L’Affaire du siècle

Tout au long de la campagne, de nombreuses organisations (associations, syndicats, collectifs, etc) sollicitent Jean-Luc Mélenchon pour qu’il détaille ses propositions sur des enjeux qui les concernent. L’équipe du programme et les groupes thématiques répondent, pour chacune de ces demandes, en développant des points précis de notre programme l’Avenir en commun.

Initiée en 2018 par 4 organisations de protection de l’environnement et de solidarité internationale : Fondation pour la nature et l’homme, Greenpeace France, Notre affaire à tous et Oxfam France; l’Affaire du siècle a poursuivi l’État en justice pour inactivité en matière de lutte contre le réchauffement climatique, et a réussi à le faire condamner en février et octobre 2021.

Comment comptez-vous réparer le préjudice écologique subi lié au dépassement du plafond des émissions de gaz à effet de serre ? 

Nous n’acceptons pas de rester les bras croisés devant la catastrophe climatique. Nous devons réduire les émissions de gaz à effet de serre au plus vite pour éviter d’aggraver davantage le changement climatique et ses effets. 

D’après les estimations du GIEC, il ne nous reste que quelques années pour agir. Nous relèverons les ambitions climatiques de la France avec pour objectif une baisse de 65 % des émissions en 2030 (au lieu de 40 % actuellement) et nous rendrons public un bilan annuel. 

Pour y parvenir, nous instaurerons la règle verte selon laquelle on ne prélève pas davantage à la nature que ce qu’elle est en état de reconstituer. Cela se concrétisera par la mise en place d’une planification écologique pour définir collectivement de comment mener la bifurcation de nos modes d’échange, de production et de consommation. 

Un plan d’investissement de 200 milliards d’investissements écologiquement et socialement utiles viendra à l’appui pour matérialiser cette planification, à travers le passage au 100 % d’énergies renouvelables, l’isolation de 700 000 logements par an, l’investissement massif dans les transports collectifs, le ferroutage et les mobilités douces, la bifurcation écologique de l’agriculture ou encore un plan de reconstruction industrielle qui favorise la relocalisation et la bifurcation écologique de l’industrie.

Mais le changement climatique est commencé. Il est irréversible. L’adaptation au changement climatique, à ses conséquences déjà présentes et à venir, est donc au cœur de nos priorités. Nous engagerons un plan global de rénovation de nos infrastructures pour les adapter au changement climatique. Ce plan comportera notamment un volet dédié à un fonds d’aide à la relocalisation des constructions menacées par les inondations et la montée des mers, un volet dédié à la montagne avec l’affectation des crédits actuels du plan “Avenir montagne” à l’adaptation climatique, et un volet dédié à la forêt visant notamment à la diversification en essences et en âges pour des forêts résilientes au changement climatique. 

Le plan national d’adaptation au changement climatique (PNACC) 2 est insuffisant. Son financement repose en grande partie sur un trompe l’œil — la labellisation des actions des agences de l’eau comme adaptation, sans moyen supplémentaire — et il n’identifie pas les besoins. Nous y ajouterons donc 6 Mds sur le quinquennat pour que les collectivités et entreprises puissent mener des diagnostics sur leurs besoins d’adaptation puis ensuite impulser les actions nécessaires. 

Nous engagerons des grands travaux de rénovation des canalisations (10 milliards sur le quinquennat, dont 2,5 pour les Outre-mer), d’enfouissement des lignes à haute tension (2 Mds sur le quinquennat), et de diagnostic et consolidation des ouvrages d’art (3 Mds sur le quinquennat).

En cohérence, les opérateurs publics acteurs de la bifurcation écologique et de l’adaptation climatique verront leurs moyens augmentés, alors qu’ils n’ont cessé d’être sacrifiés ces dernières années : l’Office national des forêts (ONF) et l’Office français de la biodiversité (OFB) verront ainsi leur budget doubler, tandis que ceux du CEREMA et de Météo-France augmenteront de 75%. Les agences de l’eau disposeront également de moyens supplémentaires pour mener leurs nouvelles missions.

