Notre constat : Le modèle agro-industriel malmène l’écosystème, la santé, les paysan·nes et les animaux 

L’agriculture fournit l’essentiel de notre alimentation. Or le modèle agro-industriel actuel malmène tout : l’écosystème, la santé des consommateur·ices, celle des paysan·nes et le bien-être des animaux. 

Les maux sont connus : soumission au libre marché et au libre-échange, ultra-spécialisation, gigantisme agricole, pesticides chimiques, élevage intensif ou pression sur la ressource en eau. 

L’ensemble du système agricole et alimentaire est responsable de plus d’un tiers du réchauffement climatique global, contribue à la déforestation, repose sur l’utilisation de ressources non renouvelables, contamine l’eau, l’environnement et les êtres humains et contribue à la destruction des sols et de la biodiversité. 

Près d’un milliard de personnes dans le monde souffrent de la faim, alors que la malbouffe et l’obésité progressent. À terme, ce système met à mal notre capacité à nourrir l’humanité.

En France, l’agriculture génère des centaines de milliers d’emplois directs et indirects, et participe à l’aménagement et à la dynamisation des territoires ruraux. Cependant, le modèle agricole productiviste actuel et le système alimentaire qui l’accompagne ne répondent plus à l’intérêt général, que ce soit sur les plans économique, social, écologique ou de santé publique.

En regardant simplement la qualité de la production alimentaire qui termine dans nos assiettes, il est évident que le modèle actuel ne remplit pas ses fonctions essentielles. L’alimentation d’une grande partie de la population est déséquilibrée du point de vue nutritionnel : excès de sucre, sels,  acides gras trans et protéines animales sont devenus la norme. Cette alimentation repose trop souvent sur la consommation de produits de faible qualité, contenant en outre des résidus de pesticides et additifs alimentaires dangereux pour la santé. Surpoids, obésité, cancers et allergies deviennent de véritables questions de santé publique, notamment chez les jeunes et les catégories sociales les plus défavorisées. Le système alimentaire est aujourd’hui dominé par une logique d’accumulation des profits, soutenue par une publicité massive et trompeuse. Elle pousse à la surconsommation de certains produits ultra-transformés nocifs et génère une quantité considérable de gaspillages, que ce soit en produits alimentaires ou en emballages. Ce système n’est pas capable non plus de résorber la précarité des Français·es qui ont recours à l’aide alimentaire. Ces 8 millions de personnes, quand elles ne sont pas simplement contraintes à se passer de repas, ne sont pas en capacité de choisir leur alimentation. Elles sont finalement considérées comme une filière pour écouler la production de l’agro-industrie. 

La production agricole se concentre dans un nombre de plus en plus réduit d’exploitations. Plus de la moitié des exploitations et des emplois agricoles ont disparu en 25 ans – dont 100 000 exploitations au cours des 10 dernières années – et 200 000 exploitant·es supplémentaires partiront en retraite d’ici à 2030 !

La libéralisation des marchés, la baisse des prix payés aux producteur·ices et la captation d’une grande partie de la valeur ajoutée par les firmes de l’amont et de l’aval engagent les agriculteurs et agricultrices dans une folle « course à la compétitivité ». Les plus grandes exploitations s’agrandissent encore davantage en acquérant les terres de celles et ceux qui ont été exclu·es. Un processus de financiarisation de l’agriculture s’est engagé depuis une dizaine d’années avec la multiplication du nombre d’exploitations sous forme sociétaires et des investissements de holdings financières. La spécialisation régionale dans la production de matières premières agricoles à bas prix, l’utilisation intensive de moyens de production et l’abandon progressif de secteurs exigeants en travail comme celui des fruits et légumes ont conduit à une diminution de la valeur ajoutée agricole de la France depuis vingt ans et de son autonomie alimentaire. L’utilisation d’une partie des surfaces productives pour de « l’agrivoltaïsme », de la méthanisation industrielle ou la production d’« agrocarburants » aggrave encore cette situation, prospérant sur la misère des prix payés aux paysan·nes.

