à la Russie, Vladimir Poutine a dépénalisé les violences conjugales. 

La France n’est pas en reste. 94 000 femmes sont victimes chaque année de viols ou tentatives de viols. Dans 91 % des cas, ces agressions sont commises par une personne connue de la victime, la moitié par le conjoint ou l’ex-conjoint. Plus généralement, 213 000 femmes subissent chaque année des violences physiques ou sexuelles de la part de leur partenaire ou ex-conjoint. Selon un rapport du ministère de la Justice, 41 % des femmes ont déjà subi des violences de la part de leur compagnon. Lorsque les victimes déposent plainte, le manque de formation des fonctionnaires de police les empêche d’accéder à la justice et d’être psychologiquement soutenues. Les répercussions psychologiques, physiques et sociales sur les victimes sont aggravées par l’omerta ou la défiance de la société.

Les réponses apportées par le quinquennat Macron, qui prétendait faire de la lutte pour les droits des femmes la grande cause du quinquennat, ont été des paroles sans acte. Alors que les associations demandent un milliard d’euros pour lutter contre les violences sexistes et sexuelles, seulement 79 millions y ont été consacrés. La libération de la parole autour de #MeToo, #MeTooInceste, #MeTooThéâtre, #MeTooPolitique ou encore le décompte des féminicides qui sont de grandes étapes franchies dans la libération de la parole n’ont pas engendré un changement de cap du gouvernement.

Les réformes de santé des précédents quinquennats, guidées par l’austérité, ont directement attaqué la santé des femmes. Des maternités ont fermé, ce qui a provoqué des drames, notamment en milieu rural. Des coupures budgétaires drastiques aux centres IVG (interruption volontaire de grossesse) ont remis directement en cause le droit à disposer de son corps. Les fermetures de plannings familiaux sont également une conséquence du manque de moyens mis sur la table pour les droits des femmes. Ces espaces sont en effet parfois les seuls lieux d’information sur la sexualité et la contraception pour nombre d’entre elles.

La précarité avance à grand pas, si bien qu’aujourd’hui nous comptabilisons près de 10 millions de pauvres en France. La proportion de travailleuses pauvres est passée de 5,6 % en 2006 à 7,3 % en 2017. Les femmes sont celles qui subissent le plus la destruction du droit du travail. Le projet de loi sur la réforme des retraites de 2019, fortement contesté par une large part de la population et les syndicats, aurait entraîné une baisse des pensions des femmes, déjà inférieures de 40 % à celles des hommes.

La loi sur l’égalité salariale, quant à elle, n’est que trop peu appliquée car elle entre directement en contradiction avec cette « course à la précarisation ». Les femmes touchent en moyenne 23% de moins que les hommes. Cette précarité a été renforcée par la crise sanitaire. En première ligne pendant la crise du Covid-19, notamment dans les métiers de la santé, de l’entretien, de l’enfance, certaines ont dû gérer continuité pédagogique, tâches ménagères et charge mentale liée à la crainte de transmettre la maladie à leurs proches.

La société française est imprégnée de la culture patriarcale : à l’école, dans la production culturelle (littérature, cinéma, jeux vidéo, télévision, etc.), dans la publicité, voire au sein même de nos institutions républicaines. Dans la représentation nationale, si la parité dans les assemblées s’améliore, elle reste à un niveau très insuffisant et révèle une répartition reflétant les stéréotypes de genre à tous les niveaux.

La France doit tourner la page de la logique patriarcale autour de laquelle elle a construit ses institutions et combattre les sirènes réactionnaires. Des femmes de tous pays luttent pour leurs droits. En Argentine, en Espagne, les forces réactionnaires ont dû céder face à la pression populaire.

Les chiffres des inégalités femmes-hommes 

Selon l’ONU, les femmes représentent 51 % de la population mondiale et elles :

  • effectuent 66 % du travail 
  • touchent 10 % des revenus 
  • possèdent 2 % de la propriété

En France, les femmes gagnent en moyenne 23 % de moins que les hommes et la retraite des femmes est inférieure de 40 % à celle des hommes. En outre :

  • Deux-tiers des salarié·es au SMIC sont des femmes
  • 80 % des temps partiels sont occupés par des femmes 
  • 13,7 % des membres des comités de direction des grandes entreprises sont des femmes
  • 38,7 % des député·es sont des femmes 
  • 72 % des tâches ménagères sont réalisées par les femmes – alors que plus d’heures sont passées chaque année en travail ménager qu’en emploi !

En France, tous les deux jours, une femme meurt sous les coups de son conjoint ou ex-conjoint (146 féminicides conjugaux en 2019). À ce constat effrayant, il faut ajouter que :

  • Une femme sur trois sera victime de violences au cours de sa vie 
  • 94 000 femmes sont violées par an 
  • Seulement 10 % des victimes de viol portent plainte et seulement 1% des plaintes aboutissent à une condamnation
  • 65 % des victimes de féminicides avaient saisi la police ou la justice 
  • 100 % des femmes déclarent avoir subi du harcèlement dans les transports

Notre projet : l’égalité réelle, ici et maintenant !