La lutte contre la pollution doit être drastiquement accentuée. Cela passe notamment pour :

  • Établir un plan d’urgence pour la dépollution rapide des régions durablement polluées en France, dont en priorité  la Guadeloupe et la Martinique, victimes du chlordécone
  • Aider les victimes des pollutions et les lanceurs d’alerte sur la base d’un fond abondé par les consommations polluantes 

La puissance publique doit reprendre le contrôle sur les biens communs pour prévenir efficacement les conséquences écologiques du réchauffement climatique :

  • Établir par référendum la liste des biens communs et services essentiels, et les collectiviser 
  • Empêcher le droit de propriété privée de prévaloir sur la protection de l’eau, de l’air, de l’alimentation, du vivant, de la santé et de l’énergie 
  • Redonner à l’État et aux collectivités locales les moyens humains et financiers pour appliquer le triptyque “surveiller, contrôler, sanctionner” et réguler face au libre marché 

TRANSPORT

Comptez-vous développer le transport ferroviaire? Si oui, de quelle façon ?

La libéralisation empêche toute politique de bifurcation écologique. Notre méthode est la planification écologique. Les mesures de notre programme l’Avenir en commun sont : 

  • Créer un pôle public des transports et de la mobilité 
  • Renationaliser la SNCF et refuser la mise en concurrence des lignes de transport 
  • Refuser la suppression des lignes ferroviaires du quotidien et en rouvrir, augmenter le nombre de trains et garantir des tarifs accessibles, maintenir des guichets physiques dans les gares 
  • Adopter un plan de développement du ferroutage et de report modal (cabotage maritime, fluvial et dirigeable)

Nous adopterons un vaste plan pour le fret ferroviaire qui reposera sur : 

  • Un plan d’investissement massif pour la filière et notamment pour la SNCF
  • La réouverture des gares de triage et le retour du wagon isolé
  • Le lancement d’un grand plan pour le ferroutage et le développement du transport combiné rail-route et le subventionnement de ce service autant qu’il sera nécessaire avec l’objectif de bannir la traversée du territoire français aux camions de transit en particulier entre l’Espagne et le nord de l’Europe
  • La création ou la remise en état d’installations terminales embranchées (ITE) pour raccorder les sites industriels et logistiques qui sont indispensables pour l’infrastructure du fret ferroviaire

Les filières industrielles stratégiques indispensables au redéploiement du ferroviaire, tel l’écosystème de fonderies d’aluminium seront protégées. 

Ainsi, plus de 30 milliards d’euros seront investis dans le secteur du transport ferroviaire.

Comptez-vous développer les transports en commun et les mobilités actives? Si oui, de quelle façon ?

Il est primordial de développer les transports publics écologiques et de repenser la mobilité individuelle. En plus des mesures spécifiques au transport ferroviaire détaillées à la question précédente, les mesures de notre programme sont les suivantes : 

  • Développer les transports publics à la demande hors des zones denses de transport public
  • Renforcer le maillage de transports en communs
  • Repenser la mobilité individuelle en développant les usages partagés de la voiture et les mobilités douces (comme le vélo)
  • Engager un plan spécifique de développement des transports collectifs en Outre-mer, quasi inexistants aujourd’hui, sur le modèle du projet de tram-train à La Réunion

Aujourd’hui, la majorité des déplacements en voiture ne se voit proposer aucune alternative crédible en transport en commun, en mode doux ou à pied ou à vélo. Il est nécessaire de diminuer le recours à la voiture individuelle, et pour cela, de réduire les distances parcourues. Or, la majorité des déplacements le sont pour des motifs contraints : aller travailler, étudier, faire ses courses. La situation a été empirée par des politiques d’aménagement entièrement tournées vers la recherche du profit et l’hyperconcentration, ainsi que par les politiques d’austérité qui ont éloigné les services publics et appauvri le réseau de transports collectifs. Cela impose, d’une part, de repenser l’aménagement des villes pour favoriser la mixité des fonctions — logement, services publics, commerces, lieux de travail… — et de rendre accessibles les quartiers à pied, à vélo et en transport en commun. 

