Le manifeste du Temps des communs est né des suites de l’appel dit du « Big Bang », lancé au lendemain des élections européennes de 2019. Il est écrit par des personnalités issues de différentes cultures politiques, notamment écologistes, insoumises, communistes et socialistes, et/ou impliquées dans le mouvement social, la vie intellectuelle, le monde artistique.
Convergences avec l'AEC
Si la forme de manifeste et non de liste de propositions implique une absence de précision de de multiples propositions, on peut y voir des convergences avec l’Avenir en commun dans le constat quant à la situation actuelle. Plusieurs marqueurs de l’Avenir en commun sont partagés :
- Lancer un processus constituant
- En finir avec le libre-échange
- Agir pour la bifurcation écologique
- Réduire le temps de travail et faire la retraite à 60 ans
Points de l'AEC n'apparaissant pas
- Les mesures antiterroristes
- La laïcité
- Le service citoyen
- La refonte de la police nationale
- Les Outre-mer
- Les nationalisations
- Le protectionnisme
- Une stratégie complète face à l’Union européenne
- La Francophonie
- Le sport
- Les addictions et drogues
- L’enfance
- La mer
- L’espace
Désaccords ou nuances avec l'AEC
- L’importance accordée aux assemblées régionales, à la décentralisation et à l’échelle supranationale
- La défiance à l’égard de l’État planificateur
Vivre libres et citoyens
Le manifeste du Temps des communs et l’Avenir en commun convergent sur le point central de ce chapitre, la nécessité d’une Assemblée constituante pour balayer les institutions de la 5e République. La méfiance du Manifeste à l’égard de l’État amène cependant des divergences quant aux institutions et à l’organisation du territoire. Enfin, le manifeste est muet sur les mesures antiterroristes ou de renforcement de la laïcité, sur un éventuel service citoyen, et quasiment muet en ce qui concerne la sécurité (seule mesure évoquée : refonte de l’IGPN).
Démocratie et institutions
Démocratie et institutions
- Engager un processus constituant (même si les modalités ne sont pas précisées)
- Institution d’un référendum d’initiative citoyenne
- Assemblées régionales, décentralisation et échelle supranationale mises en avant (quand l’Avenir en commun privilégie la commune, le département et l’État)
Médias
- Création d’un « Conseil supérieur des médias » chargé de veiller à la démocratisation et au pluralisme de l’information, au respect des règles interdisant les concentrations abusives, ainsi qu’à l’indépendance des journalistes et des rédactions
- Loi contre la concentration économique dans les médias
Sûreté et justice
Sécurité et justice
- Indépendance du parquet
- Refonte de l’IGPN
S'adapter au système de la nature
Le Temps des communs fait de la sobriété, de la solidarité et de la justice sociale des principes structurants pour la transition écologique, de la même façon que l’Avenir en commun. De multiples propositions concrètes le rejoignent : la pérennité des objets et non l’obsolescence programmée, l’interdiction des produits qui nuisent à l’environnement et à la santé, privilégier les productions locales, sortir des énergies carbonées et du nucléaire, entre autres. On note cependant l’absence de termes majeurs comme protectionnisme, règle verte ou planification.
Planification écologique et organisation du pays
Planification
- Mettre en place des indicateurs alternatifs au PIB
- Privilégier les productions locales
- Sortir des énergies carbonées et du nucléaire
Les grands défis de la bifurcation écologique
Consommation
- Questionner la pertinence de certaines productions ostentatoires ou inutiles
- La pérennité des objets doit devenir la norme, et non l’obsolescence programmée
- Interdiction des produits qui nuisent à l’environnement et à la santé
Industrie
- Décroissance de la production automobile et aéronautique
- Organiser la reconversion des secteurs concernés
- Relocaliser certains pans de l’industrie
Protection des biens communs
Biens communs
- Protéger les biens communs comme la santé, la culture, l’éducation, la recherche, les transports du quotidien, mais aussi l’air et l’eau
- Le manifeste voit les biens communs comme une “alternative à l’étatisme” là où l’Avenir en commun défend une protection de ces biens communs par l’État
Unir pour bien vivre
L’esprit du texte concernant les questions économiques et sociales et les mesures évoquées sont globalement compatibles avec l’Avenir en commun. Cependant, le projet développé n’envisage pas les obstacles à surmonter ni les ennemis à affronter. Les moyens de mettre en place les orientations sont peu détaillés. Cela reste par exemple extrêmement flou sur la fiscalité. Nous regrettons par ailleurs l’absence d’utilisation des termes nationalisation et protectionnisme, ainsi que la défiance à l’égard de l’État planificateur.
