Comité de défense et de soutien de l’hôpital de Saint-Claude

Tout au long de la campagne, de nombreuses organisations (associations, syndicats, collectifs, etc) sollicitent Jean-Luc Mélenchon pour qu’il détaille ses propositions sur des enjeux qui les concernent. L’équipe du programme et les groupes thématiques répondent, pour chacune de ces demandes, en développant des points précis de notre programme l’Avenir en commun.

Si vous êtes élu, quels engagements seront les vôtres ?

Madame, Monsieur,

Nous avons pris connaissance de votre courrier, dont le diagnostic et les problématiques rejoignent grandement nos propres analyses. Nous vous assurons de notre plein soutien dans cette lutte exemplaire que nous suivons depuis longtemps. Saint-Claude est un symbole de la désertification médicale organisée par le gouvernement. Nous avons alerté à plusieurs reprises, dans des amendements à l’Assemblée nationale et dans nos documents programmatiques, sur la situation dangereuse qu’avait provoqué pour les femmes la fermeture de la maternité de Saint-Claude :  comme vous le savez, 12 enfants sont nés en bord de route depuis la fermeture. Les fermetures des services de pédiatrie et de chirurgie suivi d’hospitalisation et les départs de personnels mettent également la population en danger. 

Bien sûr, cela relève d’abord d’une impasse des politiques de santé : notre système de soins subit depuis trente ans les conséquences des politiques libérales et austéritaires.

Les soignant·es, en ville comme à l’hôpital, ne cessent d’alerter sur la dégradation de leurs conditions d’exercice, la casse de nos hôpitaux publics et les dangers ainsi encourus pour les patient·es. Des mouvements sociaux inédits dans le secteur de la santé ont émergé dans tout le pays sans jamais être entendus des gouvernements successifs. La pandémie de coronavirus a fait éclater au grand jour la crise annoncée de notre système de soin, mais elle n’est pas terminée. Les cas de patients qui meurent faute de prise en charge se multiplient à cause du manque de personnel et de moyens. Quel genre de puissance sommes-nous pour ne pas soigner les citoyens qui arrivent à l’hôpital ? La situation que vous décrivez est représentative de cet état de fait auquel nous voulons mettre fin.

D’abord, il faut reconstruire un service public accessible à tou·tes partout sur le territoire. Cela implique notamment l’application les dispositions de la loi prévoyant des garanties d’accès aux soins dans les zones de montagne. Nous nous engageons à réouvrir graduellement des services d’urgences et maternités de proximité afin d’assurer un service de santé public à moins de 30 minutes de chaque Français·e. Les obstacles sont aussi financiers : plus d’une personne sur trois a déjà renoncé à des soins par manque d’argent. Nous instaurerons le « 100 % Sécu » en remboursant intégralement les soins de santé prescrits, dont les soins et appareils dentaires, optiques et auditifs. Pour cela, les mutuelles et complémentaires seront intégrées à la Sécurité sociale, permettant de rediriger leurs dépenses improductives de publicité et de marketing vers le remboursement des soins. Les personnels volontaires des organismes privés concernés rejoindront la Sécurité sociale pour assurer la continuité du traitement des dossiers.

Pour enrayer la désertification médicale, un plan national de court, moyen et long terme doit être mis en place. Nous proposons de constituer un véritable service public de soins primaires organisé autour de centres de santé avec des professionnel·les salarié·es

  • En finir avec la logique perverse de « l’hôpital-entreprise » et entreprendre une refonte ambitieuse du service public hospitalier articulé avec le service public de soins primaires au sein des territoires de vie et financé à hauteur des besoins de la population et des nécessités du personnel
  • Réorganiser le secteur médico-social et le secteur psychiatrique
  • Mailler le territoire de centres de santé pluri-professionnels. Nous favoriserons  l’exercice des soins primaires en équipes (médecins, infirmier·es, kinésithérapeutes, diététicien·nes, médiateur·ices de santé, etc.) et leurs liens avec les hôpitaux publics de secteur. Ces centres seront aussi des lieux de formation privilégiés pour les étudiant·es se destinant à l’exercice des soins primaires.
  • Organiser des assises participatives de la médecine de proximité dans chaque région avec les acteur·ices concerné·es (représentant·es des usager·es, médecins généralistes et spécialistes, régulation SAMU, infirmièr·es libéral·es, internes de régions, service d’urgence de secteur, syndicats représentatifs, instances territoriales, etc.) afin de solutionner collectivement les problématiques de désertification médicale et d’accès aux soins. 
  • Mettre en place une organisation qui permette que l’ensemble du personnel médical et paramédical (étudiant·es compris) puisse assurer l’accès à des soins courants de proximité pérennes sur tout le territoire
  • Lutter contre le surmenage des médecins généralistes. Nous organiserons une régulation en amont des consultations de médecine générale, permettant une meilleure orientation des patient·es et une décharge d’activité administrative
  • Mettre en place une rotation de permanence de soins en centre de santé grâce à la mise en place d’un quota horaire mensuel à effectuer en zone de désert médical régionale (généraliste et spécialiste). Ces vacations permettront de venir en aide aux confrères et consoeurs de ces localités et d’assurer un accès aux soins à tou·tes (quatre à douze heures mensuelles à définir selon les régions). L’organisation de ces vacations seront assurées collectivement au sein des assises régionales
  • Garantir les temps hebdomadaires de travail, les rémunérations, les remplacements et repos compensateurs des astreintes et gardes
  • Créer des postes salariés d’infirmier·e de pratique avancée dans les centres de santé locaux en lien avec les médecins vacataires
  • Intégrer explicitement les sages-femmes en tant que professionnel·les de soins primaires et ouvrir la prescription au nécessaire à leur exercice
  • Augmenter les moyens alloués aux facultés de médecine et réformer la formation pratique pour rendre effectif la fin du numerus clausus. Réhabiliter la possibilité de redoublement pour l’entrée en faculté de médecine
  • Généraliser les contrats d’études dans toutes les formations paramédicales (infirmier·es, aides-soignant·es, ambulancier·es, etc.) avec une rémunération au SMIC pendant la formation contre un engagement à servir dans un établissement ou dans un territoire pendant un certain nombre d’années
  • Permettre aux étudiant·es en médecine d’étudier dans des conditions correctes jusqu’à la fin de leur internat grâce à une garantie d’autonomie de 1063 euros et reconnaître leur travail de stage. 
  • Organiser la participation active des étudiant·es tout au long de leur parcours aux différents projets de santé publique dont les assises de la médecine de proximité, en relation avec leur cursus et choix de spécialité (pour les internes)
  • Augmenter le recours au contrat d’engagement de service public (CESP) pour les étudiant·es en médecine avec un objectif de 10 000 contrats conclus à la fin du quinquennat

