En bref : un logement digne pour tous

✅ Interdiction des expulsions sans relogement
✅ Construction de 200.000 logements/an
✅ Logements pour les femmes victimes de violence
✅ Augmentation de la taxe sur les logements vacants

Notre constat : la crise du logement est généralisée

12,1 millions de personnes connaissent des difficultés à se loger, faute d’argent pour le loyer, de conditions salubres ou de facture énergétique abordable. La situation ne fait qu’empirer : 4,1 millions de personnes sont aujourd’hui mal logées et le nombre de personnes sans domicile fixe a plus que doublé depuis 2012, passant de 143 000 à 300 000.

Sans logement propre, à l’hôtel, dans des centres collectifs ou dans des hébergements de fortune : leur situation est dramatique. Leur vie est de plus en plus dure : environ une personne sur deux qui appelle le 115 ne se voit proposer aucune solution d’hébergement. Sans se retrouver « à la rue », nombre de nos concitoyen·nes ont une vie précaire, comme les 643 000 personnes qui vivent hébergées chez quelqu’un d’autre, sans autre solution. 

En outre, la crise du logement met en difficulté de nombreuses familles, qui consacrent une part énorme de leur revenu à se loger. Les classes populaires sont gravement touchées : se loger absorbe plus de la moitié des revenus chez les 10 % les plus pauvres. Résultat : les expulsions augmentent. Le parc de logements sociaux ne permet pas de répondre aux besoins de ces ménages, puisque plus de deux millions de familles sont actuellement en attente d’un logement social. Ce chiffre a même bondi de 20 % ces huit dernières années.

Taux d’effort (total des charges liées au logement rapportées au revenu disponible des ménages) :

Accédants à la propriétéLocataires du secteur privé Locataires HLMMénages du premier décileMénages des déciles 1 à 3
25,1 %30 %23,9 %55,9 %31,8 %

Près de trois millions de personnes sont forcées de vivre dans des logements de mauvaise qualité, privées du confort de base (sanitaires, chauffage, cuisine). Le problème du logement indigne est persistant dans le pays. Il a été fortement médiatisé à la suite des effondrements d’immeubles de la rue d’Aubagne à Marseille le 5 novembre 2018 et aux mouvements sociaux qui s’en sont ensuivis dans la deuxième ville de France. 

Le fléaude la précarité énergétique concerne très largement les Français·es : un ménage sur cinq souffre du froid dans son logement. 7,6 millions de personnes vivent dans des logements surpeuplés dont plus de 900 000 sont en situation de surpeuplement accentué. Tout cela se répercute sur la santé des habitant·es, fragilisé·es face aux maladies, isolé·es socialement et incapables de se reposer après le travail.

Alors que le changement climatique est un défi pour l’humanité, le secteur résidentiel consomme 29 % de l’énergie en France dont la moitié d’énergie fossile (gaz et pétrole). Ici, le social rejoint l’écologie : résoudre la crise de la précarité énergétique, c’est aussi réduire nos émissions de CO2. Dans le même temps, la construction et la rénovation consomment elles aussi des énergies carbonées, en particulier la filière du béton, et mettent à l’ordre du jour la bifurcation écologique dans le secteur du bâtiment.

Macron a aggravé la politique menée depuis plus de quarante ans, dans laquelle les puissants traitent le logement comme une marchandise comme les autres. Il a encore diminué les aides à la construction, baissé les aides personnelles au logement (APL) de plusieurs milliards d’euros et ponctionné les bailleurs sociaux (en leur imposant de compenser la suppression de l’APL dans le logement social). Il a imposé une politique de vente à la découpe du patrimoine d’habitations à loyer modéré (HLM). Malgré de timides tentatives d’encadrement, les loyers et les prix dans le logement privé continuent d’exploser. Le marché est incapable d’offrir un logement décent et abordable à toutes et tous.

La pensée unique néolibérale des gouvernements successifs et de la Commission européenne exige une privatisation du logement social. Pour les ménages qui ne peuvent pas y avoir accès, la seule option serait d’avoir recours au marché privé locatif et/ou d’accéder à la propriété. Cette logique est surtout génératrice de profits importants pour les promoteurs immobiliers et les banques, ainsi que pour une extrême minorité de ménages : 3,5 % d’entre eux concentrent la moitié des appartements à louer. Cette solution conduit à des situations de surendettement des ménages, à la dégradation des copropriétés et à l’éloignement de plus en plus grand des classes populaires des centres urbains. 