Nous proposons d’agir pour lutter contre les mobilités contraintes et pour cela de :

  • Défendre et reconstruire le maillage de transports en commun et de services publics, notamment dans les départements ruraux, les quartiers populaires et les Outre-mer, afin de garantir une distance maximale (de quinze à trente minutes, en voiture ou en transport collectif) entre tout lieu d’habitation et les services publics essentiels (école, gare, hôpital, bureau de poste)
  • Stopper l’étalement urbain : renoncer aux grands projets inutiles et imposés, et rapprocher les bassins de vie et les bassins d’emploi
  • Favoriser l’installation d’entreprises, d’artisans, de commerçants par la mise en place d’aides spécifiques

Nous proposons par ailleurs d’investir massivement pour le développement des transports collectifs et des mobilités douces :

  • Réaliser un plan national de développement massif des transports collectifs dans les grandes agglomérations, co-financer, avec les collectivités et leurs autorités organisatrices, le développement de tous types de réseaux (métro, bus, tram ou tram-trains, transport par câble, etc.) et le renforcement de leur desserte
  • Au sein des grandes agglomérations, réduire la place de l’automobile :
    • Cofinancer des infrastructures cyclables et de stationnement vélo
    • Rendre obligatoire l’aménagement et la gestion publique de stationnements vélos à proximité des gares et stations de métro, ainsi que des lieux recevant du public (services publics, établissements scolaires, bureaux, commerces, marchés)
    • Rendre obligatoire les stationnements vélo dans toutes les constructions et rénovations d’immeubles en ville et sur les lieux de travail
    • Aider les collectivités à aménager des parking-relais aux entrées de ville
    • Rendre obligatoire l’aménagement des routes départementales afin de les rendre plus sûres pour les cyclistes dès lors qu’elles dépassent un certain niveau de trafic automobile
    • Accompagner l’apprentissage du vélo dès l’école primaire en lien avec les associations
  • Mettre en place une politique nationale en faveur du vélo et du vélo à assistance électrique (VAE), sans effet d’aubaine et en reconstruisant une filière de fabrication de vélos en France

Dans le secteur automobile, comptez-vous développer la vente de véhicules électriques et le covoiturage ? Si oui, de quelle façon ?

L’urgence climatique impose de décarboner massivement et rapidement le secteur des transports. Pour autant, cet objectif ne doit pas se transformer en mesures davantage anti-pauvres qu’écologiques. Aucune interdiction ne doit être possible sans alternative accessible à la fois en fréquence et en coût. L’électrification des véhicules ne doit pas créer un nouveau séparatisme social ou négliger l’objectif de sobriété énergétique. À court terme, nous mettrons en oeuvre les mesures suivantes :

  • Développer sur l’ensemble du territoire les systèmes de mise à disposition de parcs de véhicules à faibles émissions pour les ménages à faibles revenus
  • Favoriser, en lien avec les collectivités, le covoiturage, l’autopartage et le transport à la demande 
  • Soutenir la recherche de solutions pour faire fonctionner le parc existant de moteurs thermiques avec des carburants à faible impact écologique (gaz de synthèse, huiles alimentaires usagées, etc.) 
  • Mettre fin aux zones à faibles émissions (ZFE) dans leur conception actuelle dont les critères induisent des inégalités sociales et une trop grande tolérance à l’égard de certains véhicules, notamment les SUV, qualifiés à tort de non-polluants

Pour développer l’usage des véhicules électriques, nous proposons d’initier un service public de bornes de recharge électrique des véhicules sur la voie publique, assurer leur déploiement équitable sur tout le territoire et leur accessibilité pour toutes et tous.

Comptez-vous limiter le trafic aérien ? Si oui, de quelle façon ?

Paramètre complémentaire

Nous comptons supprimer les lignes aériennes quand l’alternative en train est inférieure à quatre heures. Nous proposons également d’aligner la fiscalité de l’aérien sur la route, d’interdire la vente de billets à perte et de cesser les subventions déguisées des compagnies low-cost.

Quel autre élément concernant le secteur des transports allez- vous mettre en place ? 