Il faut en finir avec les logiques austéritaires. Nous supprimerons l’ONDAM qui contraint les établissements à désorganiser leurs services pour faire des économies de bout de chandelle. Nous sortirons du tout T2A et de la politique du chiffre qui met les établissements hospitaliers en situation de conflits d’intérêt avec la Sécurité sociale. La T2A sera réservée aux actes techniques, standardisés et programmés tandis que les spécialités ayant à traiter des maladies générales seront financées par une dotation globale. Pour les soins palliatifs, nous reviendrons au prix de journée.

Nous augmenterons massivement le budget des établissements de santé, tout au long du quinquennat, et créerons un véritable choc d’attractivité pour l’hôpital : revalorisation immédiate des salaires, titularisation de l’ensemble des contractuel·les à l’hôpital, polyvalence inter-services uniquement sur la base du volontariat, stabilité des horaires de travail, reconnaissance de la pénibilité, assurer le remplacement du personnel absent par un fonctionnement avec 120 % de l’effectif cible, renforcement de la formation continue, visite médicale annuelle de tout le personnel de santé pour prévenir les risques psycho-sociaux, plan de rénovation du parc hospitalier et réponse aux besoins de matériel et d’équipements, logements à des loyers accessibles à proximité des lieux de travail, etc. Nous réouvrirons progressivement des lits en fonction des capacités pour pouvoir gérer sans tension les variations d’activité. Pour cela, nous recruterons 100 000 soignants et rendrons obligatoire des ratios minimum de soignant·es par patient·es afin d’en finir avec la maltraitance institutionnelle.

Par conséquent, nous réouvrirons les services fermés de l’hôpital Louis Jaillon et lui donnerons les moyens dont il a besoin. 

Au-delà de l’aspect purement sanitaire, la question de la désertification médicale et de la casse du service public de santé ne peut s’appréhender hors des dynamiques territoriales et économiques. Dans notre plan d’action pour la relocalisation de la production industrielle et agricole, nous avons d’ailleurs évoqué Saint-Claude comme symbole du cercle vicieux dans lequel sont plongées de nombreuses villes et village : fermeture des industries, départ des habitants vers des bassins d’emploi plus dynamiques, fermeture des petits commerces, départ des services publics. Le bassin d’emploi qui comptait parmi les plus industriels de la région est maintenant l’un des plus sinistrés : Saint-Claude a perdu 2 000 habitant·es en dix ans. 

En plus de la destruction progressive des services de santé, l’ensemble des services publics reculent. Le centre des impôts n’accueille plus le public depuis le 1er janvier 2022. La suppression en 2017 de la ligne ferroviaire reliant Saint-Claude à Oyonnax a accentué son enclavement, contre toute logique écologique. Les écoles de village ferment ou sont fusionnées. Les commerçant·es sont eux aussi touché·es par cette spirale : malgré les efforts, le centre-ville ne parvient pas à préserver son dynamisme d’antan. 

L’histoire de Saint-Claude, c’est une histoire partagée par des centaines de villes moyennes et de villages qui se vident de leurs forces vives, de leurs commerces, de leurs emplois. C’est le sens de l’histoire voulu par le président Macron : la concentration de l’activité dans des métropoles gentrifiées inaccessibles pour les « gens qui ne sont rien ».  À l’inverse, nous ferons de l’industrie et de la bifurcation agricole les fers de lance de l’activité de proximité. 

Recréer de l’activité économique de proximité et des services publics, c’est rendre le terreau fertile pour reconstruire des services de santé pérennes et créer un environnement propice au retour des professionnels de santé.

Quand l’Union populaire sera au pouvoir, votre lutte sera enfin soutenue, et nous y apporterons les réponses politiques, économiques et sociales adéquates. Les engagements que nous prenons ne sont pas des promesses en l’air, mais un programme de gouvernement crédible et réalisable. Nous avons détaillé son financement dans une émission dédiée.  

Vous trouverez ci-dessous les liens vers les documents programmatiques où nous parlons de la situation de Saint-Claude :

En vous assurant une nouvelle fois de toute notre fraternité et notre soutien