Cette comparaison est faite sur la base du discours de Fréjus de Marine Le Pen du dimanche 12 septembre. Ce discours a été présenté comme celui de l’entrée en campagne de la dirigeante d’extrême-droite et du dévoilement de ses premières propositions.
Points de l'AEC n'apparaissant pas
- Marine Le Pen n’ayant pas encore dévoilé de programme de gouvernement, la liste complète des sujets absents serait trop longue. On peut cependant noter une absence totale de propositions en matière de planification écologique, d’emploi et de lutte contre la pauvreté et les inégalités.
Points principaux de désaccord avec l’Avenir en commun
- Privatisation de l’audiovisuel public, sauf pour les Outre-mer. A l’heure de la concentration des médias dans les mains de quelques milliardaires, Marine Le Pen propose de privatiser l’audiovisuel public, le livrant directement aux grandes familles capables de l’acheter. L’Avenir en commun propose au contraire de garantir l’indépendance des médias et la qualité de l’information au travers d’une loi anti-concentration dans les médias
- La baisse des droits de succession et donation. Cela renforcera les inégalités de patrimoine, déjà exorbitantes (10% de la population possède la moitié du patrimoine), là où l’Avenir en commun propose de créer un héritage maximum pour les fortunes les plus importantes
- Marine Le Pen ne précise pas si elle souhaite sortir des traités ou non, qualifiant le débat autour de cette question centrale de « chamaillerie ». Son discours sur la souveraineté nationale se couple à une rhétorique raciste faisant de l’immigration le principal problème de souveraineté de la France vis-à-vis de l’Union Européenne et proposant, au lieu d’un référendum sur la sortie ou non des traités européens, un référendum sur l’immigration
- Pérenniser « la création culturelle » et soutenir « les jeunes créateurs comme le fait David Rachline » Si la formule est peu claire, la référence à la politique menée par le maire RN de Fréjus David Rachline indique clairement un désaccord avec l’Avenir en commun : sa politique se caractérise par des baisses de soutiens aux associations, le soutien clientéliste à des acteurs politiquement proches de la mairie et l’obligation faites aux artistes bénéficiant d’ateliers municipaux de fournir des heures de bénévolat. Parmi les proposition de l’Avenir en commun : porter le budget consacré à l’art, à la culture et à la création à 1% du PIB chaque année ou encore pérenniser le régime des intermittents du spectacle et l’étendre aux professions artistiques précaires
Face à la crise démocratique, convoquer l’Assemblée constituante de la 6e République
L’Avenir en commun et Marine Le Pen divergent sur le rapport à la Ve République, question principale de ce chapitre. Là où Marine Le Pen souhaite protéger le régime, l’Avenir en commun propose de mettre en place une Assemblée constituante pour passer à la VIe République.
Institutions
- Mise en place d’une « proportionnelle juste » (mesure pas très précise, en 2019, elle évoquait “ une prime majoritaire de 30% des sièges pour la liste arrivée en tête et un seuil de 5% des suffrages pour obtenir des élus”, ce qui ne correspond pas à la propositionnelle départementale proposée par l’Avenir en commun
- Mise en place du Référendum d’Initiative Citoyenne (RIC). L’Avenir en commun diverge sur la méthode et l’ambition : il s’agit de convoquer un référendum (article 11) pour engager un processus constituant et passer à la 6e République, et non se contenter d’une réforme de la 5e, qui ne règlera rien
Médias
- Privatisation de l’audiovisuel public, sauf pour les Outre-mer. A l’heure de la concentration des médias dans les mains de quelques milliardaires, Marine Le Pen propose de privatiser l’audiovisuel public, le livrant directement aux grandes familles capables de l’acheter. L’Avenir en commun propose au contraire de garantir l’indépendance des médias et la qualité de l’information au travers d’une loi anti-concentration dans les médias
Laïcité
- Ne pas rétablir « le délit de blasphème pour que les cultes puissent souffrir la critique ». Outre qu’aucun délit de blasphème n’existe en droit français, et que personne n’entend le rétablir dans le champ politique, elle s’inscrit dans la logique défendue par LREM, LR et le RN d’instrumentaliser la laïcité contre une religion
Face au chômage et à l’urgence sociale, partager les richesses, mettre au pas la finance
Les propositions de Marine Le Pen sont extrêmement lacunaires en la matière. Dans son discours, les termes “emploi”, “chômage”, “inégalités” ou encore “pauvreté” sont absents. Elle n’a présenté que deux propositions relatives aux enjeux économiques et sociaux.