La majorité des agriculteur·ices sont victimes de ce modèle. Bon nombre d’entre elles et eux s’endettent, connaissent la précarité et cessent leur métier. Certain·es sont si dévasté·es qu’il y a trois fois plus de suicides chez les agriculteur·ices que dans le reste de la population. De nombreux jeunes renoncent à s’installer du fait de la difficulté d’accéder au foncier, du montant des investissements nécessaires, des perspectives incertaines de revenu et de l’absence de soutien public. Nous assistons à une situation absurde de « paysan·nes sans terres » sur notre territoire, alors que le chômage atteint des records. 

Ce modèle hyper intensif constitue une impasse écologique  : il est responsable de la pollution de l’environnement et de la contamination des aliments par l’usage de pesticides, d’engrais azotés et par le recours aux antibiotiques. Il détruit la fertilité des sols, les habitats naturels et la biodiversité, il pose aussi de graves déséquilibres par l’accaparement de la ressource en eau et la perturbation du cycle de l’eau, provoquant de nombreux conflits d’usage d’une ressource précieuse. Il constitue également un danger pour la santé des travailleur·ses de l’agriculture et de la population. Basé sur un usage massif de ressources non-renouvelables, il contribue largement au dérèglement climatique par son utilisation d’énergie fossile pour la synthèse des engrais et par ses émissions de protoxyde d’azote et de méthane. 

Dans ce modèle productiviste, les animaux sont traités comme des marchandises, au mépris de leurs besoins et des exigences de leur bien-être. Mutilations, cages, absence d’accès au plein-air ou ultra-densité : 80 % des animaux d’élevage subissent la violence inacceptable de l’élevage intensif. Cette violence se répercute sur les éleveur·ses, les salarié·es agricoles, sur l’environnement et sur l’ensemble de la société. Ce système représente aussi un danger sanitaire majeur : l’élevage intensif et la déforestation qu’il entraîne sont deux des causes majeures de l’émergence et de la diffusion des zoonoses, ces maladies qui, comme le Covid-19, se transmettent des animaux sauvages aux humains.

La politique agricole commune (PAC) ne permet plus la régulation des marchés, comme le montre la fin des quotas laitiers et sucriers. Les subventions restent dépendantes de la taille des exploitations, ce qui favorise les plus grandes et accélère l’expansion d’une agriculture productiviste. Les traités européens poussent à l’internationalisation de l’agriculture et imposent le libre-échange. En France, le renoncement à la politique des structures et la faiblesse de la politique foncière favorisent aussi la concentration de la production. Dans le même temps, le foncier agricole est rongé par l’urbanisation, ce qui constitue une menace pour la sécurité alimentaire de long terme.

La libéralisation menée par l’Organisation mondiale du commerce (OMC) et les accords de libre-échange mettent en concurrence les agriculteurs et agricultrices des différentes régions du monde alors que les différences de productivité et de subventions agricoles sont gigantesques. Nombre de paysanneries sont condamnées à la crise et ne peuvent assurer leur sécurité alimentaire. Elles sont menacées par les stratégies de mainmise sur les semences et d’accaparement de terres pour la production d’agrocarburants et d’autres cultures destinées à l’exportation menées par les entreprises multinationales. Les aides à l’agriculture des pays riches contribuent à des exportations à bas prix et à la crise de l’agriculture des pays du Sud. Les conséquences sont connues : pauvreté, exode rural et migrations. 

Face à ce modèle, de multiples initiatives d’agriculture paysanne de qualité, d’agriculture biologique et de circuits courts de proximité se développent. Elles montrent que d’autres formes d’agriculture tournées vers l’intérêt général sont possibles. Mais une agriculture duale avec, d’un côté, une grande agriculture productiviste censée être « compétitive » sur le marché mondial, et, de l’autre, une agriculture de niche, écologique et de qualité pour une minorité de consommateurs et de consommatrices plus favorisé·es ne peut exister durablement. En réalité, ces deux agricultures sont bien en compétition pour l’accès au foncier, aux marchés et aux subventions publiques. La première se développe en marginalisant la seconde.

