UNIOPSS

Tout au long de la campagne, de nombreuses organisations (associations, syndicats, collectifs, etc) sollicitent Jean-Luc Mélenchon pour qu’il détaille ses propositions sur des enjeux qui les concernent. L’équipe du programme et les groupes thématiques répondent, pour chacune de ces demandes, en développant des points précis de notre programme l’Avenir en commun.

L’Union nationale interfédérale des œuvres et organismes privés sanitaires et sociaux est une association loi de 1901 reconnue d’utilité publique, qui intervient auprès des organismes du secteur privé à but non lucratif de solidarité.

La société inclusive est un objectif répété des politiques publiques depuis  plusieurs années, mais sa mise en œuvre peut se révéler à la source de tensions. Comment  faire de l’inclusion progressivement une réalité, en tenant compte des vulnérabilités de  chacun ?  

Une société inclusive est une société consciente que l’égalité formelle – en droits – n’assure pas automatiquement l’égalité réelle – dans les faits. Et que si des situations identiques appellent des réponses identiques, les citoyennes et les citoyens les moins armé·es et les plus précarisé·es nécessitent des réponses spécifiques.

Premièrement, nous allons éradiquer la pauvreté par des mesures volontaristes. Nous créerons une garantie d’autonomie au niveau du seuil de pauvreté, et revaloriserons les salaires, qui ne suffisent plus pour vivre, en augmentant le SMIC à 1 400 euros net. Nous nous attaquerons à l’explosion du coût de la vie en bloquant les prix sur les produits de première nécessité, notamment le carburant et l’énergie, en encadrant les loyers ou encore  en rendant l’école réellement gratuite. Nous rendrons l’impôt plus juste en instaurant 14 tranches d’impôt sur le revenu et de CSG : 92 % des Français y seront gagnants.

Deuxièmement, nous allons ramener des services publics partout. Nous reconstruirons le maillage de transports en commun et de services publics, notamment dans les départements ruraux, les quartiers populaires et les Outre-mer, afin de garantir une distance maximale (de quinze à trente minutes, en voiture ou en transport collectif) entre tout lieu d’habitation et les services publics essentiels (école, gare, hôpital, bureau de poste). 

L’inclusion, c’est également la prévention et l’accès à la santé pour toutes et tous par le 100 % Sécu (remboursement intégral des soins prescrits), de désenclavement social des quartiers populaires ou encore l’accès gratuit aux études supérieures. 

L’égalité en droit et en fait doit progresser dans tous les domaines. Nous mettrons en œuvre un plan global de lutte contre les discriminations dans l’emploi, le logement, l’éducation, dans la santé, etc. Nous créerons un Commissariat à l’égalité doté d’un Observatoire des discriminations et de pôles spécialisés au sein des services publics et des cours d’appel et instaurerons le récipissé de contrôle d’identité par les forces de l’ordre pour lutter contre le contrôle au faciès. Nous mettrons également en œuvre un plan d’éradication des violences à l’encontre des personnes LGBTI.

Que ce soit à l’école, pour accéder aux services publics ou dans toutes les situations de la vie quotidienne, les personnes en situation de handicap doivent toujours faire face à de nombreux obstacles plus de quinze ans après la loi pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées du 11 février 2005. Le refus du gouvernement de déconjugaliser l’allocation aux adultes handicapés (AAH), c’est le refus de garantir leur autonomie. Nous déconjugaliserons l’AAH et nous lancerons un grand plan zéro obstacle contre les entraves, c’est-à-dire les obstacles au déplacement ou à la vie quotidienne et nous permettrons aux préfets de se substituer aux maires pour imposer les travaux. 

Enfin, l’économie sociale et solidaire représente un secteur d’avenir à forte valeur pour le changement de modèle de société à laquelle nous aspirons et pour la planification écologique au centre de notre projet politique. C’est pourquoi nous mettrons en place des financements structurels, et non uniquement par appel à projets, permettant notamment aux structures associatives d’avoir de la visibilité, de sortir de l’urgence, de la mise en concurrence constante et de la dépendance face aux élu·es pour permettre la construction d’actions pérennes en réponse aux enjeux sociaux et environnementaux.