Vous trouverez les informations supplémentaires dans notre programme l’Avenir en commun et dans le livret Transports disponible sur le site https://melenchon2022.fr/ : https://melenchon2022.fr/livrets-thematiques/transports/ 

LOGEMENT

Comptez-vous accélérer la rénovation énergétique performante des logements ?

Notre objectif est de refaire l’isolation d’au moins 700 000 logements par an. Les mesures de notre programme sont : 

  • Mettre fin aux situations de précarité énergétique : privilégier les rénovations complètes, interdire réellement la location des passoires thermiques, renforcer les programmes de détection des passoires énergétiques, cibler les aides à la rénovation en fonction des revenus des ménages (taux d’appui moyen de 70%, 100% pour les plus modestes, prêts du pôle public bancaire pour le restes à charge).
  • Conditionner l’obtention de labels écologiques à des résultats énergétiques concrets et vérifiés pour les bâtiments neufs comme pour les rénovations thermiques 
  • Se donner les moyens : former les professionnels, mettre en place un « guichet unique » public pour les propriétaires devant faire cette rénovation.

Nous prévoyons d’investir plus de 11 milliards sur le mandat pour atteindre nos objectifs en la matière.

Comptez-vous accélérer la sortie des énergies de chauffage au gaz fossile et au fioul dans les logements ? Si oui, de quelle façon ?

Cette question est déjà incluse dans le plan de rénovation énergétique et environnementale de 700 000 logements au moins par an (cf. supra), qui va au-delà de la seule isolation thermique, et inclut donc la rénovation des passoires thermiques chauffées à l’électrique mais également, bien entendu, le remplacement des chauffages au gaz fossile et au fioul, (selon le scénario Négawatt, principalement par des pompes à chaleur et le bois-énergie pour le résidentiel). 

Le montant du Fonds chaleur sera par ailleurs doublé, pour atteindre 700 millions d’euros par an. 

Quel autre élément concernant le secteur du logement allez-vous mettre en place ?

Nous proposons de réduire l’impact écologique des travaux en développant l’éco-construction avec des matériaux bioclimatiques (bois/terre/paille). Par ailleurs, nous garantirons le droit au logement par un ensemble de mesures présentes dans notre programme l’Avenir en commun et détaillées dans notre livret thématique dédié (https://melenchon2022.fr/livrets-thematiques/logement/) et dans notre plan pour atteindre l’objectif de zéro sans-abri disponible sur site https://melenchon2022.fr/.

AGRICULTURE

Comptez-vous opérer la transition vers le “moins et mieux” de produits animaux incluant principalement une sortie des élevages industriels, une baisse de la consommation de produits animaux, principalement issue des élevages et transformations industrielles, et une orientation des élevages vers des pratiques durables ? Si oui, de quelle façon ?

L’élevage intensif est un non-sens écologique, sanitaire et économique. Ces élevages favorisent en effet l’émergence de zoonoses et de pandémies. Ce modèle est un facteur de maltraitance animale mais aussi sociale. À titre d’exemple, 30 % des poulets produits en France sont exportés, tandis que 40% de ceux consommés sur place sont importés. Pourtant, le libre-échange ne permet pas aux agriculteurs de vivre dignement. 1 sur 5 vit sous le seuil de pauvreté, 1 se suicide chaque jour. La surconsommation de viande coûte sur le plan sanitaire (risque de cancers) mais aussi sur le plan écologique (eau, émissions de gaz à effet de serre liées aux importations). Consommer moins de viande mais d’origine française et de qualité s’impose. 

