Notre constat : les transports malades du néolibéralisme et de la privatisation

Permettre aux personnes et aux biens de se déplacer est indispensable au fonctionnement de notre pays. Pourtant, à l’heure du dérèglement climatique, le secteur des transports pèse pour 31 % des émissions de gaz à effet de serre et c’est le seul pour lequel les émissions continuent d’augmenter. Il est confronté à la double contrainte de relier toujours mieux les individus et de réduire toujours plus son empreinte environnementale.

Les dernières décennies ont vu :

L’ouverture à la concurrence et la privatisation ont été les priorités d’Emmanuel Macron dans le secteur des transports. C’est la vision d’une Europe libérale qui brade le patrimoine national, s’attaque aux emplois et aux conditions de travail des personnels tout en poursuivant la dégradation du niveau de service rendu aux usager·es. Le transport est appréhendé sous l’angle de la rentabilité à court terme, au mépris du service public. 

Dans le secteur ferroviaire, la réforme de 2018 poursuit la déclinaison des différents paquets européens en ouvrant à la concurrence tous types de lignes de train, provoquant une dégradation générale du réseau. Le privé se positionne sur les lignes les plus rentables, laissant les autres à l’abandon. Quant au fret ferroviaire, ouvert à la concurrence en 2006, il est délaissé. Il en va de même pour le transport fluvial et maritime : la loi portuaire de 2008 a privatisé les ports français et engendré la perte de plusieurs milliers d’emplois. Le transport fluvial est en voie d’extinction par manque d’investissements : il n’existe plus que 500 exploitations, contre 3000 en 1973.

La pollution due aux transports est multiple, c’est d’ailleurs le premier secteur responsable des émissions de gaz à effet de serre. De plus, la construction de nouvelles infrastructures de transport (autoroutes, terminaux aéroportuaires, etc.) détruit les terres agricoles et fragmente les espaces naturels, rendant encore plus difficile le déplacement des animaux. Outre la pollution de l’air, les transports sont aussi responsables de la pollution sonore qui a un impact significatif sur la santé humaine. 

Aucune politique répondant aux enjeux climatiques liés aux mobilités n’est planifiée. Les lignes du quotidien (Transport express régional, TER) souffrent d’un manque d’investissements chronique. Les trajets se rallongent et des lignes disparaissent. Quant aux mobilités actives (vélo et assimilés), elles attendent toujours un plan de développement à la hauteur de leur potentiel.

Les restrictions liées au Covid-19 ont provoqué une crise profonde et durable ; le gouvernement est venu au secours des entreprises publiques et privées sans remettre en cause sa logique libérale. L’exemple le plus emblématique est celui du groupe Air France-KLM. L’État, actionnaire à 15 %, prête 7 milliards d’argent public, tout en laissant se poursuivre la destruction des emplois dans le groupe et en transférant à terme le réseau moyen et court courrier à sa filiale low cost Transavia, voire à la concurrence ! Le gouvernement refuse d’appliquer la taxe kérosène alors que le transport aérien est en croissance structurelle.

Notre projet : Développer les transports publics, rendre les mobilités durables et accessibles

Se déplacer est une nécessité et un droit. Peu importe où on habite, chacun·e doit avoir accès à une offre de transport adaptée à ses besoins. 

Les mobilités sont des biens communs qui doivent être organisés par des services 100 % publics et accessibles à toutes et tous. Tout l’inverse des politiques menées ces dernières décennies. 

Des investissements planifiés et coordonnés iront prioritairement dans les transports du quotidien pour limiter l’usage de la voiture individuelle : la priorité doit aller à la réduction des impacts négatifs sur la santé et à la sobriété énergétique, surtout à l’heure du réchauffement climatique.

Les mobilités actives (marche, vélo, etc.) seront développées et intégrées dans cette politique. Quant au transport de marchandises, ce sera l’heure de la grande bifurcation : la priorité sera donnée aux alternatives au tout routier, grâce au fret ferroviaire et fluvial.