La crise du logement est le résultat de décennies de constructions insuffisantes, particulièrement en logements sociaux. Le déficit accumulé depuis plus de trente ans équivaut à un million de logements manquants. Lorsque le niveau de construction a augmenté dans les années 2000, ce fut surtout au profit de la spéculation et d’un renchérissement des prix. En parallèle, l’offre nouvelle en construction HLM s’est concentrée sur le segment le plus cher du parc social, et qui concerne le moins de demandeur·ses, le Prêt locatif social (PLS). Sous le quinquennat d’Emmanuel Macron, la construction et en particulier celle de logements HLM est tombée à son niveau le plus bas depuis 15 ans.

Le financement du logement social repose sur l’investissement public de l’État et sur la mobilisation de l’épargne réglementée (livret A). Ces deux sources permettent de faire baisser les loyers. Cependant, la préférence des gouvernements pour la spéculation et les politiques d’austérité a fragilisé le financement des organismes HLM. Les subventions directes de l’État pour le logement social ont été divisées par six depuis 1999, et par trois depuis 2010, pour un logement HLM standard. 

De 2017 à 2020, le budget public consacré au logement a baissé de 4,3 milliards tandis que les recettes fiscales tirées du logement cher ont augmenté de 4,4 milliards, malgré la crise sanitaire. Ces recettes auraient dû être redistribuées et servir à la résolution de la crise. La dépense publique pour le logement est tombée à 1,6 % en 2021, soit le niveau le plus bas depuis presque 40 ans. Il faudrait 14,1 milliards pour revenir à 2,2 % du PIB, le niveau d’il y a 10 ans.

En outre, les gouvernements n’ont cessé d’inventer de nouvelles niches fiscales pour les propriétaires bailleurs privés. Elles pèsent deux milliards d’euros dans le budget de la Nation et ne profitent qu’aux 10 % les plus riches. 

L’abandon du logement social et les politiques fiscales centrées sur la croyance absolue dans le marché privé pour gérer la question du logement ont changé ces dernières décennies le visage de nos villes. Les centres-villes des métropoles ont connu un processus de gentrification, c’est-à-dire d’embourgeoisement des quartiers anciennement populaires. Les classes populaires en sont de plus en plus expulsées vers les banlieues paupérisées ou la lointaine périphérie des centres urbains. 

La crise du Covid a illustré de manière criante les inégalités face au logement. De nombreuses familles s’entassent dans des logements exigus. Les conséquences sur la santé physique et mentale de ces conditions de vie ont été exacerbées par les confinements successifs. Les problèmes liés au manque d’espace personnel et intime se sont posés de manière plus sensible, avec des conséquences dramatiques. Le nombre de séparations a augmenté et, surtout, les violences conjugales se sont multipliées (30 % de plus lors du premier confinement !). Le mal-logement, lorsqu’il prend la forme du surpeuplement, est lui-même une cause de développement de l’épidémie par ce que l’on a appelé les “clusters familiaux ». Bien loger les gens est donc un outil de lutte contre les épidémies.

Notre projet : garantir le droit au logement abordable et digne

Le logement est la condition d’une vie digne. Il permet de pouvoir exercer quotidiennement son emploi, de jouir de la santé et du bien-être, de fournir à ses enfants un espace protégé où ils peuvent grandir et s’épanouir. Il constitue la base à partir de laquelle se projeter dans l’ensemble des dimensions de la vie. 

« Pour pouvoir rêver, il faut savoir où dormir », revendiquait il y a quelques années le collectif Jeudi noir qui luttait en faveur de l’accès des jeunes actif·ves à un logement. Pour bâtir un avenir en commun, notre projet politique doit permettre à toutes et tous d’être logé·es dans des conditions décentes, quels que soient leurs revenus, leur statut d’emploi, leur situation administrative ou leurs conditions sociales. 

Un logement doit être plus qu’un toit. Il est un espace de sécurité pour toutes et tous, où l’on peut disposer de bien-être et d’intimité. Il est aussi un lieu clef pour l’égalité femme-homme. Le logement est un facteur de changement social !