  • Pour amorcer la sortie définitive des fermes-usines qui est une mesure de notre programme, nous interdirons immédiatement l’installation, l’agrandissement ou la réunion d’exploitations agricoles d’élevage dont les productions sont supérieures aux seuils correspondant aux catégorie A et E de la nomenclature des installations classées pour la protection de l’environnement (ICPE). Cela concerne par exemple les exploitations de plus de 150 truies ou vaches laitières. 
  • Eradiquer la maltraitance animale : nous organiserons notamment la fin de l’élevage en cage, des mutilations et autres pratiques cruelles (broyage ou gazage des poussins et canetons, ablation de la queue, “épointage” des becs, meulage des dents…). Nous limitons le temps de transport des animaux vivants. Nous déterminons de nouvelles normes pour améliorer les conditions d’élevage : accès à l’air libre, pâturage à l’herbe, densité maximale, surfaces minimales, fin des souches à croissance rapide. 
  • Nous planifierons la sortie de l’élevage industriel en accompagnant les paysan·nes dans la transition. Une aide à la transition pour les éleveurs industriels se convertissant à l’élevage paysan ou aux cultures végétales sera budgétée en loi de finances. 
  • Nous mettrons en place une caisse de défaisance pour reprendre les dettes agricoles des convertis au 100% bio.
  • Nous ne signerons pas d’accord de libre-échange conduisant à l’importation massive de viande à bas coût social et environnemental et nous appliquerons nos normes aux produits importés. 
  • Nous instaurerons un protectionnisme écologique en fonction des conditions de production et de rémunération du travail agricole 
  • Nous fixerons un objectif de réduction de 50 % de la consommation moyenne de protéines animales. Nous réduirons la part des protéines carnées au profit des protéines végétales dans la restauration collective et y imposerons une option végétarienne quotidienne et un menu végétarien hebdomadaire pour tous les usagers. L’approvisionnement en circuit-courts sera privilégié. 
  • Nous refondrons la PAC pour la mettre au service de ces objectifs (augmentation des aides à l’agriculture biologique et des mesures agroenvironnementales et climatiques, augmentation du paiement redistributif, sortie progressive des aides à l’hectare, révision des aides à l’installation et à l’investissement…). Le détail de la réallocation des financements de la PAC se trouve dans notre plan dédié à l’alimentation : https://melenchon2022.fr/plans/alimentation/

Comptez-vous soutenir et développer l’agriculture biologique, permettant le passage des pratiques agricoles conventionnelles vers des modes de production agroécologiques ? Si oui, de quelle façon ?

Nous voulons instaurer une agriculture relocalisée, diversifiée et écologique et créer 300 000 emplois agricoles. Notre objectif est d’atteindre 100 % de surfaces agricoles en agriculture biologique au plus tard en 2050. Les mesures de notre programme sont les suivantes : 

  • Garantir des prix rémunérateurs aux producteurs par des prix planchers pour les agriculteurs, interdire les ventes à perte et mettre en place une caisse de défaisance pour reprendre les dettes agricoles des convertis au 100% bio 
  • Porter l’alimentation dans la restauration collective à 100% biologique et locale, réduire la part des protéines carnées au profit des protéines végétales et y imposer une option végétarienne quotidienne et un menu végétarien hebdomadaire pour tous les usagers. 
  • Garantir en permanence l’accès à cinq fruits et légumes de saison à prix bloqués
  • Refondre la PAC (politique agricole commune) et orienter les aides publiques agricoles pour favoriser la production écologiquement soutenable, l’intensité en main d’oeuvre des exploitations et le développement des protéines végétales, notamment en doublant dès 2023 les aides à l’agriculture biologique (doublement des aides à la conversion et des éco-régimes agriculture biologique, c’est-à-dire des aides au maintien). Nous triplons également le budget des mesures agroenvironnementales et climatiques dès 2023 ; l’adoption de ces mesures agro-environnementales et climatiques peut marquer une étape importante de transition vers l’agriculture biologique. (plus de détails dans notre plan « Bien nourrir tout le monde ») 
  • Faire une réforme agraire pour encourager l’installation de nouveaux agriculteurs et permettre le développement d’un tissu de nombreuses exploitations à taille humaine 
  • Lutter contre l’artificialisation des sols pour empêcher la disparition de surfaces agricoles utiles 
  • Planifier la réduction progressive des doses d’engrais et de pesticides, interdire immédiatement les plus dangereux (glyphosate, néonicotinoïdes) 
  • Instaurer un protectionnisme écologique en fonction des conditions de production et de rémunération du travail agricole 
  • Encadrer les prix alimentaires par des prix maximaux établis par un coefficient multiplicateur et limiter les marges de la grande distribution 
  • Développer les circuits courts pour réduire la circulation des marchandises et l’utilisation d’emballages 
  • Supprimer le budget consacré aux mesures relevant du greenwashing comme le label “Haute Valeur Environnementale” (HVE)
  • Rendre le nutri-score (étiquetage nutritionnel) obligatoire pour en finir avec la désinformation de la grande distribution 
  • Interdire la publicité alimentaire sur tous les supports (radiophonique, audiovisuel et électronique) à destination des enfants et adolescents 
  • Créer une heure hebdomadaire d’éducation à la nutrition de la maternelle au collège 
  • Expérimenter une garantie universelle d’accès à des aliments choisis comme premier jalon d’une « sécurité sociale de l’alimentation » 

