Tout au long de la campagne, de nombreuses organisations (associations, syndicats, collectifs, etc) sollicitent Jean-Luc Mélenchon pour qu’il détaille ses propositions sur des enjeux qui les concernent. L’équipe du programme et les groupes thématiques répondent, pour chacune de ces demandes, en développant des points précis de notre programme l’Avenir en commun.

Initiée en 2018 par 4 organisations de protection de l’environnement et de solidarité internationale : Fondation pour la nature et l’homme, Greenpeace France, Notre affaire à tous et Oxfam France; l’Affaire du siècle a poursuivi l’État en justice pour inactivité en matière de lutte contre le réchauffement climatique, et a réussi à le faire condamner en février et octobre 2021.

Comment comptez-vous réparer le préjudice écologique subi lié au dépassement du plafond des émissions de gaz à effet de serre ? 

Nous n’acceptons pas de rester les bras croisés devant la catastrophe climatique. Nous devons réduire les émissions de gaz à effet de serre au plus vite pour éviter d’aggraver davantage le changement climatique et ses effets. 

D’après les estimations du GIEC, il ne nous reste que quelques années pour agir. Nous relèverons les ambitions climatiques de la France avec pour objectif une baisse de 65 % des émissions en 2030 (au lieu de 40 % actuellement) et nous rendrons public un bilan annuel. 

Pour y parvenir, nous instaurerons la règle verte selon laquelle on ne prélève pas davantage à la nature que ce qu’elle est en état de reconstituer. Cela se concrétisera par la mise en place d’une planification écologique pour définir collectivement de comment mener la bifurcation de nos modes d’échange, de production et de consommation. 

Un plan d’investissement de 200 milliards d’investissements écologiquement et socialement utiles viendra à l’appui pour matérialiser cette planification, à travers le passage au 100 % d’énergies renouvelables, l’isolation de 700 000 logements par an, l’investissement massif dans les transports collectifs, le ferroutage et les mobilités douces, la bifurcation écologique de l’agriculture ou encore un plan de reconstruction industrielle qui favorise la relocalisation et la bifurcation écologique de l’industrie.

Mais le changement climatique est commencé. Il est irréversible. L’adaptation au changement climatique, à ses conséquences déjà présentes et à venir, est donc au cœur de nos priorités. Nous engagerons un plan global de rénovation de nos infrastructures pour les adapter au changement climatique. Ce plan comportera notamment un volet dédié à un fonds d’aide à la relocalisation des constructions menacées par les inondations et la montée des mers, un volet dédié à la montagne avec l’affectation des crédits actuels du plan “Avenir montagne” à l’adaptation climatique, et un volet dédié à la forêt visant notamment à la diversification en essences et en âges pour des forêts résilientes au changement climatique. 

Le plan national d’adaptation au changement climatique (PNACC) 2 est insuffisant. Son financement repose en grande partie sur un trompe l’œil — la labellisation des actions des agences de l’eau comme adaptation, sans moyen supplémentaire — et il n’identifie pas les besoins. Nous y ajouterons donc 6 Mds sur le quinquennat pour que les collectivités et entreprises puissent mener des diagnostics sur leurs besoins d’adaptation puis ensuite impulser les actions nécessaires. 

Nous engagerons des grands travaux de rénovation des canalisations (10 milliards sur le quinquennat, dont 2,5 pour les Outre-mer), d’enfouissement des lignes à haute tension (2 Mds sur le quinquennat), et de diagnostic et consolidation des ouvrages d’art (3 Mds sur le quinquennat).

En cohérence, les opérateurs publics acteurs de la bifurcation écologique et de l’adaptation climatique verront leurs moyens augmentés, alors qu’ils n’ont cessé d’être sacrifiés ces dernières années : l’Office national des forêts (ONF) et l’Office français de la biodiversité (OFB) verront ainsi leur budget doubler, tandis que ceux du CEREMA et de Météo-France augmenteront de 75%. Les agences de l’eau disposeront également de moyens supplémentaires pour mener leurs nouvelles missions.

La lutte contre la pollution doit être drastiquement accentuée. Cela passe notamment pour :

La puissance publique doit reprendre le contrôle sur les biens communs pour prévenir efficacement les conséquences écologiques du réchauffement climatique :

TRANSPORT

Comptez-vous développer le transport ferroviaire? Si oui, de quelle façon ?

La libéralisation empêche toute politique de bifurcation écologique. Notre méthode est la planification écologique. Les mesures de notre programme l’Avenir en commun sont : 

Nous adopterons un vaste plan pour le fret ferroviaire qui reposera sur : 

Les filières industrielles stratégiques indispensables au redéploiement du ferroviaire, tel l’écosystème de fonderies d’aluminium seront protégées. 

