Le 20 juillet 2021, l’économiste Gaël Giraud a soumis sur son blog 12 propositions aux candidats à l’élection présidentielle. Gaël Giraud a été économiste en chef de l’Agence Française du Développement. Il est actuellement Président d’Honneur de l’Institut Rousseau. Nous avons comparé ses propositions à celles de l’Avenir en commun. Nous avons relevé :
– 7 convergences complètes avec l’Avenir en commun
– 4 propositions vis-à-vis desquelles l’Avenir en commun est neutre
– 1 divergence avec l’Avenir en commun
D’autres sujets sont abordés dans l’Avenir en Commun mais absents des 12 propositions de Gaël Giraud comme : la Sécurité, la Justice, le Terrorisme, les Outre-mer, la Laïcité, les Médias, les Discriminations, l’Égalité Femmes-Hommes, les Retraites, les TPE-PME, le protectionnisme, la Finance, le Nucléaire, la Biodiversité, les Forêts, la Mer, l’Espace, le Handicap, l’Enfance, l’Illettrisme, la Francophonie.
Sortir l'hôpital de la marchandisation grâce au "paiement à la population”
- L’Avenir en commun ainsi que son cahier n°3 “Le progrès social et humain” proposent tous les deux d’en finir avec la tarification à l’acte. Il propose aussi pour reconstruire l’hôpital public d’engager un plan pluriannuel de recrutement de médecins, infirmiers, aides-soignants et personnel administratif.
Inscrire la reconstruction écologique au cœur de l’enseignement et de la formation
- L’Avenir en commun fait le diagnostic de l’impérieuse nécessité de lutter sur deux fronts : atténuation et adaptation au changement climatique. Nous avançons pour cela une méthode : la planification écologique. Elle comprend évidemment l’enseignement et la formation professionnelle. En effet, nous aurons besoin de toutes les forces vives disponibles. Nous devons mettre à jour les formations initiales et continues existantes pour répondre aux grands chantiers d’intérêt général tels que la maîtrise du cycle de l’eau. Cette proposition est contenue dans le cahier numéro 3 de l’Avenir en commun relatif au plein emploi. Jean-Luc Mélenchon a également interrogé la ministre de l’enseignement supérieur sur la place de la bifurcation écologique dans les programmes universitaires par le biais d’une question écrite le 11 mai 2021. Evidemment, cela ne peut se faire sans donner à l’école et à l’université publiques des moyens à la hauteur des enjeux de qualification requis par le défi écologique. Le chapitre 6 de l’Avenir en Commun détaille la manière dont nous comptons réparer les dégâts.
Assurer un équilibre du pouvoir entre les salariés et les actionnaires en renforçant le statut de l’entreprise à mission
- Le statut des entreprises à mission créé par la loi PACTE en 2019 n’a pas réellement changé les rapports de pouvoir dans les entreprises. Il a simplement permis à certaines multinationales d’afficher des convictions “sociales et écologiques” mais sans rompre avec leurs pratiques financières. L’exemple le plus parlant de ce phénomène est Danone. L’Avenir en commun fait des propositions pour démocratiser réellement les entreprises. Il propose notamment d’augmenter le pouvoir d’intervention des salariés contre les licenciements économiques par un droit de veto suspensif des comités d’entreprises ou d’accorder à ces comités de nouveaux droits sur le contrôle des finances de leur entreprise. Nous sommes aussi pour créer un droit de préemption des salariés sur leur entreprise pour la reprendre sous forme de coopérative.
Un nouvel impôt réellement progressif et juste en faveur des classes moyennes
- L’Avenir en commun et son cahier n°3 “Le progrès social et humain” proposent de rendre l’impôt sur le revenu plus progressif avec un barème de 14 tranches contre les 5 qui existent actuellement. En matière fiscale, il propose aussi de rétablir et de renforcer l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF), de supprimer la flat-tax et de lutter contre l’évasion fiscale des ménages et des entreprises grâce à un impôt universel. Toutes ces mesures contribueront à rendre nos impôts plus juste en faveur des classes moyennes et populaires.
Investir 20 milliards d’euros par an dans la rénovation thermique des bâtiments
- Le chapitre 3 de l’Avenir en Commun ainsi que son cahier n°2 “La planification écologique” portent l’idée d’une planification de la bifurcation écologique. Cela signifie concrètement de prendre les mesures nécessaires pour faire bifurquer notre modèle de production, de consommation et d’échanges. Cela nécessite des investissements publics massifs au service de grands objectifs, dont un plan de rénovation écologique des logements. 700 000 logements devront être isolés chaque année pour mettre fin aux situations de précarité énergétique, réduire nos émissions de gaz à effet de serre et atteindre le 100% énergies renouvelables en misant sur la sobriété énergétique. Pour y parvenir, notre programme l’Avenir en commun proposait dès 2017 un choc d’investissement de 100 milliards d’euros. Aujourd’hui, du fait de l’inaction écologique, la pente se fait plus raide, et les besoins d’investissements encore plus conséquents.