Comptez-vous développer les légumineuses ? Si oui, de quelle façon ?

Nos propositions en la matière sont les suivantes : 

  • Consacrer les moyens nécessaires au développement des légumineuses pour l’alimentation humaine et animale, notamment au travers des aides couplées de la PAC
  • Renforcer la structuration de la filière (transformation, stockage…), notamment grâce aux Projets alimentaires territoriaux dont nous sanctuariserons et triplerons les financements (en les portant à au moins 240 millions d’euros par an). 
  • Porter l’alimentation dans la restauration collective à 100% biologique et locale, réduire la part des protéines carnées au profit des protéines végétales et y imposer une option végétarienne quotidienne et un menu végétarien hebdomadaire pour tous les usagers. 

Par ailleurs, les mesures de soutien à la conversion à l’agriculture biologique (PAC, restauration collective, reprise des dettes…) doivent contribuer à permettre d’atteindre cet objectif.

Quel autre élément concernant l’agriculture allez-vous mettre en place? 

Comme indiqué plus haut, vous trouverez ces informations dans notre programme l’Avenir en commun et dans le plan « Bien nourrir tout le monde » disponible sur le site https://melenchon2022.fr/ : https://melenchon2022.fr/plans/alimentation/ 

PRODUCTION D’ÉNERGIE

Comptez-vous accélérer le déploiement des énergies renouvelables électriques ? Si oui, de quelle façon ?

Nous planifierons le passage à 100% d’énergies renouvelables en 2050. Notre méthode est la planification écologique. Les mesures de notre programme sont :

  • Planifier le passage à 100 % d’énergies renouvelables avec un double mot d’ordre : sobriété et efficacité énergétique. 53 milliards d’euros seront investis sur le mandat.
  • Sortir des énergies fossiles: arrêter les subventions aux énergies fossiles, y compris à l’étranger
  • Sortir du nucléaire : abandonner les projets d’EPR et de mini-réacteurs, planifier le démantèlement, la réhabilitation et la reconversion des sites nucléaires et de l’ensemble de leur bassin de vie
  • Instaurer une tarification progressive de l’énergie et garantir la gratuité des premières quantités indispensables à une vie digne
  • Annuler la libéralisation du marché de l’électricité et du gaz : stopper la privatisation des barrages hydroélectriques, créer un pôle public de l’énergie en lien avec des coopératives locales en renationalisant EDF et Engie
  • Favoriser partout sur le territoire le recours aux diverses sources d’énergie les plus adaptées aux conditions météorologiques et géographiques : énergies marines, géothermie, photovoltaïque… 
  • Refuser l’abandon de la filière d’énergies marines et assurer son développement industriel par la nationalisation de la branche énergies marines d’Alstom cédée à General Electric et de la branche éolienne offshore d’Areva cédée à Siemens

Comptez-vous réduire la part des énergies fossiles dans le mix énergétique? Si oui, de quelle façon ?

Nous comptons réduire la part des énergies fossiles dans le mix électrique en développant les énergies renouvelables (cf réponse précédente) avec un double mot d’ordre : sobriété et efficacité. Nous nous appuyons sur le scénario Négawatt. 

Vous trouverez des informations supplémentaires dans notre programme l’Avenir en commun et dans le livret Energie disponible sur le site https://melenchon2022.fr/ : https://melenchon2022.fr/livrets-thematiques/energie/ 

Comptez-vous développer le biométhane? Si oui, de quelle façon?