Notre projet : Une production alimentaire locale, respectueuse du bien-être des animaux, rémunératrice et accessible

Nous portons un projet de rupture avec le modèle agro-industriel dominant actuel. L’action politique ne peut plus être guidée par l’objectif de produire toujours plus, sans se soucier des conséquences écologiques ni de la faim qui continue de sévir en France et dans le monde.

Nous portons un projet alimentaire et agricole d’intérêt général. Notre objectif est d’éradiquer la faim, la précarité alimentaire, les maladies dues à la malbouffe et d’assurer notre souveraineté alimentaire, durement fragilisée par Emmanuel Macron et par des décennies de néolibéralisme et d’inaction climatique et environnementale. Nous voulons construire un système alimentaire démocratique et soutenable qui offre à tou·tes une garantie universelle d’accès à une alimentation saine et choisie. Il est fondé sur une agriculture écologique et paysanne, respectueuse du bien-être des animaux, avec des paysan·nes nombreux·ses, justement rémunéré·es, et des fermes à taille humaine.

Le droit à l’alimentation doit être enfin effectif en France et chacun doit avoir accès à une alimentation saine et choisie. C’est pourquoi nous augmenterons massivement le pouvoir d’achat populaire, nous encadrerons les prix, nous faciliterons l’accès à la restauration collective, nous développerons les projets alimentaires territoriaux et nous expérimenterons une garantie universelle d’accès à des aliments choisis, premier jalon vers une sécurité sociale de l’alimentation.

L’industrie agroalimentaire ne peut plus faire la loi dans nos assiettes et dans nos champs. Nous l’encadrerons pour sortir de la malbouffe, en interdisant les additifs et les pesticides les plus dangereux, en renforçant l’information des consommateurs et consommatrices ou encore en encadrant ses marges. 

Notre projet implique de créer les conditions d’une activité agricole rémunératrice, digne et attractive, de faciliter l’accès à la terre pour les paysan·nes, et de créer rapidement au moins 300 000 nouveaux emplois agricoles. C’est pourquoi nous garantirons des prix rémunérateurs par des prix planchers, nous conduirons une réforme agraire pour faciliter l’accès au foncier, nous sécuriserons le parcours de désendettement des agriculteurs et agricultrices et nous appliquerons nos normes de production à l’importation ainsi que des prix minimums d’entrée. 

L’urgence climatique, environnementale et sanitaire (zoonoses) nous presse de ramener notre système agricole et alimentaire dans les limites planétaires. La souffrance animale massive et banalisée qui est la règle dans les élevages intensifs où les animaux sont traités comme des marchandises est inacceptable. C’est pourquoi nous planifierons une révolution agroécologique de nos méthodes de production, nous relocaliserons les productions sur les territoires, nous stopperons l’artificialisation des terres et nous sortirons de l’élevage intensif, en accompagnant les agriculteur·ices dans la transition.

Notre projet nécessite donc de rénover l’organisation de l’État et ses soutiens financiers à l’agriculture. C’est pourquoi nous transformerons radicalement la politique agricole commune et nous ferons la révolution citoyenne dans les structures agricoles aussi. 

Au niveau international, nous voulons contribuer à la sécurité alimentaire mondiale, à la protection et au développement des paysanneries et à la bifurcation écologique de l’agriculture et des systèmes alimentaires. Notre projet implique de ne plus déstabiliser les marchés des pays étrangers par des exportations massives subventionnées et d’affirmer le principe de souveraineté alimentaire des paysan·nes, des États et des régions, en s’appuyant notamment sur la Déclaration des Nations unies sur les droits des paysan·nes et des autres personnes travaillant dans les zones rurales.