Malgré les différents plans et les initiatives publiques, les professionnels restent  en manque de reconnaissance salariale et sociale et pour nombre d’entre eux, en quête de  sens. Comment redonner à ces métiers la place qu’ils méritent dans la société et renforcer  leur attractivité ?  

Les métiers du lien, fortement féminisés, représentent plus de 2 millions d’emplois à horizon 2040. Il est urgent de revoir leurs conditions d’exercice afin de lutter contre les fragmentations des journées de travail, les temps partiels subis ou encore l’absence de statuts spécifiques et de formation professionnelle qui génèrent des effets délétères sur la vie sociale et familiale des professionnels du lien comme sur les aides et soins apportées aux bénéficiaires. Nous organiserons une conférence sociale pour revaloriser en matière de salaires, de conditions de travail et de parcours professionnels les métiers occupés majoritairement par des femmes dans les secteurs du soin, du lien et du contact. 

Dans le secteur médico-social en général, nous engagerons un plan pluriannuel de recrutement de personnel·les pour améliorer les conditions de travail, nous revaloriserons les métiers et les revenus et augmenterons les capacités d’accueil des établissements. Les travailleur·ses sociaux, trop souvent oublié·es, seront également revalorisés.

Alors que le vieillissement de la société française est prévu et connu depuis plus  d’une décennie, aucune politique de grand âge ambitieuse n’a encore vu le jour, malgré les nombreuses promesses. Quelles seraient vos priorités en la matière ?  

Chacun a droit à des conditions de vieillesse dignes : c’est un enjeu de civilisation humaine, et à son cœur se trouve notre capacité à toutes et tous de recréer du lien, notamment entre les générations. 

La solidarité et le soutien aux personnes âgées à domicile en est le premier pan. Nous garantissons une retraite à minima au niveau du SMIC revalorisé toutes les pensions pour une carrière complète, et le minimum vieillesse sera porté au niveau du seuil de pauvreté. Nous développerons un service public dédié au maintien à domicile des seniors et nous le complèterons en favorisant l’émergence de dispositifs solidaires et intergénérationnels permettant le maintien à domicile le plus épanouissant et long possible : foncières solidaires proposant des approches adaptées aux besoins de chacun, habitats participatifs intergénérationnels, etc. 

Pour ce qui est des institutions qui prennent en charge nos aîné·es une fois que leurs besoins en accompagnement ou en soin ne permettent guère d’alternatives, nous entendons sortir du marché toutes les activités sociales et sanitaires qui devront être réservées à des structures à but non lucratif. Il faut sortir d’un modèle actuel de maltraitance institutionnelle de nos aîné·es et des travailleur·ses qui s’en occupent, en grande majorité des femmes. Des milliers d’emplois, 240 000 au minimum rien que pour les EHPAD, doivent être créés. Les salaires, le statut et les conditions de travail doivent être revalorisés.

La crise sanitaire a mis en lumière toutes les difficultés et la précarité d’une  grande partie de la jeunesse. Quelles sont vos mesures pour tenter de les atténuer ? Un  dispositif de ressources pour les jeunes, que les associations réclament depuis plusieurs  années, fait-il partie de votre programme ?  

De plus en plus de jeunes ont recours à des prêts bancaires pour payer leurs études et les frais quotidiens, d’autres survivent grâce à des petits boulots qui nuisent à leurs études ou grâce à l’aide alimentaire. Pour mettre un terme à la précarisation grandissante de leurs conditions de vie et d’étude, nous proposons d’instaurer une garantie d’autonomie pour les jeunes de 18 à 25 ans détaché·es du foyer fiscal parental et pour les lycéen·nes professionnel·le†s à partir de 16 ans qui portera leur revenu à 1063 € par mois

Cette garantie d’autonomie protégera les jeunes des difficultés engendrées par le cumul salariat-études. Elle leur permettra de prendre directement en main leurs affaires quotidiennes et de ne pas avoir à se reposer sur leurs familles, notamment pour les plus modestes. 

