Collectif d’associations de protection de la biodiversité (FNE, LPO, ASPAS, etc.)

Tout au long de la campagne, de nombreuses organisations (associations, syndicats, collectifs, etc) sollicitent Jean-Luc Mélenchon pour qu’il détaille ses propositions sur des enjeux qui les concernent. L’équipe du programme et les groupes thématiques répondent, pour chacune de ces demandes, en développant des points précis de notre programme l’Avenir en commun.

Huits associations se sont regroupées pour nous interroger sur nos engagements pour la biodiversité (Association pour la Protection des Animaux Sauvages, France Nature Environnement, Humanité et Biodiversité, Ligue pour la Protection des Oiseaux, Office pour les Insectes et leur Environnement, Société Française pour le Droit de l’Environnement, Société Herpétologique Française, Société Nationale de Protection de la Nature).

Merci dans cette perspective de nous indiquer les mesures, actions et engagements précis, chiffrés, phasés et mesurables que vous projetez, pour répondre aux attentes très majoritaires des Français sur les sujets ainsi évoqués.

Concernant les pesticides, nous interdirons immédiatement les néonicotinoïdes et le glyphosate. Cette interdiction s’appliquera également par arrêté ministériel aux produits importés, comme cela avait été prévu lors de l’interdiction du diméthoate sur les cerises. Nous instaurerons ainsi un protectionnisme écologique qui favorise la bifurcation écologique de l’agriculture dans le monde entier. Nous établirons également des zones-tampons excluant l’usage de pesticides à moins de 200 mètres des habitations et des lieux recevant du public, tels les écoles et les hôpitaux. 

Pour développer et rendre accessible au plus grand nombre les produits issus de l’agriculture biologique, nous consacrons 1,1 milliard d’euros par an — contre 550 millions aujourd’hui — à l’agriculture biologique au travers d’une augmentation des aides à la conversion à l’agriculture biologique et de l’éco-régime agriculture biologique, c’est-à-dire une aide au maintien en bio.

Nous triplerons également le budget des mesures agroenvironnementales et climatiques, passant de 260 à 780 millions. Une partie de l’éco-régime hors bio sera consacré à l’amélioration du bien-être animal et à la sortie progressive de l’élevage industriel. Ces financements permettront de développer rapidement et massivement l’agriculture écologique et paysanne.

La restauration collective étant un levier majeur de la transformation agricole, nous planifierons la transition vers une restauration collective 100 % biologique et locale, avec une option végétarienne quotidienne et un menu hebdomadaire végétarien pour tous.
Enfin, à travers la Règle verte (ne pas prendre plus à la nature qu’elle ne peut reconstituer) que nous inscrirons dans la nouvelle Constitution, nous ferons entrer dans le droit français l’objectif contraignant d’un système agricole 100 % biologique au plus tard en 2050. 

Nous changerons la définition française de la pêche artisanale (actuellement celle-ci intègre les bateaux de moins de 25 mètres avec armateur embarqué) : elle doit s’aligner sur l’acceptation internationale c’est-à-dire un patron embarqué sur un bateau de moins de 12 mètres utilisant des engins « dormants » (immobiles ou en dérive). Nous accompagnerons les pêcheurs pour trouver des solutions afin d’éviter les prises accidentelles  qui déciment la biodiversité. Nous mettrons également en place une période de repos biologique, sur la zone côtière, pendant la période de reproduction de certaines espèces de poissons et interdirons tout commerce d’ailerons.

Nous estimons également qu’il faudra diviser par deux la consommation moyenne de poissons en France. D’une manière générale, nous portons l’objectif d’une réduction de 50% de la consommation de protéines d’origine animale via une politique publique ambitieuse : augmentation drastique des aides couplées de la PAC pour la production de légumes et de légumes secs pour la consommation humaine, développement de l’algoculture, menus végétariens dans la restauration collective (voir plus haut), formation des chefs cuisiniers de la restauration collective comme du privé à la cuisine végétale, formation des professionnels de santé aux régimes végétalien et végétarien, politique publique d’information et d’éducation nutritionnelle et écologique, encadrement de la publicité, etc.

Dans le cadre de la bifurcation écologique de l’énergie, nous interdirons l’exploration et l’exploitation des hydrocarbures offshore dans les eaux territoriales françaises.
Nous promouvrons également l’installation de passages à petite faune et à grande faune sur le réseau routier et ferroviaire, ainsi que l’installation de détecteurs de faune, comme cela a été fait en Isère par exemple.

Nous réviserons la liste des espèces chassables, interdirons la chasse des espèces dont l’équilibre est menacé (liste rouge de l’UICN) et n’autoriserons plus de dérogation pour les espèces protégées.
Nous supprimerons aussi le principe de liste nationale déterminant les “espèces susceptibles d’occasionner des dégâts” (ESOD), fixée tous les trois ans par le ministère de l’Ecologie, pour y substituer une véritable approche territorialisée avec évaluation des populations et des dégâts à une échelle locale (département par exemple).

Concernant la protection des grands prédateurs en France, nous organiserons et soutiendrons tout d’abord une véritable étude sur les grands prédateurs : suivi des populations, études des besoins, comportements et habitudes… Il importe de mieux les comprendre pour pouvoir déterminer les règles d’une bonne cohabitation garantissant à la fois la préservation de ces animaux et la sécurité de tous sur le territoire.

Pour assurer cette cohabitation avec les grands prédateurs, nous accompagnerons ensuite la protection des troupeaux dans les zones de vie des grands prédateurs (triptyque : berger, chien de protection, clôture électrique), et contrôlerons les installations et les conditions sanitaires des animaux avant montée aux estives, puis nous conditionnerons l’indemnisation au respect de ces mesures.

Les animaux sauvages vivant à l’état de liberté sont des animaux sensibles comme les autres. C’est pourquoi nous interdirons les chasses dites cruelles (vénerie sous terre, chasse à courre, pièges tuants et mutilants, etc.).

De même, pour préserver les écosystèmes marins et permettre la restauration de la biodiversité marine, nous développerons les aires marines protégées pour protéger ainsi au moins 30 % du territoire maritime français, majoritairement en réserves intégrales. Nous réserverons aussi la notion d’aire marine protégée (AMP) aux zones excluant toute activité industrielle et interdisant toute extraction ou capture. Nous laisserons aussi, au niveau national, 25 % de la surface de la forêt française en libre évolution.

Enfin, nous intégrerons de manière générale l’enjeu écologique dans les programmes de la maternelle au lycée et introduirons de nouveaux enseignements pratiques. Notamment, nous incluerons dans les programmes scolaires l’apprentissage de l’éthique animale, incluant outils pédagogiques ludiques et sorties scolaires, pour sensibiliser les enfants à l’éthologie et favoriser le lien avec les animaux.

À l’inverse, nous interdirons strictement toute intervention des interprofessions agro-industrielles et des fédérations de chasse dans les écoles (intervention physique comme diffusion de matériel pédagogique).

Nous développerons aussi les « classes de mer » incluant une pratique de la voile en même temps que la connaissance du milieu marin avec l’objectif que chaque enfant soit initié et sensibilisé aux questions maritimes au moins une fois au cours de sa scolarité. Nous renforcerons d’une manière générale la place des questions marines et maritimes dans les programmes scolaires (technologie, biologie, géographie mais aussi arts, littérature et histoire).