Nos propositions : Révolutionner le système agricole et alimentaire

Une alimentation saine et durable accessible pour tou·tes 

Une bonne alimentation est le corollaire d’une vie en bonne santé. Elle doit être garantie et accessible pour tou·tes. Pour atteindre cette accessibilité garantie à une alimentation saine et durable, nous proposons les mesures suivantes : 

Une industrie agroalimentaire encadrée pour sortir de la malbouffe

Notre système alimentaire doit s’affranchir des lobbys de l’agroalimentaire, et la législation doit encadrer la qualité des aliments produits, notamment les produits transformés, et promouvoir un système d’information clair des consommateur·ices sur le contenu et la qualité des aliments sur l’ensemble des emballages. Dans la chaîne de la production agroalimentaire, les réseaux de distribution on pris une importance considérable, notamment la grande distribution qui représente 70 % de nos achats alimentaires. Elle a également capté 15,3 % de la valeur ajoutée alors qu’il en reste à peine 6 % pour les agriculteurs et agricultrices. Il est impératif de rééquilibrer cette répartition des marges et des revenus, en libérant producteur·ices et consommateur·ices du poids des cartels, grâce au contrôle des services de l’État. Nous proposons donc les mesures suivantes pour encadrer l’industrie agroalimentaire et sortir de la malbouffe : 

Une activité agricole écologique et rémunératrice pour une vraie souveraineté alimentaire 

Près de 50 % des agriculteur·ices seront à la retraite dans 10 ans, soit environ 200 000 actifs et actives agricoles et seul un départ sur trois est remplacé. En parallèle, un nombre croissant de personnes non issues du milieu agricole souhaitent s’installer en agriculture mais se heurtent à un déficit d’accompagnement et de soutien dans la mise en place de leur projet. Notre objectif est de créer au moins 300 000 nouveaux emplois agricoles sur des projets agro-écologiques et vivriers, dans des conditions de rémunération dignes, en limitant la concentration des terres et la course à l’agrandissement. Ces installations ne pourront être pérennisées que si des prix rémunérateurs sont enfin garantis aux agriculteurs et agricultrices, les libérant ainsi de l’angoisse des fluctuations de prix ou des échéances de remboursement. Pour cela nous proposons les mesures suivantes :

Protéger les revenus des paysan·nes

Faciliter l’accès au foncier et l’installation de projets écologiques et paysans

Des méthodes de production adaptées : une production écologique et respectueuse du bien-être des animaux

Nous mettrons en œuvre un plan national visant à accompagner l’ensemble des agriculteur·ices dans la bifurcation écologique de l’agriculture, l’adaptation au changement climatique et la sortie de l’élevage industriel. Cette transition devra ramener notre système alimentaire dans les limites planétaires, rendre les exploitations agricoles plus économes et autonomes et tenir pleinement compte du bien-être des animaux d’élevage. Elle se traduira notamment notamment par les mesures suivantes : 

Protéger l’écosystème et la biodiversité

En finir avec la maltraitance animale 

Une organisation et un soutien financier de l’État rénovés

 L’organisation de l’État et le soutien financier à la production alimentaire nationale doivent être entièrement libérés de la pression des lobbys agro-industriels et consacrés à la transition vers des systèmes agricoles écologiques. Nous proposons donc les mesures suivantes :

Refondre radicalement le budget de la politique agricole commune

Mettre les institutions au service de la bifurcation écologique de l’agriculture – dans l’agriculture aussi, faire la révolution citoyenne 

Une coopération internationale qui protège les agricultures locales et assure la souveraineté alimentaire partout dans le monde

Le modèle agricole français et européen actuel a un impact écologique et social sur les paysanneries mondiales qui n‘est plus supportable. Pour mettre fin à cette situation, il est nécessaire de poser les bases d’une véritable coopération internationale synonyme de solidarité et de souveraineté alimentaire pour tous partout dans le monde. Nous proposons donc de :