Notre constat : les animaux, premières victimes de notre système productiviste

« Au fond de ma révolte contre les forts, je trouve du plus loin qu’il me souvienne l’horreur des tortures infligées aux bêtes. »

Louise Michel

Élevage intensif, pêche industrielle, abattoirs, déclin de la biodiversité et extinction de masse, laboratoires, chasse : partout les animaux souffrent de nos actions ou de nos modes de vie. Nous, êtres humains, considérons, à tort, que les autres animaux constituent des ressources exploitables indéfiniment. Nous exerçons sur eux une violence inouïe, à l’image de celle qui règne dans nos sociétés. Nous devons entrer dans une autre ère, celle de la réconciliation et de l’harmonie entre les humains, mais aussi avec la nature et les animaux. 

Comment ne pas regarder la crise sanitaire du Covid-19 comme un lourd et impérieux avertissement ? La destruction des écosystèmes des animaux sauvages et la cruauté infligée aux animaux d’élevage par notre modèle agricole productiviste sont en effet à la racine des épizooties et des zoonoses. Écoutons les alertes des scientifiques à cet égard. Les facteurs favorisant la diffusion des virus sont connus : destruction des habitats des animaux sauvages pour cultiver du soja ou créer des pâturages à destination du bétail, élevages concentrationnaires qui permettent propagation et mutation des virus, et enfin transport des animaux vivants à travers le monde, entassés comme de vulgaires marchandises dans les camions ou les bateaux.

Nous savons, mais nous ne faisons rien. Tout au contraire. Depuis les années 60 et la « révolution verte » l’élevage intensif s’est étendu partout : aujourd’hui 1 % des fermes françaises produisent plus de la moitié des porcs, poulets et œufs.

Ainsi 95 % des porcs sont élevés en bâtiment fermé, sur du béton ajouré pour laisser passer leurs excréments (les « caillebotis »), 99 % des lapins dans des cages minuscules, et globalement 8 animaux sur 10 sont élevés de manière intensive. La promiscuité provoque des comportements agressifs inhabituels chez les animaux, auxquels il est répondu par la mutilation (meulage des dents, castration, « épointage » des becs, écornages, caudectomies… le tout sans anesthésie) ou l’enfermement (les truies reproductrices passent la moitié de leur vie immobilisées dans des cages individuelles). Les animaux font aussi l’objet d’une sélection génétique pour plus de « productivité ». Résultat : des animaux monstrueux, malades et souffrants, incapables pour certains de se tenir sur leurs pattes.

Ce système organise enfin le martyr des « inutiles » : broyage ou gazage des poussins mâles et des canetons femelles, veaux « sous-produits » du lait transportés d’un pays à l’autre avant d’être enfermés en cage et anémiés, maltraitance et absence de considération des animaux dits « en fin de carrière », autrement dit plus assez « productifs » et envoyés à l’abattoir.

Tout cela au service d’une consommation de produits animaux toujours plus importante malgré ses effets catastrophiques sur les plans écologique (gaz à effet de serre, pollution, déforestation…) et sanitaire (maladies cardiovasculaires, cancers, résistance antibiotique, etc.).

Il en est de même pour les animaux aquatiques : en 2013, pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, nous avons consommé plus de poissons d’élevage que de poissons pêchés. Après avoir pratiquement vidé mers et océans par la pêche (en Méditerranée par exemple, 90 % des stocks halieutiques évalués sont surpêchés, et partout, les nombreuses « prises accidentelles » mettent en péril les espèces menacées), nous développons l’élevage aquacole intensif à toute vitesse, engendrant souffrances pour les animaux, maladies, comportements agressifs et donc blessures, etc. Sans compter que des quantités folles de poissons sauvages sont pêchées pour être transformées en farine pour nourrir… les poissons d’élevage.

Régulièrement épinglée par la Cour de justice européenne, la France maltraite aussi ses animaux sauvages vivant à l’état de liberté. Selon l’ONU, près d’un million d’espèces sont aujourd’hui menacées d’extinction. Malgré les alertes permanentes des scientifiques, et en dépit des textes européens, les fédérations de chasse continuent de bénéficier de dérogations pour éliminer des espèces menacées, ou encore des oiseaux migrateurs pourtant protégés ailleurs en Europe.

Dans nos villes et villages, la situation n’est malheureusement pas meilleure : 2021 fut ainsi une année record des abandons d’animaux familiers. Les animaux liminaires (ceux qui ne sont ni sauvages ni domestiques mais vivent dans nos villes ou à proximité) ne sont envisagés que comme des nuisibles à éliminer, sans prêter la moindre attention à leur sensibilité pourtant scientifiquement reconnue. Enfin, nous persistons toujours à enfermer et dresser des animaux sauvages pour les offrir en « spectacle » ou encore à pratiquer des expériences cruelles sur des animaux pour la science sans véritable volonté de développer et favoriser des alternatives. 

Il faut le reconnaître, c’est bien grâce au travail des lanceur·ses d’alerte ces dernières années que le voile s’est levé sur la maltraitance animale, et nous sommes nombreuses et nombreux, en France, à ne plus l’accepter : en 2021, nous étions 84 % à estimer que la protection des animaux est importante. Cette question est devenue, à raison, un véritable enjeu de société : quand nous maltraitons les animaux, c’est notre humanité toute entière que nous rabaissons.

Malgré ces alertes et cette prise de conscience, Emmanuel Macron a choisi son camp en créant la cellule Déméter, qui vise à bâillonner toute critique de l’agriculture intensive, et qui a été récemment jugée anticonstitutionnelle par le tribunal administratif. 

