Tout au long de la campagne, de nombreuses organisations (associations, syndicats, collectifs, etc) sollicitent Jean-Luc Mélenchon pour qu’il détaille ses propositions sur des enjeux qui les concernent. L’équipe du programme et les groupes thématiques répondent, pour chacune de ces demandes, en développant des points précis de notre programme l’Avenir en commun.

Agir ensemble contre le chômage est un mouvement français de lutte contre le chômage et un réseau de collectifs destiné à susciter des débats sur le chômage.

Depuis des décennies le chômage de masse fragilise nos sociétés et pousse vers la misère nombre de nos concitoyens. Quelles seront les solutions mises en œuvre dans le nouveau quinquennat pour éradiquer ce fléau ?

Madame, Monsieur, 

Merci de votre sollicitation et de votre intérêt quant à nos propositions.

Notre stratégie est celle d’une relance durable de l’économie au service de l’intérêt général humain. 

Pour cela, nous déclencherons un choc de demande aux deux bouts de la chaîne. 

D’un côté, en relançant la consommation populaire. Nous le ferons par la création d’emplois dans le secteur public, l’augmentation des salaires, le partage du temps de travail et la lutte contre la précarité. Si chacune et chacun dispose d’un revenu suffisant pour consommer ce dont il a besoin, ce sont des recettes fiscales immédiates pour l’État, des cotisations sociales pour la sécurité sociale, et aussi des rentrées supplémentaires pour les entreprises ! On instaure ainsi un cercle vertueux qui entraînera des créations d’emplois. 

De l’autre, en relançant l’activité par l’investissement dans la bifurcation écologique. L’État fixera une direction en planifiant la transformation de notre modèle de production. Une telle transformation impose des investissements massifs. Nous lancerons un plan de 200 milliards d’euros d’investissements écologiquement et socialement utiles, qui rempliront les carnets de commande des entreprises pour des années, leur donneront de la visibilité et leur permettront à la fois d’investir et d’embaucher.

Cette stratégie conduira à la création de millions d’emplois. 

Mais le plein emploi ne veut pas dire que toute forme de chômage disparaît. Les périodes de chômage continueront d’exister, entre deux contrats, pour les travailleurs et travailleuses en reconversion, pour les personnes qui rencontrent des difficultés sociales et professionnelles particulières. 

Nous mettrons fin à la culpabilisation absurde et cruelle des chômeur·ses, en reconstruisant une assurance chômage protectrice du revenu et des droits des travailleur·ses et en mettant en place une sécurité sociale professionnelle. 

Notre gouvernement sera garant du droit à l’emploi inscrit dans notre Constitution. En complément des millions d’emplois publics et privés créés, nous instituerons une garantie d’emploi pour que tout·e chômeur·se de longue durée puisse se voir proposer une embauche dans un secteur utile.

Les réformes que nous souhaitons mettre en œuvre dans le cadre de cette stratégie s’inscrivent dans la même perspective que vos propositions. 

C’est notamment le cas de la réduction du temps de travail dans la semaine, dans l’année et dans la vie. Les 35 heures ont créé 350 000 emplois. Peu de mesures peuvent en dire autant ! Seulement, elles ont été affaiblies par les lois de casse du droit du travail. Résultat, nous travaillons en moyenne plus de 37 heures par semaine en emploi, alors que des millions de chômeur·ses cherchent un poste.

La relance de l’activité doit passer par le partage du temps de travail. Travailler moins pour travailler toutes et tous. 

Nous rétablirons immédiatement les 35 heures comme norme et les rendrons effectives en prévoyant dans le code du travail une majoration plus importante des heures supplémentaires : 25 % pour les quatre premières et 50 % au-delà. En mettant fin au contournement légalisé de la durée du travail, cette mesure créera immédiatement des milliers d’emplois.

Nous généraliserons la sixième semaine de congés payés et allongerons la durée des congés parentaux pour qu’elle soit identique pour les deux parents.

La réduction du temps de travail est aussi un combat pour le progrès social. Parce que nous travaillons moins, nous vivons plus longtemps et en meilleure santé. Nous pouvons nous dédier à nos proches, nos projets associatifs, artistiques ou politiques. Nous devons bâtir une société du temps choisi.

L’augmentation de la productivité au travail rend largement possible le passage aux 32 heures. De nombreuses entreprises en France et de nombreux autres pays le font déjà. 

Pour les métiers pénibles et le travail de nuit, les 32 heures deviendront immédiatement la norme. Au-delà, nous convoquerons une conférence nationale sur le partage du temps de travail et l’impact du progrès technologique. Cette conférence rassemblera les organisations syndicales, salariales et patronales et des chercheur·ses. Son objectif principal sera de décider des modalités et du calendrier de la transition vers les 32 heures, mais également d’évaluer l’impact du progrès technologique sur le travail et de comment rendre effectif le droit à la déconnexion. 

