Tout au long de la campagne, de nombreuses organisations (associations, syndicats, collectifs, etc) sollicitent Jean-Luc Mélenchon pour qu’il détaille ses propositions sur des enjeux qui les concernent. L’équipe du programme et les groupes thématiques répondent, pour chacune de ces demandes, en développant des points précis de notre programme l’Avenir en commun.

La revue Swaps a été créée par l’association PISTES (Promotion de l’Information Scientifique, Thérapeutique, Epidémiologique sur le Sida). Elle propose à tous les professionnels engagés dans la réduction des risques – médecins, pharmaciens, travailleurs sociaux, responsables de centres d’accueil et de soins spécialisés – un journal centré sur la Santé, la Réduction des Risques et les Usages de drogues.

Comment envisagez-vous de vous impliquer dans le débat sur l’usage des drogues et autres substances psychoactives en France ?

Dans la proposition de loi relative à la légalisation de la production, de la vente et de la consommation du cannabis sous le contrôle de l’État portée par Eric Coquerel à la fin de l’année 2021, nous avons montré notre attachement à déplacer cette question de la sphère pénale à la sphère médicale. 

La France est en effet championne d’Europe de la consommation de cannabis, avec un cannabis de plus en plus fort en termes de THC et qui s’inscrit dans des trafics de plus en plus meurtriers. Nous privilégions une politique de santé publique dédiée à la prévention et à la réduction des risques, qui est la mieux adaptée à la réduction des dangers et de la consommation de cannabis. La prohibition et la répression mettent l’usager en marge et l’isolent.

Nous défendons donc une approche rationnelle et nous sommes prêts à mener la bataille culturelle sur le sujet. Pourquoi ? Les études récentes montrent que certaines substances comme le cannabis sont de plus en plus consommées et que de plus en plus de personnes sont en faveur d’une légalisation et d’un contrôle par l’État. Ainsi, les discours qui ne créent rien si ce n’est de la prohibition et de la peur sont hors-sol. En plus d’être inefficaces, ils ne reflètent pas l’état de l’opinion.

Pour preuve, la consultation dans le cadre de la mission d’information relative à la réglementation et à l’impact des différents usages du cannabis menée à l’Assemblée nationale et ses 253 194 participants : 80,8% d’entre eux se sont exprimés en faveur d’une “autorisation de la consommation et de la production de cannabis dans un cadre régi par la loi”. Pour nous, l’enjeu est la destruction d’un marché illégal et meurtrier et de rendre possible la construction d’une politique de santé publique pour pouvoir accompagner les personnes qui en ont besoin.

L’Allemagne a récemment annoncé la légalisation du cannabis, Malte a récemment légalisé l’usage récréatif, le Luxembourg va dépénaliser l’usage récréatif du cannabis… Êtes-vous favorable à la légalisation ou à l’encadrement de la production, importation et commerce du cannabis ? 

Nous proposons dans notre programme de légaliser et d’encadrer par un monopole d’État la consommation, la production et la vente de cannabis à des fins récréatives dans des conditions permettant de lutter contre l’addiction. Nous affecterons les recettes des taxes sur le cannabis à des programmes de lutte contre les addictions, notamment en milieu scolaire, et à une politique de prévention, de réduction des risques et d’aide à la désintoxication.

Les salles de consommation à moindre risque ont montré scientifiquement leur intérêt, elles existent depuis longtemps dans d’autres pays en Europe. Elles seront bientôt remplacées par les haltes soins addictions, expérimentées pendant trois ans. Les feriez-vous entrer dans le droit commun ? Quelle solution proposez-vous ?

L’ouverture de salles de consommation à moindre risque est une bonne solution dans certains endroits qui concentrent aujourd’hui l’usage de drogues dans la rue, avec des conséquences très négatives pour la santé des usager·es comme pour les riverain·es. Il ne s’agit pas d’adopter une approche aveugle qui consisterait à nier l’addiction et les effets néfastes sur la santé, mais de repartir de l’histoire des consommateurs pour les accompagner dans une sortie d’addiction. 

Nous mettrons des salles de consommation à moindre risque comme lieu d’accueil et de contact des usager·es dans les endroits où cela est une solution pertinente. Il s’agit d’une action politique dont l’impulsion doit être nationale et associer constamment les communes. Elle doit s’accompagner de moyens importants dédiés à la médiation dans et à proximité de ces salles. Nous souhaitons également revaloriser les salaires des personnes qui travaillent dans ces salles de consommation.

Proposerez-vous de nouvelles mesures pour limiter l’usage du tabac et de l’alcool ?

Nous souhaitons intensifier la lutte contre la consommation de tabac et d’alcool, premiers facteurs de mortalité prématurée. Cela passe notamment par des politiques de préventions accrues à chaque âge de la scolarité. Nous lutterons contre les organisateurs du trafic de cigarettes et viserons une jeunesse « zéro tabac » en s’opposant aux stratégies des industriels visant les jeunes.

La cocaïne est largement diffusée dans toutes les classes de la société. C’est un problème majeur de violence et de corruption. Que proposez-vous ?

La cocaïne est de plus en plus consommée et correspond à des circuits liés à la criminalité à l’échelle mondiale. Le démantèlement de ces réseaux est une priorité. Le changement de paradigme opéré pour le cannabis a aussi comme avantage de libérer un temps précieux pour les magistrats et les forces de polices. Elles pourront se concentrer sur la lutte contre les trafics illégaux comme la cocaïne.

Notre politique concernant les stupéfiants en général visera la réduction des consommations à risques, sans pour autant en banaliser l’usage. Le ministère de la Santé sera responsable des politiques publiques relatives aux stupéfiants et mettra en place une politique de santé ambitieuse.