Nos propositions : pour des transports écologiques et accessibles

Des transports vertueux et performants au service des besoins quotidiens

Bifurquer vers des déplacements vertueux

La planification écologique suppose une réorganisation profonde du système existant, traçant une stratégie cohérente et de long terme au service des besoins de la France, de ses territoires urbains, périurbains et ruraux. 

Aujourd’hui, la majorité des déplacements en voiture ne se voit proposer aucune alternative crédible en transport en commun, en mode doux ou à pied ou à vélo. Il est nécessaire de diminuer le recours à la voiture individuelle, et pour cela, de réduire les distances parcourues. Or, la majorité des déplacements le sont pour des motifs contraints : aller travailler, étudier, faire ses courses. Cela impose l’aménagement des villes en quartiers accessibles à pied, à vélo et en transport en commun. Pour cela, nous proposons les mesures suivantes :

Pour l’accessibilité réelle des transports

Un nouveau service public de mobilités n’est utile que si chacun·e peut y accéder indépendamment de sa condition. Un réseau clairsemé, des tarifs trop élevés ou l’absence de point de vente physique en proximité sont autant de barrières invisibles que nous entendons lever pour favoriser l’accessibilité réelle des transports. 

Nous sanctionnerons les comportements sexistes dans les transports. 60 % des usager·es des transports collectifs sont des femmes, 87 % des femmes affirment avoir été victimes de harcèlement dans les transports. Le harcèlement sexiste massif que subissent les femmes dans les transports en commun est de nature à les en évincer de facto, notamment le soir. Des mesures de formation des personnels, des campagnes de sensibilisation et une simplification des dépôts de plainte seront mises en œuvre. 

Réorienter le financement des transports vers la recherche de l’utilité sociale

Le financement du secteur des transports repose sur des exonérations nombreuses en faveur des modes les plus polluants tandis que le train reste inaccessible pour une partie des Français·es. Ainsi, nous adopterons les mesures suivantes : 

L’État doit en outre agir directement sans multiplier des “appels à projet” obscurs où l’effet de levier des financements publics s’estompent :

Changer de modèle, construire l’avenir

Bifurquer vers le monde de l’après-pétrole 

L’urgence climatique impose de décarboner massivement et rapidement le secteur des transports. L’électrification des véhicules ne doit pas créer un nouveau séparatisme social. À court terme, nous mettrons en oeuvre les mesures suivantes :

Développer le ferroviaire, le transport de l’avenir et l’avenir du transport

En dehors de quelques axes, le réseau ferroviaire français est aujourd’hui à l’abandon : fermetures de lignes, allongements de temps de parcours, gares peu qualitatives. Nous mettrons en œuvre un grand plan de régénération du réseau ferré existant.

Nous interdirons toute fermeture de ligne et rouvrirons des milliers de kilomètres de liaisons dans la décennie à venir : à terme, toutes les préfectures et sous-préfectures de France seront desservies par le ferroviaire. 

L’infrastructure ferroviaire n’est utile qu’associée à une offre cadencée et robuste, suffisamment fréquente pour être attractive, sur le modèle suisse. Nous augmenterons les fréquences en concertation avec les élu·es, les syndicats et les associations d’usager·es via des comités de lignes. 

Le TGV ne peut être le seul mode de déplacement de longue distance. Nous introduirons des trains classiques Intercités et des trains de nuit sur les relations longues distances, mêmes desservies par le TGV, à des prix attractifs, fixes et à réservation facultative.

Nous adopterons un vaste plan pour le fret ferroviaire qui reposera sur : 

Repenser le rapport à la vitesse 

Notre société valorise l’immédiateté. La recherche sans fin de la vitesse conduit à des aberrations écologiques et sociales comme l’éclosion de services de livraison de dentifrice en moins de 15 minutes en ville par des travailleur·ses précaires, ou bien à des projets irréalistes comme des navettes hypersoniques. Nous assumons que cette recherche de gain de temps ne doit pas prendre le pas sur les autres considérations.