La vie en état de pandémie permanente
Santé
- Service public de qualité
- Placer l’industrie du médicament sous contrôle public
- Mettre en place une planification sanitaire pour couvrir le territoire en services de santé
Plein emploi
Citoyeneté dans l'entreprise
- Renforcement des droits de contrôle aux salariés
- Élargir les pouvoirs des institutions représentatives des salariés, notamment du Comité d’entreprise
Temps de travail
- Aller vers la semaine de quatre jours
- Créer une sixième semaine de congés payés
Retraites
- Retour de la retraite à 60 ans
Partage des richesses
Fiscalité
- Renforcer la progressivité de l’impôt
- Augmenter le nombre de tranches
- Taxer significativement les transactions financières et le patrimoine
- Majorer les droits de succession
- Développer une fiscalité environnementale (à condition qu’elle ne soit pas anti-pauvres)
Privatisations
- Bloquer les projets de privatisation
Humaniser les personnes et la société
Les objectifs sont partagés concernant le progrès humain : favoriser la gratuité et investir massivement dans les services publics. Les propositions sont peu précises dans la plupart des cas. Le sport et l’enfance ne sont pas évoqués.
Égalité
Inégalités femmes-hommes
- Imposer l’égalité entre les femmes et les hommes
- Durcir les sanctions contre les entreprises qui ne respectent pas l’égalité salariale
- Revaloriser les professions aujourd’hui majoritairement féminisées
République universelle
- Carte de séjour de 10 ans comme titre de séjour de référence
- Ouvrir l’adoption à tous les couples, mariés ou non
- Lutter contre toutes les discriminations
Émancipation
Culture
- Permettre l’accès de tous à la culture
- Nécessité de donner goût à l’art
- Défendre le régime des intermittents du spectacle
Éducation et formation
Éducation
- Dénonciation des moyens insuffisants dans l’éducation
- Défense de l’école laïque et républicaine
- Nécessité de revaloriser les salaires des enseignants
Enseignement supérieur et recherche
- Refus de la la compétition entre chercheurs et de la sélection
- Mettre en place une véritable démocratie scientifique et technique
Ordonner le monde
Ce texte fait le constat que le règne actuel d’un libre-échange climaticide est néfaste. Il s’appuie sur la concept de “mondialité” emprunté à Edouard Glissant pour affirmer la nécessité d’une “mise en commun respectueuse des différences qui s’oppose au nivelage par le bas, à l’anti-diversité et à l’uniformisation qu’est la mondialisation néolibérale”. Ce constat, ainsi que les propositions esquissées (sortie de l’Otan, en finir avec les traités de libre-échange, démocratisation de l’ONU) sont compatibles avec l’Avenir en commun. Nous regrettons le flou de certaines propositions et l’absence de réflexions sur la Défense de la France et la francophonie. Sur l’Europe, less positions développées sont similaires à celles de l’Avenir en commun. Il convient de noter que l’Allemagne et sa position prédominante ne sont jamais mentionnées et que les critiques sont principalement adressées au Conseil européen et non à la Commission. Une stratégie de rupture proche de notre Plan A est développée mais notre perspective d’un Plan B est absente. La question d’une validation du résultat des négociations par référendum est absente, et le texte invoque seulement le besoin d’une « mobilisation citoyenne ». Par ailleurs, hormis sur les questions budgétaires, aucun élément précis ou concret n’est donné quant aux politiques européennes avec lesquelles il faut rompre (la forme synthétique du document l’explique).
Europe
Plan A
- Nécessité de ruptures gouvernementales au niveau national
- Bras de fer face aux multinationales et aux États ultralibéraux
- Mesures unilatérales de protection
Une diplomatie altermondialiste pour la paix
ONU et organisations internationales
- Démocratiser l’ONU
Nouvelles coopérations
- Mettre un terme aux traités de libre-échange
- Repenser l’aide publique au développement
Indépendance de la France
- Sortir de l’OTAN
- Respecter l’autodétermination des peuples
Migrations
- Bataille pour le droit d’asile et d’accueil
- Refus des conditions indécentes et liberticides
- Faire du droit d’asile un droit opposable
Nouvelles frontières de l’humanité
Le numérique est perçu, dans ce Manifeste, comme une potentialité d’élargissement du champ des communs. Néanmoins, aucune proposition précise n’est formulée pour y parvenir. La Mer et l’Espace sont absents du document.