Collectif des maires anti-pesticides

Tout au long de la campagne, de nombreuses organisations (associations, syndicats, collectifs, etc) sollicitent Jean-Luc Mélenchon pour qu’il détaille ses propositions sur des enjeux qui les concernent. L’équipe du programme et les groupes thématiques répondent, pour chacune de ces demandes, en développant des points précis de notre programme l’Avenir en commun.

Les membres du Collectif des Maires anti-pesticides sont des élus locaux (maires, adjoints, conseillers), d’anciens élus, des élus de la République et des instances communautaires, tous engagés pour préserver la santé des citoyens au sein des communes et territoires.

Face à ce problème de santé publique que comptez-vous faire pour :

Retirer du marché les pesticides de synthèse ?

Nous interdirons immédiatement les pesticides les plus dangereux pour la santé humaine et pour l’environnement, notamment les néonicotinoïdes, le glyphosate et les fongicides SDHI. Ces normes s’appliqueront également aux produits importés, y compris au sein de l’Union européenne, comme cela avait été le cas pour le diméthoate sur les cerises. À l’horizon 2030, nous fixons pour objectif d’atteindre au moins une réduction de l’utilisation des engrais et des pesticides chimiques de synthèse de 50 %, y compris par leur taxation croissante au cours du temps via la redevance sur les pollutions diffuses et sur l’utilisation des intrants. 

Nous établirons également des zones-tampons excluant l’usage de pesticides à moins de 200 mètres des habitations et des lieux recevant du public, tels les écoles et les hôpitaux.

En outre, nous réviserons le processus d’autorisation des pesticides pour garantir que la toxicité à long terme des formulations complètes de pesticides soit évaluée.

Nous fixons le cap d’une agriculture 100 % biologique au plus tard en 2050. Nous planifierons également l’augmentation des surfaces en infrastructures agroécologiques et nous interdirons tous les OGM, y compris les « OGM cachés » (variétés rendues tolérantes aux herbicides issues de mutagenèse in vitro…) et les nouvelles techniques génomiques (NBT).

Dans quels délais ?

  • Interdiction du glyphosate, des néonicotinoïdes et des fongicides SDHI : immédiatement
  • Réduction d’au moins 50 % de l’utilisation des pesticides chimiques de synthèse : au plus tard en 2030
  • Agriculture 100 % biologique : au plus tard en 2050

Quelles modalités d’aide envisagez-vous pour les agriculteurs et leurs filières ?

La bifurcation vers une agriculture écologique et paysanne doit être planifiée. Cette planification doit associer l’ensemble des filières, les agriculteur·rices et leurs représentant·es. Elle doit intégrer l’ensemble des dimensions : adaptation des contenus et développement des capacités de formation, aides à l’installation, aides et accompagnement à la conversion et à la reconversion, soutien à la recherche publique notamment.

Il s’agit d’abord de garantir des prix rémunérateurs aux agriculteur·rices. Pour cela, nous instaurerons des prix planchers et interdirons les ventes à perte. Les prix alimentaires seront encadrés par des prix maximaux établis par un coefficient multiplicateur, limitant ainsi les marges de la grande distribution. 

Nous faciliterons les installations en réformant l’accès au foncier (réforme des SAFER/CDOA, comprenant une réforme de la gouvernance, un renforcement des capacités de portage foncier et le conditionnement des nouvelles autorisations d’exploiter lors d’un projet d’installation, d’agrandissement par location, d’achat de terres ou de transferts de parts d’une société à une surface maximale d’exploitation par actif et par type de production). 

Nous protégerons les agriculteur·rices de la concurrence déloyale en appliquant l’ensemble de nos normes de production aux produits importés, y compris au sein de l’Union européenne : par exemple, l’interdiction du glyphosate ou l’interdiction de l’élevage en cages s’appliquera également aux produits importés.

Nous soutiendrons également les agriculteurs dans la transition agro-écologique par une transformation radicale de la Politique agricole commune : nous engagerons la sortie du système actuel d’aides à l’hectare pour aller vers un système de contrats de transition agro-écologique et de paiements pour services environnementaux et spécifiques (installation, projets territoriaux…) à l’actif. 