Aussi, afin de rendre le droit au logement effectif, nous l’inscrirons dans la Constitution. Nous sortirons le logement et l’habitat des mécanismes du marché par un plan d’action volontariste qui démarrera dès le début du mandat. 

Nous stimulerons la démocratie dans le logement, notamment en développant la représentation des locataires du parc privé et du parc public. À ce titre, dans le logement social, à l’inverse de la concentration des pouvoirs loin des habitant·es, nous développerons le pouvoir des locataires et leur participation à tous les niveaux.

Par les aides à la construction et à la réhabilitation, nous réorienterons vers le logement public les milliards d’euros de subventions qui n’ont eu pour effet que d’entretenir la spéculation immobilière. La planification écologique sera le levier pour développer une offre massive de logements de qualité, durables et économes en énergie.

La rénovation énergétique globale et la construction de logements publics seront deux piliers du plan d’investissement que nous lancerons dès notre arrivée au pouvoir.

Ce projet entend d’abord apporter des réponses immédiates et urgentes à la crise du logement qui touche une part de plus en plus importante de la population. À moyen terme, il a également l’ambition de construire une société où chacun et chacune aura accès à un logement décent et abordable.

Nos propositions : sortir le logement de la spéculation

Contre les expulsions, objectif « zéro sans-domicile  »

Le logement est essentiel à la dignité des personnes et conditionne l’accès à de nombreux autres droits. Pourtant, aujourd’hui, le droit de propriété lui est juridiquement et concrètement supérieur. C’est pourquoi il est possible en France d’expulser des personnes, des familles entières, sans aucune proposition de relogement. Cette situation doit cesser ! Notre objectif est celui du « zéro sans domicile, zéro mal logé·e ». Pour que personne ne dorme plus dans la rue, nous proposons les mesures suivantes :

Mobiliser le parc privé pour les besoins prioritaires

Il est nécessaire que la puissance publique régule fortement le parc privé. Ces dix dernières années, les loyers ont augmenté de 29 % dans le parc HLM et de 44 % dans le secteur locatif privé. Fin 2019, près de la moitié des annonces de location dans une ville comme Paris ne respectaient pas l’encadrement théorique des loyers ! En effet, les commissions départementales de conciliation (CDC) ne sont presque jamais saisies et les sanctions sont inexistantes. Les prix doivent donc être directement et partout encadrés. Il n’est pas tolérable que le nombre de logements vacants continue à s’accroître dans le même temps : il y en a 3,1 millions, soit un million en plus depuis 2006. Même si, à terme, nous pensons que le logement public est la solution pour garantir le droit effectif au logement, dans l’immédiat, il faut que le parc privé participe à loger les plus modestes. 

Afin de lutter pied à pied contre la spéculation, il faut :

Développer massivement un logement public et social de qualité 

La construction massive de logements publics est essentielle pour répondre aux besoins et sortir de la crise que connaît le secteur du logement. Cet effort nécessite un engagement financier important de l’État. Il est inacceptable que certaines collectivités refusent de construire des logements sociaux et bloquent ainsi le renouvellement du bâti aux dernières normes écologiques, empêchant la bifurcation énergétique. Nous souhaitons promouvoir un modèle de logement social où les enjeux de qualité de la vie, de démocratie et de mixité sociale seront pris en compte. Nous proposons donc les mesures suivantes :

Rompre avec la spéculation foncière

Construire massivement des logements abordables nécessite de changer la gestion du foncier. La situation actuelle, qui privilégie le marché, a pour conséquence l’augmentation extraordinaire des prix des terrains, qui se répercutent sur les coûts de construction. Il convient donc de lutter contre la spéculation foncière et de promouvoir la propriété publique du foncier. Ce foncier doit servir une véritable politique d’aménagement durable répondant aux besoins, conforme à l’objectif de limiter l’artificialisation des sols et coordonnée par la puissance publique. Nous proposons les mesures suivantes :

Rénover le parc existant pour le mettre aux normes écologiques

Le bâti est un des principaux émetteurs de gaz à effet de serre. La mauvaise qualité des logements plonge des millions de personnes en situation de précarité énergétique. Un véritable plan doit être mis en place pour obtenir des résultats d’ampleur. Pour cela, nous proposons les mesures suivantes :