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Tout au long de la campagne, de nombreuses organisations (associations, syndicats, collectifs, etc) sollicitent Jean-Luc Mélenchon pour qu’il détaille ses propositions sur des enjeux qui les concernent. L’équipe du programme et les groupes thématiques répondent, pour chacune de ces demandes, en développant des points précis de notre programme l’Avenir en commun.

L’association Société protectrice des animaux est, en France, la plus ancienne des sociétés de protection des animaux, sociétés œuvrant dans le domaine de la protection animale.

Quelles orientations donnerez-vous, durant votre mandat, à la condition animale ?

Notre programme prévoit la création d’un Haut-commissariat à la condition animale aux compétences transversales, et qui aura une feuille de route politique claire pour la mise en place de notre programme concernant la protection et le respect des animaux.

Ce Haut-commissariat nous paraît la forme la plus adaptée pour mettre en œuvre les engagements ambitieux en faveur des animaux détaillés ci-dessous et pour lutter contre la maltraitance animale en veillant à ce que la condition animale irrigue l’ensemble des politiques publiques menées par les différents ministères. 

Néanmoins, notre programme prévoit également la mise en place d’une Assemblée constituante pour une 6e République. Dans le cadre du processus constituant, nos institutions seront bien sûr repensées et refondées, le statut des animaux sera discuté (nous souhaitons notamment inscrire dans la Constitution le droit des animaux à être protégés) et toutes les propositions et suggestions des associations, comme celle d’un Défenseur des droits des animaux, seront à cette occasion étudiées et débattues.

Concernant nos mesures pour les animaux en général, nous avons eu à cœur dans nos propositions de tenir compte de la problématique de la condition animale dans sa globalité. Nous vous invitons chaleureusement à consulter notre livret thématique consacré à la condition animale, que nous vous adressons en pièce jointe, qui vous permettra d’en connaître tous les détails. 

Nous créerons ainsi des structures territoriales appelées « Maison des animaux » chargées de coordonner et d’appuyer les politiques publiques locales ayant trait aux animaux. Elles assureront ainsi la coordination des professionnel·les du secteur (soins vétérinaires, refuges, assistance juridique, scientifiques, associations, etc.). Nous renforcerons aussi les moyens de contrôle des agents de l’État chargés de la protection animale.

Nous améliorerons la protection juridique des lanceurs d’alerte et encadrerons les lobbys de l’agro-industrie comme de la chasse (interdiction stricte des interventions auprès des écoles, fermeture des écoles diplomantes appartenant à des entreprises privées et libération des lycées agricoles de la tutelle des chambres d’agriculture et des lobbys).

Nous formerons l’ensemble des professionnel·les en lien direct ou indirect avec les animaux à l’éthologie et au respect de la réglementation en vigueur, et ouvrirons un droit de visite inopiné pour les parlementaires dans les lieux fermés tels que les abattoirs et les laboratoires détenant des animaux.

Pour mieux protéger nos animaux familiers, outre un soutien aux associations en charge des animaux abandonnés, nous créerons, dans le cadre des Maisons des Animaux, des centres d’hébergement temporaires pour la prise en charge des équidés victimes d’abandon ou de maltraitance, mais aussi des animaux de ferme.

Nous renforcerons la loi du 30 novembre 2021 sur la vente en animalerie des animaux autres que chats et chiens (« nouveaux animaux de compagnie » notamment), ainsi que la vente d’animaux en ligne et limiteront les espèces d’animaux exotiques pouvant être de compagnie.

Nous organiserons la stérilisation des chats errants par les municipalités, sensibiliserons les propriétaires d’animaux à cette question, et interdirons les euthanasies non justifiées médicalement.

Nous lutterons contre le trafic d’animaux domestiques dans l’Union européenne et harmoniserons les systèmes d’enregistrement et de traçabilité.

D’une manière générale, nous faciliterons l’accompagnement des animaux avec leurs maîtres, que ce soit en EHPAD, en milieu hospitalier, dans les centres d’hébergement (femmes victimes de violence, personnes sans abri).

Nous définirons des conditions minimales de bien-être des animaux domestiques de compagnie et des équidés (réglementation et campagne de communication), aménagerons des espaces de vie pour les animaux domestiques en milieu urbain et aiderons les personnes à faible revenu à subvenir aux besoins de leurs animaux.

Enfin, nous inclurons les animaux dans les ordonnances de restriction pour violence au sein du foyer.

Nous organiserons des états généraux sur la question des animaux liminaires, soutiendrons la recherche publique pour des méthodes de cohabitation et interdirons les solutions létales dès lors qu’une alternative est possible.