Nous aurons une politique volontariste en matière de sécurité routière par la formation au partage de la route et la prévention. Avec 3 500 mort·es par an, la sécurité routière ne s’améliore plus depuis une dizaine d’années. Plutôt que des radars automatiques, nous re-déploierons une police de la route focalisée sur les zones accidentogènes et les comportements dangereux.

Nous développerons le transport fluvial en particulier dans les zones urbaines et entre des plateformes logistiques. Nous augmenterons les crédits de recherche dédiés à la décarbonation de la propulsion, nous rénoverons les infrastructures fluviales existantes en augmentant leurs capacités dans le respect de l’environnement. Le transport fluvial devra être systématiquement relié aux ports maritimes.

Nous mettrons en œuvre un grand plan de développement du vélo et des micro-mobilités, créateur d’emplois, écologique, souverain, dans un système intégré, cohérent et répondant à de nombreux besoins de la vie quotidienne, des loisirs et de la logistique du dernier kilomètre.

Planifier les besoins, organiser l’État, construire un cadre nouveau

Planifier la bifurcation écologique dans les transports

Tous les projets d’infrastructures de transport ne se valent pas : des milliards d’euros sont engagés pour des grands projets inutiles et imposés alors que les financements pourraient être plus utiles ailleurs. Ainsi, nous réévaluerons certains projets pour mieux servir l’intérêt général :

Pour porter une politique des transports ambitieuse, il est nécessaire de disposer à nouveau d’un grand ministère chargé des transports. Nous reconstruirons une administration centrale et territoriale attractive pour ses agent·es (tant pour les ingénieur·es des Ponts et chaussées que pour les agent·es techniques des routes). Celle-ci sera présente sur le terrain et suffisamment dotée en ressources et technicité pour affronter l’immense défi de la décarbonation des transports qui doit avoir lieu dans la décennie à venir. Nous donnerons plus de poids aux associations d’usager·es des transports collectifs, d’usager·es de la bicyclette et aux syndicats des personnels du secteur, afin de tenir compte de leurs analyses pour l’élaboration des décisions.

En plus de l’administration, l’État devra disposer d’établissements 100 % publics pour l’ensemble des activités du secteur et fonctionnant sous des logiques d’intérêt général  :

Construire un cadre d’organisation des transports renouvelé

Pour porter notre projet, nous élaborerons une nouvelle loi d’orientation des transports. Les mesures régressives de la loi LOM, et les réformes successives de la SNCF seront abrogées.

De nouvelles conquêtes sociales pour les travailleur·ses du secteur

Nous rétablirons dès 2022 le statut de cheminot·e pour tou·tes les agent·es de la SNCF. Nous mettrons fin à la sous-traitance et au recours au travail détaché. Nous défendrons, en concertation avec les organisations syndicales, un régime de retraite plus favorable pour les métiers pénibles. Un nouveau socle social sera imposé dans l’ensemble des professions du secteur des transports.

Un cadre réglementaire permettant la mise en œuvre de notre politique

Nous interdirons la publicité à la télévision pour les véhicules soumis à un malus écologique, rendrons obligatoire partout ailleurs le paiement d’une taxe qui financera des publicités en faveur du train, du vélo et des transports publics.

Nous limiterons au strict nécessaire la collecte de données personnelles liées aux déplacements des individus : les véhicules connectés font peser un risque sur la vie privée de leurs occupant·es où ces données seront propriété des constructeurs, et accessibles aux États. Nous construirons un cadre protecteur en matière de véhicules connectés et garantirons une alternative anonyme à tous les services de transports (sur le modèle de la carte Navigo Liberté en Île-de-France, en réintroduisant les billets SNCF papiers et non nominatifs).