Créer une banque publique de l’eau
- L’Avenir en commun considère l’eau comme un bien commun. Il propose, en outre, la création d’un pôle public bancaire. Ce pôle public doit permettre de financer des projets d’intérêt général, notamment concernant l’eau. En effet, la maîtrise du cycle de l’eau fait partie des priorités identifiées par le programme. Cette question a d’ailleurs fait l’objet de nombreuses interventions publiques spécifiques de Jean-Luc Mélenchon, notamment pour tirer la sonnette d’alarme concernant les coupures d’eau subies par les habitants des Outre-mer. Nous avons besoin d’investissements massifs dans ce domaine. C’est par exemple le cas pour renouveler notre réseau de canalisations en fort mauvais état ou pour engager un plan de dépollution des cours d’eau. La tarification progressive de l’eau est par ailleurs une mesure portée par l’Avenir en commun.
Poser le premier jalon d’une protection sociale alimentaire
- Le chapitre 3 de l’Avenir en commun défend la nécessité d’une révolution agricole pour atteindre la souveraineté alimentaire. L’agro-business détruit tout : les écosystèmes, la santé des consommateurs comme celle des paysans et met à mal notre capacité à nourrir l’Humanité. Passer à l’agriculture écologique et paysanne pour se nourrir tous et mieux fait partie des priorités. Le cahier n°2 “La planification écologique” détaille les mesures indispensables pour en finir avec la malbouffe et les pesticides, afin de permettre à chacun d’avoir accès à une alimentation de qualité. C’est une question sociale autant que de santé publique. Pour faire face à la crise alimentaire et agricole aggravée par la pandémie de Covid-19, les députés insoumis ont déposé une proposition de loi afin de déployer des chèques alimentaires sur le modèle du chèque énergie. Ils ont réitéré cette proposition dans le cadre de l’examen du projet de loi Climat afin de favoriser une agriculture locale et biologique. L’idée d’une sécurité sociale alimentaire telle qu’évoquée par Gaël Giraud est dans l’esprit de ce que porte déjà l’Avenir en commun. Elle fait donc son chemin.
Libérer les moyens de l’investissement public par la reprise en main de la BCE
- L’Avenir en commun propose un changement des statuts de la Banque centrale européenne afin qu’elle puisse prêter directement aux Etats. Cela nécessite bien sûr un changement de traité. C’est pourquoi l’Avenir en commun propose aussi un mécanisme pour que la BCE annule immédiatement la dette des États : la transformation des titres qu’elle possède en dettes perpétuelles à taux nul.
Lancer une suite numérique européenne, sécurisée et facile d’utilisation
- L’Avenir en commun et son cahier n°4 “Pour une France indépendante” posent comme objectif de “garantir la souveraineté numérique de la France”. Pour Gaël Giraud, dans le texte d’accompagnement de cette mesure il s’agit bien du niveau “européen ou français”. Si l’Avenir en commun n’évoque pas explicitement la création d’une suite numérique française à l’image de Google, il propose de passer sous contrôle public les infrastructures du numérique et de créer une fonderie publique pour les micro-processeurs semi-conducteurs. Le programme veut aussi favoriser l’utilisation des logiciels libres comme alternative aux GAFAM. La souveraineté numérique est donc bien une préoccupation partagée.
Poser les bases d’un service national universel pour refaire de la France une communauté de destin
- L’Avenir en commun propose la création d’une conscription citoyenne. Elle concernerait toutes les françaises et tous les français âgés de 18 ans à 25 ans pour une période de 9 mois. Les conscrits seront rémunérés pendant toute la période au niveau du salaire minimum. Ils pourront choisir entre plusieurs tâches d’intérêt général : santé, protection civile, éducation, police ou militaire. Le volet militaire sera strictement réservé aux conscrits volontaires. Cette conscription est décrite dans le cahier n°4 de l’Avenir en commun “Pour une France indépendante”.
Lancer la construction d’un gros porteur aérien pour renforcer nos capacités de projection
- Le sous-chapitre 45 de l’Avenir en commun ainsi que le cahier n°4 “Pour une France indépendante” insistent sur la nécessité de reconstruire une France indépendante, nationale et populaire. La France peut et doit se défendre par elle-même. Une loi de programmation militaire à la hauteur des enjeux doit permettre de restaurer l’indépendance militaire. Dans le détail, l’Avenir en commun prévoit notamment de stopper les privatisations des industries d’armement et des missions de défense nationale et engager leur reconquête publique mais aussi d’établir une règle de l’acquisition de matériel militaire français par l’armée.
Instaurer un rapporteur citoyen pour porter la voix de la société civile dans la fabrique de la loi
- Gaël Giraud n’évoque pas la convocation d’une assemblée constituante et le passage à la 6ème République. C’est la première proposition de l’Avenir en commun pour rendre la parole au peuple. Le mécanisme qu’il propose d’un rapporteur citoyen chargé de défendre des amendements émanant de la société n’est pas forcément contradictoire avec l’Avenir en commun. Il pourrait être discuté dans le cadre de la Constituante, de même que le référendum d’initiative citoyenne.