À court terme, nous doublerons le budget réservé à l’agriculture biologique (en le portant à 1,1 milliard d’euros par an, répartis à parts égales entre les aides à la conversion et les éco-régimes), triplerons le budget réservé aux mesures agro-environnementales et climatiques (le portant à 780 millions/an), doublerons le budget consacré au paiement redistributif (1,35 milliards), et triplerons le budget réservé à l’installation en le fléchant sur les projets agro-écologiques et contribuant à l’autonomie alimentaire des territoires (450 millions). Nous maintiendrons le budget réservé aux indemnités compensatrices de handicap naturel. Notre plan alimentation détaille ces points précisément.

Une aide à la transition pour les éleveurs industriels se convertissant à l’élevage paysan ou aux cultures végétales sera également budgétée en loi de finance (500 millions d’euros). 

Nous créerons une caisse de défaisance pour reprendre la dette agricole de celles et ceux qui s’engagent, au travers d’un contrat de transition, à passer au 100 % bio.

Nous soutiendrons également la transition agro-écologique en agissant sur la demande, par le renforcement du pouvoir d’achat (SMIC à 1400 € net – ce qui tirera l’ensemble des salaires jusqu’à 2 000 euros vers le haut, soit 56 % des Français·es -, retraite minimale à 1400 € net, garantie d’autonomie à 1063 € net, revalorisation du point d’indice des fonctionnaires, gratuité des cantines scolaires, blocage des prix de produits de première nécessité, notamment en s’inspirant du bouclier qualité-prix en vigueur dans les Outre-mer…). 

Nous porterons l’alimentation dans la restauration collective progressivement à 100 % biologique et locale, ce qui offrira des débouchés immenses. Nous expérimenterons une garantie universelle d’accès à des aliments choisis, premier jalon d’une sécurité sociale de l’alimentation. Il s’agit de permettre à chacune et à chacun d’accéder à des aliments, notamment des fruits et légumes, de saison et bio, dans des magasins de proximité publics ou associatifs. Ces magasins de proximité se fournissent auprès d’un réseau de producteurs locaux et bio qui choisissent de s’engager dans cette démarche : ils leur garantissent ainsi des débouchés stables et des prix rémunérateurs. Le paiement dans l’ensemble de ces magasins se fait par une carte par foyer, valable dans tous les magasins. Ces cartes peuvent notamment être rechargées par les Centres communaux d’action sociale (CCAS) et tous les autres services sociaux pour pouvoir y intégrer leurs aides alimentaires.

Quels accompagnement allez-vous mettre en œuvre auprès des entreprises de gestion des espaces verts ?

Pour la gestion des espaces verts publics, nous souhaitons privilégier et encourager la gestion en régie. Le renforcement des dotations, en particulier pour les territoires et régions en retard de développement économique et social, aidera l’ensemble des collectivités à être en capacité d’accompagner la transition. 

Aujourd’hui, les inégalités se creusent entre les communes qui ont les moyens de se doter des outils et des personnels nécessaires à l’entretien raisonné et respectueux de l’environnement des espaces verts, et les communes pauvres qui sont en difficulté financière. Une nouvelle fois, cela fait peser sur les plus pauvres les conséquences des pesticides. Nous mettrons fin à cette inégalité.

Il faut planifier la bifurcation et non l’improviser pour mieux la retarder comme cela a été fait ces dernières années. Cela suppose par exemple de mettre en œuvre tout de suite les formations initiales et continues des salarié·es et agent·es dont les métiers sont amenés à évoluer du fait de la bifurcation écologique, en adaptant leurs capacités de formation aux besoins anticipés. 

Ainsi, la réduction d’au moins 50 % de l’utilisation des pesticides chimiques de synthèse d’ici 2030 au plus tard nécessite que l’État coordonne la mise en place des formations continues nécessaires pour les agent·es et salarié·es en charge de l’entretien des espaces verts, en adaptant leurs contenus. Les méthodes écologiques étant davantage intensives en travail humain, il faut également anticiper l’augmentation des capacités de formation initiale.

La bifurcation écologique supposera également de mettre fin à certaines activités nocives pour l’environnement, tandis que de nouvelles seront nécessaires. Dès lors, l’État doit anticiper la reconversion des salarié·es en mettant en place, avec les filières concerné·es, des plans de reconversion, incluant notamment cellules d’accompagnement, congés de reconversion et formations.