Notre politique de protection des animaux d’élevage s’articule autour d’une remise en cause globale de notre production et consommation de produits animaux (et donc de notre système agricole). Nous défendons un objectif de diminution de 50 % de la consommation de protéines animales par une politique publique ambitieuse comprenant une augmentation drastique des aides couplées de la PAC pour la production de légumes et de légumes secs, le développement de l’algoculture et l’introduction de menus végétariens ou végétaliens dans la restauration collective (alternative quotidienne et un menu végétarien pour toutes et tous par semaine). Nous formerons également les chef·fes cuisiniers comme les professionnel·les de santé à l’alimentation végétale et mettrons en place une politique publique d’information et d’éducation nutritionnelle et écologique. Enfin, nous encadrerons la publicité pour les produits animaux.

Nous voulons sortir de toute urgence de l’élevage intensif. Aussi, nous interdirons immédiatement les fermes-usines comme les mutilations les plus cruelles ayant cours en élevage intensif, et nous organiserons la sortie de l’élevage en cages à horizon 2025 puis de l’élevage intensif à horizon 2027. Ces normes de production s’appliqueront aussi aux produits importés. Nous refuserons également l’utilisation de souches à croissance trop rapide.

Nous interdirons sans délai les pratiques les plus cruelles comme le broyage ou gazage des poussins mâles et des canetons femelles, l’épilation à vif ou le plumage à vif, ainsi que l’élevage pour la fourrure et son commerce.

Nous améliorerons les conditions d’abattage des animaux (garantie d’un étourdissement préalable, interdiction de l’abattage des femelles gestantes au-delà de 40 % de leur gestation, cessation de l’emploi du CO2 pour l’étourdissement des cochons, contrôle officiel permanent et installation de caméras) comme celles de transport (vers la fin des exportations d’animaux vivants, limite globale de durée à 8 heures et 4 heures pour les animaux plus fragiles, interdiction du transport des animaux non sevrés et des femelles gestantes au-delà de 40 % de leur gestation).

Concernant les animaux marins, nous sortirons de la pêche industrielle, interdirons tout commerce d’ailerons, renforcerons les moyens de lutte contre le braconnage et les « prises accidentelles ». Nous préserverons également l’écosystème marin par la mise en place d’une période de repos biologique sur la zone côtière, pendant la période de reproduction, ainsi que le développement des aires marines protégées.

Nous soutiendrons également une aquaculture écologique : diminution de notre demande de poissons carnivores d’élevage, refus de la création de fermes aquacoles hyper-intensives, interdiction de l’utilisation de farines animales, soutien aux alternatives à la pêche minotière, interdiction de l’élevage de poulpes. 

Nous encadrerons le rempoissonnement à des fins de pêche et interdirons les pratiques causant trop de souffrances comme l’utilisation d’animaux vertébrés vivants comme appât.

Pour protéger les animaux sauvages, nous proposons une grande réforme de la chasse, que notre livret détaille : week-ends, jours fériés et vacances scolaires sans chasse, interdiction de la chasse à courre et des chasses les plus cruelles et/ou non sélectives (chasse en enclos, vénerie sous terre, pièges mutilants, etc.), révision des périodes de chasse pour respecter les périodes de migrations, interdiction la nuit, réforme du permis de chasse, interdiction de chasser les espèces dont l’équilibre est menacé (liste rouge de l’UICN), interdiction de l’élevage à des fins de chasse et des lâchers, meilleur contrôle des armes…

Nous protégerons les habitats et les espèces (interdiction des pesticides, au moins 30 % du territoire national en aires protégées, passages à petite et grande faune sur le réseau routier et ferroviaire…), assurerons la protection des troupeaux dans les zones de vie des grands prédateurs tout en organisant une véritable étude sur les grands prédateurs pour pouvoir déterminer les règles d’une bonne cohabitation garantissant la préservation de ces animaux et la sécurité de tous, et supprimerons le principe de liste nationale déterminant les « espèces susceptibles d’occasionner des dégâts » (ESOD), pour y substituer une véritable approche territorialisée avec évaluation des populations et des dégâts à une échelle locale.

Nous abolirons les combats de coqs et la corrida, interdirons toute exploitation à des fins de représentation, détention et reproduction d’animaux sauvages à but lucratif, mettrons fin à la vocation de divertissement des parcs zoologiques détenus par l’État et des collectivités, interdirons toute reproduction des animaux en captivité qui ne sont pas sur la liste rouge de l’UICN et soutiendrons financièrement les structures sans but lucratif accueillant des animaux issus de la captivité.

Enfin, nous accompagnerons le développement de méthodes scientifiques de recherche sans expérimentation animale : financement et formation aux méthodes de substitution (rendues obligatoires dès qu’elles sont fiables), droit à l’objection de conscience en ce qui concerne l’expérimentation animale et la dissection durant les études, interdiction des expériences sur les singes, les chiens et les chats.

En espérant continuer avec vous cet échange sur nos sujets de préoccupations communs.