Ainsi, plus de 30 milliards d’euros seront investis dans le secteur du transport ferroviaire.

Comptez-vous développer les transports en commun et les mobilités actives? Si oui, de quelle façon ?

Il est primordial de développer les transports publics écologiques et de repenser la mobilité individuelle. En plus des mesures spécifiques au transport ferroviaire détaillées à la question précédente, les mesures de notre programme sont les suivantes : 

Aujourd’hui, la majorité des déplacements en voiture ne se voit proposer aucune alternative crédible en transport en commun, en mode doux ou à pied ou à vélo. Il est nécessaire de diminuer le recours à la voiture individuelle, et pour cela, de réduire les distances parcourues. Or, la majorité des déplacements le sont pour des motifs contraints : aller travailler, étudier, faire ses courses. La situation a été empirée par des politiques d’aménagement entièrement tournées vers la recherche du profit et l’hyperconcentration, ainsi que par les politiques d’austérité qui ont éloigné les services publics et appauvri le réseau de transports collectifs. Cela impose, d’une part, de repenser l’aménagement des villes pour favoriser la mixité des fonctions — logement, services publics, commerces, lieux de travail… — et de rendre accessibles les quartiers à pied, à vélo et en transport en commun. 

Nous proposons d’agir pour lutter contre les mobilités contraintes et pour cela de :

Nous proposons par ailleurs d’investir massivement pour le développement des transports collectifs et des mobilités douces :

Dans le secteur automobile, comptez-vous développer la vente de véhicules électriques et le covoiturage ? Si oui, de quelle façon ?

L’urgence climatique impose de décarboner massivement et rapidement le secteur des transports. Pour autant, cet objectif ne doit pas se transformer en mesures davantage anti-pauvres qu’écologiques. Aucune interdiction ne doit être possible sans alternative accessible à la fois en fréquence et en coût. L’électrification des véhicules ne doit pas créer un nouveau séparatisme social ou négliger l’objectif de sobriété énergétique. À court terme, nous mettrons en oeuvre les mesures suivantes :

Pour développer l’usage des véhicules électriques, nous proposons d’initier un service public de bornes de recharge électrique des véhicules sur la voie publique, assurer leur déploiement équitable sur tout le territoire et leur accessibilité pour toutes et tous.

Comptez-vous limiter le trafic aérien ? Si oui, de quelle façon ?

Paramètre complémentaire

Nous comptons supprimer les lignes aériennes quand l’alternative en train est inférieure à quatre heures. Nous proposons également d’aligner la fiscalité de l’aérien sur la route, d’interdire la vente de billets à perte et de cesser les subventions déguisées des compagnies low-cost.

Quel autre élément concernant le secteur des transports allez- vous mettre en place ? 

Vous trouverez les informations supplémentaires dans notre programme l’Avenir en commun et dans le livret Transports disponible sur le site https://melenchon2022.fr/ : https://melenchon2022.fr/livrets-thematiques/transports/ 

LOGEMENT

Comptez-vous accélérer la rénovation énergétique performante des logements ?

Notre objectif est de refaire l’isolation d’au moins 700 000 logements par an. Les mesures de notre programme sont : 

Nous prévoyons d’investir plus de 11 milliards sur le mandat pour atteindre nos objectifs en la matière.

Comptez-vous accélérer la sortie des énergies de chauffage au gaz fossile et au fioul dans les logements ? Si oui, de quelle façon ?

Cette question est déjà incluse dans le plan de rénovation énergétique et environnementale de 700 000 logements au moins par an (cf. supra), qui va au-delà de la seule isolation thermique, et inclut donc la rénovation des passoires thermiques chauffées à l’électrique mais également, bien entendu, le remplacement des chauffages au gaz fossile et au fioul, (selon le scénario Négawatt, principalement par des pompes à chaleur et le bois-énergie pour le résidentiel). 

Le montant du Fonds chaleur sera par ailleurs doublé, pour atteindre 700 millions d’euros par an. 

Quel autre élément concernant le secteur du logement allez-vous mettre en place ?

Nous proposons de réduire l’impact écologique des travaux en développant l’éco-construction avec des matériaux bioclimatiques (bois/terre/paille). Par ailleurs, nous garantirons le droit au logement par un ensemble de mesures présentes dans notre programme l’Avenir en commun et détaillées dans notre livret thématique dédié (https://melenchon2022.fr/livrets-thematiques/logement/) et dans notre plan pour atteindre l’objectif de zéro sans-abri disponible sur site https://melenchon2022.fr/.

AGRICULTURE

Comptez-vous opérer la transition vers le “moins et mieux” de produits animaux incluant principalement une sortie des élevages industriels, une baisse de la consommation de produits animaux, principalement issue des élevages et transformations industrielles, et une orientation des élevages vers des pratiques durables ? Si oui, de quelle façon ?