Fiscalité
- La baisse des droits de succession et donation. Cela renforcera les inégalités de patrimoine, déjà exorbitantes (10% de la population possède la moitié du patrimoine), là où l’Avenir en commun propose de créer un héritage maximum pour les fortunes les plus importantes
Nationalisations
- Nationalisation des autoroutes pour permettre la régulation des prix des péages. Si cette proposition est présente dans l’Avenir en commun, elle s’inscrit dans une logique plus large de retours sur les privatisations menées ces dernières décennies (Aéroports, Française des Jeux, SNCF, EDF/GDF, etc.), dans l’optique de mener la bifurcation écologique et sociale, ce que ne propose pas Marine Le Pen
Face à la crise climatique, la planification écologique
Les enjeux de planification écologique sont absents des premières propositions de Marine Le Pen.
Sortir des traités européens
Marine Le Pen ne précise pas si elle souhaite sortir des traités ou non, qualifiant le débat autour de cette question centrale de « chamaillerie ». Son discours sur la souveraineté nationale se couple à une rhétorique raciste faisant de l’immigration le principal problème de souveraineté de la France vis-à-vis de l’Union Européenne et proposant, au lieu d’un référendum sur la sortie ou non des traités européens, un référendum sur l’immigration.
Sur le plan écologique et européen, Marine Le Pen ne parle que de « refus des injonctions illégitimes des ONG », ignorant donc complètement les alertes de celles-ci à propos de la situation écologique. Le réchauffement climatique ne constitue pas une préoccupation chez elle.
L’Avenir en commun fonde son discours sur la nécessité de la bifurcation écologique et de la fin du dumping social, rendue impossible par les traités de libre échange européens.
Face à la guerre, instaurer l’indépendance de la France au service de la paix
Les propositions de Marine Le Pen en matière de politique étrangère se limitent à un rejet de l’OTAN, sans cependant proposer d’en sortir complètement. On n’y retrouve pas le développement d’une vision pour la paix ou d’un cadre international de coopération, comme c’est le cas dans l’Avenir en commun.
Paix
- Sortir du commandement intégré de l’OTAN. L’Avenir en commun propose la sortie de l’OTAN, en non uniquement de son commandement intégré. De plus, la logique dans laquelle s’inscrit Marine Le Pen est de permettre à la France de décider “des guerres ou des interventions militaires qu’elle acceptera de mener en vertu de son intérêt national”. Or, l’Avenir en commun s’inscrit dans une réflexion plus large sur la sécurité collective, et propose que la France ne participe pas à des alliances militaires permanentes en dehors du cadre de l’ONU, seule organisation internationale garante de la paix dans le monde.
Face à la grande régression, choisir l’objectif du progrès humain
Le programme de Marine Le Pen ne vise pas à développer le progrès humain et se limite à quelques formules floues.
Culture
- Pérenniser « la création culturelle » et soutenir « les jeunes créateurs comme le fait David Rachline » Si la formule est peu claire, la référence à la politique menée par le maire RN de Fréjus David Rachline indique clairement un désaccord avec l’Avenir en commun : sa politique se caractérise par des baisses de soutiens aux associations, le soutien clientéliste à des acteurs politiquement proches de la mairie et l’obligation faites aux artistes bénéficiant d’ateliers municipaux de fournir des heures de bénévolat. Parmi les proposition de l’Avenir en commun : porter le budget consacré à l’art, à la culture et à la création à 1% du PIB chaque année ou encore pérenniser le régime des intermittents du spectacle et l’étendre aux professions artistiques précaires
Éducation
- Affirmer « la liberté d’enseignement, y compris à domicile » L’Avenir en commun considère que l’école publique doit rester un espace de socialisation comme d’apprentissage, accessible à tous les enfants. Sans plus de précision, la liberté d’enseignement défendue est peu claire, d’autant plus que les propositions de la candidate d’extrême-droite en 2017 remettaient en cause la liberté pédagogique.
Face au déclinisme, porter la France aux frontières de l'Humanité
Les évocations du numérique par Marine Le Pen montre une absence de vision sur le sujet, tandis que les mers et l’espace sont absents.
Numérique
- Conforter « la liberté d’expression des citoyens avec un réseau social libre et gratuit », au travers « d’un contrôle non pas arbitraire mais judiciaire » L’Avenir en commun partage la préoccupation d’une action de la justice sur les réseaux sociaux et non d’un droit de censure accordé aux multinationales. Cependant, l’évocation d’un réseau social libre et gratuit est peu claire : s’agit-il de créer un Facebook public ? De même, la conception de la liberté d’expression de l’extrême-droite s’oppose à celle de l’Avenir en commun : plusieurs élus du RN ont déjà été condamnés pour des publications racistes et négationnistes.