Nous comptons développer le biométhane (ou biogaz) principalement par la méthanisation, mais sans consacrer de terres à la seule production d’énergies (conformément au scénario Afterres). D’autre part, il est à noter que selon le scénario Négawatt, à ce biogaz produit par méthanisation, s’ajoute à partir de 2030 la valorisation des excédents d’électricité renouvelable en hydrogène (power-to-gas), dont une partie est convertie en biogaz par réaction de méthanation. A terme, le scénario Négawatt vise ainsi une complémentarité des réseaux d’électricité renouvelable, biogaz et chaleur.

INDUSTRIE

Comptez-vous réduire la quantité d’énergie, en particulier d’énergies fossiles, consommée par l’industrie ?

Nous comptons réduire la quantité d’énergies fossiles consommées par l’industrie en planifiant le passage à 100 % d’énergie renouvelable. La réindustrialisation du pays est une priorité de notre programme, et elle concernera d’abord les productions qui répondent aux besoins des citoyens : ainsi, certains secteurs seront amenés à décroître, d’autres à croître. La relocalisation permettra aussi de réduire les émissions importées.

Le plan de relocalisation industrielle doté de 20 milliards d’euros sur le mandat prévoit le développement de secteurs indispensables à la bifurcation écologique (recyclage des batteries, aciers nécessaires aux énergies renouvelables, aluminium, etc.) et du soutien à l’adaptation des processus industriels pour les rendre plus écologiques.

Comptez-vous réduire la quantité de matière totale consommée par an et par personne en France et augmenter la part de matière recyclée/réutilisée dans le total de matières consommée par les Français·e·s ?

Voici les mesures de notre programme sur ce sujet : 

  • Abolir l’obsolescence programmée et allonger les durées de garantie légale des produits 
  • Contre la surproduction de déchets : interdire immédiatement les plastiques à usage unique, remettre en place la consigne pour les bouteilles et bocaux en verre, rendre obligatoires le recyclage, le compostage ou l’incinération (dans cet ordre de priorité), généraliser les consignes, développer les filières de réutilisation des matériaux et de substitution aux matériaux carbonés 
  • Créer un service public de la réparation et du réemploi, avec la mise en place de formations pour certains métiers (notamment électricité, électronique, bâtiment, textile) 
  • Rendre la collecte séparée des déchets organiques effective et obligatoire à l’horizon 2025, en commençant par les zones rurales (redistribution du compost aux agriculteurs locaux) 
  • Rendre obligatoire l’écoconception des produits afin de limiter l’utilisation de ressources non renouvelables 
  •  Généraliser au plus vite l’indice de durabilité des produits (possibilité d’être réparé, durée de vie, etc.), rendre obligatoire la disponibilité de pièces de rechange et empêcher la mise sur le marché de celles qui auraient un score de durabilité insuffisant 
  • Faire reculer la publicité dans l’espace public, interdire le dépôt de prospectus publicitaires commerciaux dans les boîtes aux lettres, les panneaux publicitaires numériques et le démarchage téléphonique commercial 
  • Interdire la publicité des produits et services les plus émetteurs de gaz à effet de serre sur tous les supports publicitaires 
  •  Diminuer les possibilités de diffusion de publicité à la télévision 
  • Créer un réseau national de déchèteries/recyclage

Comptez-vous inciter les entreprises à engager la transformation de leurs sites industriels ? Si oui, de quelle façon ?

  • Nous inciterons les entreprises à engager la transformation de leurs sites industriels, d’abord en imposant la réduction des gaz à effet de serre :
  • Obliger les entreprises à mettre en œuvre une comptabilité carbone pour les émissions directes et indirectes certifiées par un organisme public agréé en commençant par les secteurs les plus émetteurs de gaz à effet de serre (énergie, transport, bâtiment, industrie lourde) puis selon la taille des entreprises, accompagnée d’une trajectoire de baisse de leurs émissions.
  • Engager un plan de reconstruction industrielle pour soutenir la bifurcation écologique (recyclage des batteries, aciers nécessaires aux énergies renouvelables, aluminium etc.)