Les conclusions de cette conférence guideront ainsi l’action du gouvernement et le calendrier des projets de loi qu’il soumettra au Parlement.

Nous partageons également votre combat pour que chacune et chacun puisse vivre dignement. L’urgence pour permettre à toutes les personnes vivant sous le seuil de pauvreté d’en sortir est de leur donner rapidement et concrètement les moyens financiers de vivre décemment. 

Ainsi, dès le début du mandat, notre gouvernement proposera au Parlement la création d’une garantie d’autonomie.

La garantie d’autonomie complètera les revenus de chacune et chacun pour permettre à toute personne résidant en France dont les revenus sont inférieurs au seuil de pauvreté d’arriver à ce niveau de revenus, soit 1063 euros pour une personne seule actuellement. 

Elle complètera ainsi les minima sociaux actuels inférieurs au seuil de pauvreté (revenu de solidarité active [RSA], allocation de solidarité spécifique [ASS]…) pour assurer que personne ne vive sous le seuil de pauvreté.

Elle sera accessible dès 18 ans pour les personnes indépendantes fiscalement et dès 16 ans pour les élèves de l’enseignement professionnel. Elle sera revalorisée chaque année au montant du seuil de pauvreté publié par l’INSEE.

Le minimum vieillesse (allocation de solidarité aux personnes âgées [ASPA]) sera également porté au niveau du seuil de pauvreté, pour qu’aucun·e retraité·e ne puisse continuer à vivre sous le seuil de pauvreté.

L’allocation aux adultes handicapés (AAH) sera déconjugalisée et portée au niveau du SMIC revalorisé, soit 1400 euros net par mois.

Ce sont ainsi plus de dix millions de personnes qui bénéficient immédiatement d’une augmentation de leur niveau de vie et sortent de la pauvreté monétaire.

À contre-courant des politiques anti-pauvres menées depuis des décennies, il s’agit ainsi de remettre les droits sociaux et la dignité au cœur des politiques de lutte contre la pauvreté. La République sociale garantit aux citoyennes et citoyens les moyens d’exister. 

Le versement de la garantie d’autonomie se fera sans contrepartie. La pauvreté n’est pas un choix de facilité que certains feraient par fainéantise : elle est une violence subie, imposée par un système qui privilégie le profit de quelques-uns à la vie du plus grand nombre. L’absence de contrepartie permettra aux personnes éligibles qui n’osent pas actuellement franchir le pas de la solliciter. 

À l’horizon 2023, la garantie d’autonomie viendra remplacer le RSA : le versement de la garantie d’autonomie sera confié à l’État. Il s’agira ainsi de lutter contre les inégalités territoriales d’accès actuelles entre départements. La centralisation permettra aussi de rendre le versement de la garantie d’autonomie automatique, sans que les potentiel·les bénéficiaires n’aient aucune démarche à faire pour en bénéficier, offrant ainsi une solution efficace au non-recours : un tiers des foyers éligibles au RSA n’y recourt pas.

Enfin, nous partageons votre combat pour le droit au logement. Nous ne visons rien d’autre que l’éradication du sans-abrisme dans notre pays. Le gouvernement de l’Union populaire comprendra un ou une haut-commissaire à l’éradication du sans-abrisme.

Le premier objectif fixé par le gouvernement sera de mettre à l’abri, d’ici la fin de l’année 2022, toutes les personnes qui dorment à la rue. Cela nécessitera de trouver des solutions rapidement mobilisables pour les dizaines de milliers d’hommes, de femmes et d’enfants qui dorment dehors. Le plus urgent sera de fournir à ces personnes un toit, un endroit chaud, des lits, des sanitaires, une aide alimentaire, un accès aux soins et un diagnostic social, sans les séparer de leurs proches.

Cet objectif de très court terme est complémentaire à la philosophie globale de notre politique : fournir à chaque ménage un logement pérenne. Dès le début de mandat, ces deux stratégies s’alimenteront. En effet, les places d’hébergement d’urgence sont aujourd’hui engorgées du fait de la difficulté pour les personnes accueillies d’accéder à un logement pérenne. L’accès au logement libérera rapidement des places d’urgence, contribuant ainsi à respecter notre engagement de ne plus laisser personne dormir dehors dès l’hiver 2022.  Notre plan « zéro sans-abri » est donc inédit à la fois dans le montant des moyens mobilisés (3,7 milliards d’euros) et dans la volonté d’articuler réponse à l’urgence et accès au logement pérenne.

Pour plus de détails quant à nos propositions, n’hésitez pas à vous référer à :

Vous retrouverez ces documents en ligne sur notre site melenchon2022.fr