Tout au long de la campagne, de nombreuses organisations (associations, syndicats, collectifs, etc) sollicitent Jean-Luc Mélenchon pour qu’il détaille ses propositions sur des enjeux qui les concernent. L’équipe du programme et les groupes thématiques répondent, pour chacune de ces demandes, en développant des points précis de notre programme l’Avenir en commun.

Consommation Logement Cadre de vie ou CLCV est une association française de consommateurs et d’usagers. Elle est l’une des quinze associations de consommateurs reconnues comme représentatives par les pouvoirs publics en France.

Quelles mesures spécifiques compteriez-vous prendre pour mieux protéger les consommateurs particuliers des fluctuations des marchés internationaux de l’énergie (électricité, gaz et pétrole) ?

L’énergie est un bien commun. Son accaparement par des intérêts privés conduit à une dégradation du système, à un surcoût pour les usager·es et à une perte de contrôle par la puissance publique de la politique énergétique. La planification écologique passe ainsi par le rétablissement d’un pôle public de l’énergie.

Nous reviendrons donc sur la libéralisation du secteur énergétique en abrogeant la loi NOME (Nouvelle organisation du marché de l’électricité), en refusant la privatisation des barrages hydroélectriques et le plan Hercule de démantèlement d’EDF, en repensant la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) et en évitant les écueils des anciens monopoles publics. Il s’agira en particulier d’intégrer des formes de décentralisation et de garantir le contrôle citoyen aux différents niveaux de prise de décision. Cela permettra de favoriser partout sur le territoire le recours aux diverses sources d’énergie les plus adaptées aux conditions météorologiques et géographiques visant à répondre aux besoins et usages réels (en empêchant la méthanisation à outrance notamment).

Le prix de l’énergie ne doit pas être déterminé par le marché. À court terme, il faut bloquer les prix dans le cadre d’une loi d’urgence sociale. À moyen terme, ce prix doit bénéficier d’une garantie de stabilité dans le temps et répondre à des objectifs politiques complexes tels que la péréquation tarifaire, l’incitation aux économies d’énergie, l’accès de tou·tes à l’énergie, le financement de filières moins polluantes, etc. Ce doit donc être un tarif défini par la représentation nationale.

Il s’agira notamment d’interdire les coupures, mettre en place la gratuité des quantités d’énergie indispensables à la vie digne (chauffage, cuisson…) et une tarification progressive incitant aux économies d’énergie

Concernant l’électricité, seul secteur énergétique où notre pays est largement producteur, la régulation transitionnelle de la loi Nome prend fin en 2025. Quelle organisation de ce secteur préconisez-vous pour garantir au consommateur les bénéfices de la production domestique, assurer la viabilité économique de la filière et permettre d’atteindre les objectifs de la transition énergétique?

Voir réponse à la question précédente.

Sur les questions des sources de notre approvisionnement électrique et de l’organisation du secteur de l’électricité (concurrence, monopole par exemple), envisageriez-vous de consulter les français par référendum? Ou par un autre procédé consultatif?

Comme expliqué plus haut, nous prévoyons de sortir la production et la distribution de la concurrence dans le cadre du pôle public de l’énergie. Cela fait partie de notre programme, il ne s’agit pas de remettre cette stratégie en cause.

Pour ce qui est de la production, nous voulons atteindre 100 % d’énergies renouvelables à l’horizon 2050. Nous proposons pour cela une méthode : la planification écologique. Pour cela, la méthode de la planification écologique part des besoins de la population, définis collectivement et démocratiquement. Elle se réapproprie le temps long et permet d’engager collectivement les immenses chantiers qui nous attendent.

Ce processus sera organisé par le Conseil à la planification écologique. Ce dernier assure d’abord le caractère démocratique du processus de planification. La planification écologique doit en effet émaner des Français et des Françaises : c’est cette irruption citoyenne dans les débats qui permet de réfléchir ensemble et de définir collectivement les besoins. Pour que cela soit possible, une vaste diversité des modes de participation citoyenne est mise en place. 

Les communes en sont le premier échelon : à travers l’histoire de notre République, elles ont toujours tenu ce rôle de cellule de base de notre démocratie. Ce sont elles qui constituent le premier lieu de l’irruption citoyenne.

Partout, elles ont la responsabilité d’organiser des débats citoyens. Ces débats sont ouverts à toutes et tous : ils sont annoncés par voie d’affichage, courrier et sur internet et retransmis numériquement. Chaque commune en organise plusieurs, dans des quartiers, horaires et jours différents, permettant la participation du plus grand nombre et dans le souci de la diversité sociale. Les délégué·es départementaux·les conseillent et assistent les communes dans cet objectif.