Notre désir d’égalité est sans limite : nous n’acceptons aucune inégalité de traitement basée sur le genre des personnes. La bataille pour en finir avec toutes les formes de discrimination est au cœur de notre projet. 

Au vu de la situation française et mondiale, que ce soit en termes de pratiques sociales ou de préjugés sexistes ancrés dans les consciences, il est clair que c’est là un objectif de long terme. Mais il est possible d’y arriver car c’est avant tout une question de volonté politique ! L’État a une part de responsabilité importante dans la mise en place de mesures immédiates et concrètes qui peuvent changer et faire évoluer les choses de manière significative. Et c’est précisément ce que nous ferons dès le début de notre mandat. 

Le point de départ est de faire évoluer le droit et la loi pour garantir l’égalité formelle. Mais il s’agit aussi et surtout de faire évoluer les pratiques sociales pour instaurer l’égalité réelle. Si la loi est importante, nous ne nous satisfaisons pas de lois-cadres et de grands principes affirmant l’égalité quand aucune mesure concrète ne permet leur application réelle. Pour donner une cohérence à ce vaste chantier, nous prévoyons la mise en place d’un commissariat à l’Égalité. Il aura pour mission de combattre toutes les discriminations, et sera notamment doté d’un corps d’inspectrices et d’inspecteurs. Nous créerons un pôle judiciaire de lutte contre les discriminations pouvant procéder à des opérations de « testing ».

Les pratiques éducatives sont fondamentales. Combattre le patriarcat ne peut se résumer à combattre les préjugés sexistes. Ceux-ci légitiment l’oppression exercée sur les femmes, mais c’est parce qu’en amont, cette oppression existe bel et bien. C’est parce qu’elle n’est pas combattue que les préjugés se maintiennent. Ainsi, c’est un plan complet qu’il faut construire. De nombreux éléments du programme l’Avenir en commun s’attaquent aux origines sociales et économiques de la domination masculine et ne sont pas nécessairement repris dans ce livret. Il en est ainsi de la lutte contre la précarité et les temps partiels subis qui frappent principalement les femmes, ou encore de la gratuité du système de santé. 

Nos propositions : égaux donc féministes

En finir avec les violences faites aux femmes 

Une politique féministe doit combattre les violences faites aux femmes. Elles sont systémiques et se retrouvent dans tous les milieux sociaux, dans l’espace privé comme public. Il est urgent de permettre aux victimes de faire valoir leurs droits dans les meilleures conditions. Il faut de toute urgence déployer un plan clair : développer la prévention, la formation, aider les associations et remettre en route la justice sont des mesures fortes et nécessaires.

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Nous proposons les mesures suivantes :

Assurer l’égalité de revenus

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Nous vivons une crise économique sanitaire et sociale sans précédent. Nous devons donc répondre à l’urgence, mais aussi faire en sorte que chaque personne puisse vivre dignement. 

Nous proposons les mesures suivantes :

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Garantir le droit à disposer de son corps et l’accès à la santé

Le combat pour le droit à l’IVG est loin d’être achevé. Nous le protégerons des attaques réactionnaires en l’inscrivant dans la Constitution, et nous le rendrons effectif sur tout le territoire :

Garantir une politique de santé égalitaire est un objectif en soi. C’est aussi un moyen de permettre aux femmes de s’affranchir des contraintes quotidiennes. Elle s’illustre par des mesures comme la gratuité des soins prescrits via le « 100 % sécu », mais aussi par le développement d’un service public hospitalier de qualité et la fin des déserts médicaux. Nous proposons de : 

Nous mettrons également en œuvre une politique réelle de lutte contre les violences liées à la prostitution

L’égalité effective et réelle 

La société a fait d’une différence physique une inégalité sociale. Le patriarcat assoit la domination du genre masculin sur le genre féminin. C’est, dans les faits, un système cohérent qui façonne tous les domaines de la vie collective et individuelle. L’oppression se reproduit ainsi au-delà même du domaine économique, par le langage, la filiation, l’éducation, les stéréotypes, la culture, les institutions religieuses, etc.

Nous allons donc agir sur les représentations, pour atteindre enfin l’égalité des droits, notamment dans le cadre d’une loi contre le sexisme.

Nous proposons les mesures suivantes :

L’État et plus particulièrement l’Éducation nationale doivent par ailleurs être exemplaires dans la promotion d’une culture de l’égalité

Pour cela, il nous faut donc :

Enfin, pour une 6e République égalitaire, nous garantirons la mise en place d’une Assemblée constituante strictement paritaire. Nous inscrirons dans la Constitution l’égalité de conditions entre les femmes et les hommes dans les institutions politiques, administratives, économiques, syndicales et associatives.

À l’échelle internationale, nous adopterons une diplomatie féministe en augmentant les financements internationaux pour les droits des femmes et en poussant l’adoption de la clause de la législation la plus favorisée en Europe. L’égalité conditionnera la participation de la France à telle ou telle action d’aide ou de coopération.