L’élevage intensif est un non-sens écologique, sanitaire et économique. Ces élevages favorisent en effet l’émergence de zoonoses et de pandémies. Ce modèle est un facteur de maltraitance animale mais aussi sociale. À titre d’exemple, 30 % des poulets produits en France sont exportés, tandis que 40% de ceux consommés sur place sont importés. Pourtant, le libre-échange ne permet pas aux agriculteurs de vivre dignement. 1 sur 5 vit sous le seuil de pauvreté, 1 se suicide chaque jour. La surconsommation de viande coûte sur le plan sanitaire (risque de cancers) mais aussi sur le plan écologique (eau, émissions de gaz à effet de serre liées aux importations). Consommer moins de viande mais d’origine française et de qualité s’impose. 

Comptez-vous soutenir et développer l’agriculture biologique, permettant le passage des pratiques agricoles conventionnelles vers des modes de production agroécologiques ? Si oui, de quelle façon ?

Nous voulons instaurer une agriculture relocalisée, diversifiée et écologique et créer 300 000 emplois agricoles. Notre objectif est d’atteindre 100 % de surfaces agricoles en agriculture biologique au plus tard en 2050. Les mesures de notre programme sont les suivantes : 

Comptez-vous développer les légumineuses ? Si oui, de quelle façon ?

Nos propositions en la matière sont les suivantes : 

Par ailleurs, les mesures de soutien à la conversion à l’agriculture biologique (PAC, restauration collective, reprise des dettes…) doivent contribuer à permettre d’atteindre cet objectif.

Quel autre élément concernant l’agriculture allez-vous mettre en place? 

Comme indiqué plus haut, vous trouverez ces informations dans notre programme l’Avenir en commun et dans le plan « Bien nourrir tout le monde » disponible sur le site https://melenchon2022.fr/ : https://melenchon2022.fr/plans/alimentation/ 

PRODUCTION D’ÉNERGIE

Comptez-vous accélérer le déploiement des énergies renouvelables électriques ? Si oui, de quelle façon ?

Nous planifierons le passage à 100% d’énergies renouvelables en 2050. Notre méthode est la planification écologique. Les mesures de notre programme sont :

Comptez-vous réduire la part des énergies fossiles dans le mix énergétique? Si oui, de quelle façon ?

Nous comptons réduire la part des énergies fossiles dans le mix électrique en développant les énergies renouvelables (cf réponse précédente) avec un double mot d’ordre : sobriété et efficacité. Nous nous appuyons sur le scénario Négawatt. 

Vous trouverez des informations supplémentaires dans notre programme l’Avenir en commun et dans le livret Energie disponible sur le site https://melenchon2022.fr/ : https://melenchon2022.fr/livrets-thematiques/energie/ 

Comptez-vous développer le biométhane? Si oui, de quelle façon?

Nous comptons développer le biométhane (ou biogaz) principalement par la méthanisation, mais sans consacrer de terres à la seule production d’énergies (conformément au scénario Afterres). D’autre part, il est à noter que selon le scénario Négawatt, à ce biogaz produit par méthanisation, s’ajoute à partir de 2030 la valorisation des excédents d’électricité renouvelable en hydrogène (power-to-gas), dont une partie est convertie en biogaz par réaction de méthanation. A terme, le scénario Négawatt vise ainsi une complémentarité des réseaux d’électricité renouvelable, biogaz et chaleur.

INDUSTRIE

Comptez-vous réduire la quantité d’énergie, en particulier d’énergies fossiles, consommée par l’industrie ?

Nous comptons réduire la quantité d’énergies fossiles consommées par l’industrie en planifiant le passage à 100 % d’énergie renouvelable. La réindustrialisation du pays est une priorité de notre programme, et elle concernera d’abord les productions qui répondent aux besoins des citoyens : ainsi, certains secteurs seront amenés à décroître, d’autres à croître. La relocalisation permettra aussi de réduire les émissions importées.

Le plan de relocalisation industrielle doté de 20 milliards d’euros sur le mandat prévoit le développement de secteurs indispensables à la bifurcation écologique (recyclage des batteries, aciers nécessaires aux énergies renouvelables, aluminium, etc.) et du soutien à l’adaptation des processus industriels pour les rendre plus écologiques.

Comptez-vous réduire la quantité de matière totale consommée par an et par personne en France et augmenter la part de matière recyclée/réutilisée dans le total de matières consommée par les Français·e·s ?

Voici les mesures de notre programme sur ce sujet : 

Comptez-vous inciter les entreprises à engager la transformation de leurs sites industriels ? Si oui, de quelle façon ?