Des comptes-rendus de ces débats, précisant les points de consensus et de désaccord, des revendications sont réalisés par des garants indépendants, nommés par la commission nationale du débat public. Ils sont rendus publics sur le site de chaque commune et celui du Conseil.

Sur la base des synthèses effectuées par les commissions thématiques du Conseil, des questionnaires sont envoyés à tou·tes les Français·es pour qu’ils émettent leur avis sur les propositions. Le résultat de ces questionnaires sera rendu intégralement public.

Parce que la bifurcation écologique nécessite des mutations profondes, complexes et de long terme dans tous les secteurs d’activité, elle doit impliquer l’ensemble des acteurs et actrices économiques et sociaux·les et s’appuyer sur l’expression de propositions, intérêts et points de vue divergents.

Le Conseil à la planification écologique est ainsi doté de commissions thématiques par secteur, qui rassemblent les acteurs et actrices organisé·es de la société : les branches professionnelles et les syndicats de chacune de ces branches ; les organisations non gouvernementales (ONG) ; les associations (de consommateur·rices, d’usager·es, environnementales..) ; des chercheur·ses issu·es de toutes les disciplines concernées ; les représentants des collectivités territoriales ; et de citoyen·nes tiré·es au sort.

Ces commissions assurent, avec le processus de débat citoyen, le caractère collectif et transparent de l’élaboration, du suivi et de l’évaluation du plan.

Des représentant·es des différentes directions centrales, des opérateurs de l’État (Météo-France, Office national des forêts [ONF], Office français de la biodiversité [OFB], Centre d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement [Cerema], agences de l’eau…), de l’Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE), de la Banque de France notamment viennent en appui dans ces commissions thématiques.

Pour leur travail, ces commissions s’appuient les comptes-rendus des débats citoyens, dont des synthèses thématiques sont réalisées par le Conseil à la planification écologique. 

Les commissions thématiques élaborent ainsi des propositions d’objectifs sectoriels, de mesures législatives ou réglementaires, de dispositifs d’accompagnement et de soutien, d’investissements à réaliser. Elles évaluent également les moyens humains, financiers et de qualification nécessaires à la mise en œuvre du plan.

Les conclusions de leurs échanges sont rendues publiques. 

Les propositions issues des débats citoyens et des commissions thématiques sont la base pour l’élaboration d’une loi de planification écologique, pilotée par le Conseil à la planification écologique en associant les services de l’ensemble des ministères.

Quelles mesures compteriez-vous prendre pour favoriser l’efficacité énergétique du transport et du logement des ménages?

Pour ce qui est du logement : 

Pour ce qui est du transport : 

La planification écologique suppose une réorganisation profonde du système existant, traçant une stratégie cohérente et de long terme au service des besoins de la France, de ses territoires urbains, périurbains et ruraux. 

Aujourd’hui, la majorité des déplacements en voiture ne se voit proposer aucune alternative crédible en transport en commun, en mode doux ou à pied ou à vélo. Il est nécessaire de diminuer le recours à la voiture individuelle, et pour cela, de réduire les distances parcourues. Or, la majorité des déplacements le sont pour des motifs contraints : aller travailler, étudier, faire ses courses. Cela impose l’aménagement des villes en quartiers accessibles à pied, à vélo et en transport en commun. Pour cela, nous proposons les mesures suivantes :

L’urgence climatique impose de décarboner massivement et rapidement le secteur des transports. L’électrification des véhicules ne doit pas créer un nouveau séparatisme social. À court terme, nous mettrons en oeuvre les mesures suivantes :

En dehors de quelques axes, le réseau ferroviaire français est aujourd’hui à l’abandon : fermetures de lignes, allongements de temps de parcours, gares peu qualitatives. Nous mettrons en œuvre un grand plan de régénération du réseau ferré existant.

Nous interdirons toute fermeture de ligne et rouvrirons des milliers de kilomètres de liaisons dans la décennie à venir : à terme, toutes les préfectures et sous-préfectures de France seront desservies par le ferroviaire. 

L’infrastructure ferroviaire n’est utile qu’associée à une offre cadencée et robuste, suffisamment fréquente pour être attractive, sur le modèle suisse. Nous augmenterons les fréquences en concertation avec les élu·es, les syndicats et les associations d’usager·es via des comités de lignes. 

Le TGV ne peut être le seul mode de déplacement de longue distance. Nous introduirons des trains classiques Intercités et des trains de nuit sur les relations longues distances, mêmes desservies par le TGV, à des prix attractifs, fixes et à réservation facultative.

Nous adopterons un vaste plan pour le fret ferroviaire qui reposera sur :