Cette décision est à l’image de la politique du gouvernement pour les animaux : quelques mesures protectrices pour les animaux de compagnie, mais surtout des cadeaux en pagaille aux associations de chasse et rien pour les millions d’animaux qui souffrent dans nos élevages intensifs, si ce n’est des promesses non tenues et toujours plus d’enfermement sous prétexte de biosécurité, comme avec les arrêtés grippe aviaire de septembre 2021.

« C’est une forme idéologique, le spécisme. C’est croire que, parce qu’on est des êtres humains, on a tous les droits sur les autres êtres vivants, y compris de les faire souffrir sans fin. »

Jean-Luc Mélenchon

Notre projet : le progrès de la condition humaine est indissociable du progrès de la condition animale

Nos capacités de compréhension et d’abstraction, plus développées que celle des autres animaux, nous assignent une immense responsabilité à l’égard de l’ensemble du vivant.

Il est de notre devoir d’avancer résolument vers une société de l’harmonie entre les êtres humains et avec l’ensemble du vivant. Nous devons ainsi, dans l’ensemble de nos rapports aux animaux, faire de réelles avancées dans la prise en compte de leur sensibilité, et dans la préservation de leur environnement.

La célèbre citation du philosophe Jeremy Bentham sera notre boussole :

“La question n’est pas : « peuvent-ils raisonner ? », ni « peuvent-ils parler ? », mais « peuvent-ils souffrir ? »

Jeremy Bentham, Introduction aux principes de la morale et de la législation, 1789

Nos propositions : repenser nos rapports aux animaux pour une société de l’harmonie

Réconcilier l’humain et les animaux

Réconcilier l’humain et les animaux est un enjeu fondamental de notre quête d’harmonie avec la nature. L’Assemblée constituante qui se réunira sera une occasion sans précédent d’entamer une large réflexion sur la place des animaux dans notre société. 

Pour une République qui protège tous les animaux

Éduquer et se libérer des influences 

La végétalisation de l’alimentation : un outil essentiel de la bifurcation écologique

Une alimentation durable, plus respectueuse des animaux, de la planète, de notre santé et de celle des agriculteur·ices passe par une démocratisation assumée d’un régime alimentaire beaucoup plus riche en protéines végétales.
Pour cela nous voulons :

Planifier et accompagner la transition vers une alimentation moins carnée

Former les citoyen·nes et l’ensemble des acteurs de la filière à l’alimentation végétale

L’élevage d’animaux terrestres : sortir de l’élevage intensif et de ses atrocités

Les animaux d’élevage terrestres représentent en France près d’un milliard d’animaux abattus chaque année, principalement des volailles de chair. Nous sommes passés en moins d’un siècle d’un modèle de fermes paysannes à une véritable industrie bouchère. Les animaux souffrent, dans les élevages concentrationnaires comme dans ces abattoirs aux cadences démentielles que tant d’associations ont dévoilés. Nous voulons en finir avec ce modèle productiviste délétère pour les animaux, mais aussi pour les hommes et les femmes qui y travaillent. Pour cela nous proposons les mesures suivantes :

Organiser la sortie de l’élevage intensif 

Mettre fin aux pratiques les plus cruelles dans les élevages

Améliorer les conditions d’abattage des animaux

Améliorer et réglementer plus strictement les transports d’animaux

Considérer et améliorer le sort des animaux aquatiques, intimement lié à celui de nos espaces maritimes et fluviaux

Trop souvent oubliés, les animaux aquatiques sont également les grandes victimes de la surexploitation des océans. Ils sont les garants de l’équilibre de nos espaces marins et fluviaux et à ce titre de notre propre survie. Poser un regard sur la souffrance de ces êtres vivants nous oblige à reconsidérer aussi notre rapport à leur exploitation.

Sortir de la pêche industrielle et favoriser une pêche durable 

Accompagner la transition vers un modèle d’aquaculture extensif et écologique 

Les poissons sont des êtres sensibles qui ressentent la douleur au même titre que les autres animaux, nous œuvrerons donc pour que la pêche de loisir respecte mieux les animaux aquatiques comme les enjeux écologiques (gestion des déchets de pêche) via des campagnes d’information. 

Nous encadrerons le rempoissonnement à des fins de pêche et interdirons les pratiques causant trop de souffrances comme la pêche au vif (utilisation d’animaux vertébrés vivants comme appât).

Vivre en harmonie avec les animaux dans nos campagnes et nos forêts

Il est temps de considérer avec responsabilité notre place dans la nature et d’opérer une réforme profonde de nos modes de prédation des animaux sauvages : prédation des espèces mais aussi des espaces, pour vivre en harmonie avec la nature et les animaux.

Opérer une grande réforme de la chasse

Préserver les espèces sauvages et leur environnement 

Cohabiter avec les animaux dans nos villes et nos villages.

Que cela soit avec nos animaux de compagnie, ou avec les animaux liminaires qui vivent à côté de nous, les constats des associations sont toujours alarmants. Toujours plus de violence et de cruauté envers eux, alors que notre humanité nous oblige à les protéger davantage. Pour améliorer la situation de ces animaux nous proposons de :

Mieux protéger nos animaux familiers

Favoriser la cohabitation avec les animaux liminaires

Cesser l’exploitation des animaux pour notre bien être ou notre divertissement

Les animaux sont également utilisés pour notre bien-être. Nous les maintenons captifs, en dehors de leur habitat naturel ou bien nous les élevons, dans le seul but de nous divertir et nous amuser. Il est possible de sortir là aussi de ce modèle de société qui ne voit en eux qu’un objet d’exploitation, alors qu’ils ressentent la douleur, le plaisir et diverses émotions. Nous proposons à ce titre de :

Se divertir sans exploiter les animaux

Accompagner les méthodes scientifiques de recherche sans expérimentation animale