Nous proposons également la mise en place d’un « emploi spécifique jeune », d’une durée de cinq ans, dans le secteur non marchand et public, pour éliminer le chômage des jeunes qui est aujourd’hui trois fois supérieur à celui de leurs aînés à diplôme égal. Ce sont 300 000 emplois spécifiques jeunes qui seront créés, représentant un coût de 5,7 milliards d’euros par an.

Enfin, les jeunes profiteront de la construction de 15 000 logements étudiants par an, du blocage des prix des produits de première nécessité, de la gratuité de l’enseignement supérieur ou encore de l’encadrement des loyers.

La question de l’accès aux droits et à la santé est très liée aux inégalités  notamment territoriales, que connaît notre pays. Comment permettre à chacun d’entre nous  d’accéder aux droits auxquels il peut légitimement prétendre ?  

Pour enrayer la désertification médicale, un plan national de court, moyen et long terme doit être mis en place. Nous proposons de :

  • Mailler le territoire de centres de santé pluri-professionnels. Favoriser l’exercice des soins primaires en équipes (médecins, infirmier·es, kinésithérapeutes, diététicien·nes, médiateur·ices de santé, etc.) et leurs liens avec les hôpitaux publics de secteur. Ces centres seront aussi des lieux de formation privilégiés pour les étudiant·es se destinant à l’exercice des soins primaires.
  • Organiser des assises participatives de la médecine de proximité dans chaque région avec les acteur·ices concerné·es (représentant·es des usager·es, médecins généralistes et spécialistes, régulation SAMU, infirmièr·es libéral·es, internes de régions, service d’urgence de secteur, syndicats représentatifs, instances territoriales, etc.) afin de solutionner collectivement les problématiques de désertification médicale et d’accès aux soins. 
  • Mettre en place une organisation qui permette que l’ensemble du personnel médical et paramédical (étudiant·es compris) puisse assurer l’accès à des soins courants de proximité pérennes sur tout le territoire
  • Lutter contre le surmenage des médecins généralistes : Organiser une régulation en amont des consultations de médecine générale permettant une meilleure orientation des patient·es et une décharge d’activité administrative
  • Mettre en place une rotation de permanence de soins en centre de santé grâce à la mise en place d’un quota horaire mensuel à effectuer en zone de désert médical régionale (généraliste et spécialiste). Ces vacations permettront de venir en aide aux confrères et consoeurs de ces localités et d’assurer un accès aux soins à tou·tes (quatre à douze heures mensuelles à définir selon les régions). L’organisation de ces vacations seront assurées collectivement au sein des assises régionales
  • Garantir les temps hebdomadaires de travail, les rémunérations, les remplacements et repos compensateurs des astreintes et gardes
  • Créer des postes salariés d’infirmier·e de pratique avancée dans les centres de santé locaux en lien avec les médecins vacataires
  • Intégrer explicitement les sages-femmes en tant que professionnel·les de soins primaires et ouvrir la prescription au nécessaire à leur exercice
  • Réouvrir progressivement des lits en fonction des capacités avec l’objectif de garder un taux de lits vacants disponibles de 20 % pour pouvoir gérer sans tension les variations d’activité
  • Réouvrir graduellement des services d’urgences et maternités de proximité afin d’assurer un service de santé public à moins de 30 minutes de chaque Français·e
  • Engager un plan de formation massif des professionnel·les de santé. Augmenter les moyens alloués aux facultés de médecine et réformer la formation pratique pour rendre effectif la fin du numerus clausus. Réhabiliter la possibilité de redoublement pour l’entrée en faculté de médecine
  • Généraliser les contrats d’études dans toutes les formations paramédicales (infirmier·es, aides-soignant·es, ambulancier·es, etc.) avec une rémunération au SMIC pendant la formation contre un engagement à servir dans un établissement ou dans un territoire pendant un certain nombre d’années
  • Permettre aux étudiant·es en médecine d’étudier dans des conditions correctes jusqu’à la fin de leur internat grâce à une garantie d’autonomie de 1063 euros et reconnaître leur travail de stage. 
  • Organiser la participation active des étudiant·es tout au long de leur parcours aux différents projets de santé publique dont les assises de la médecine de proximité, en relation avec leur cursus et choix de spécialité (pour les internes)
  • Augmenter le recours au contrat d’engagement de service public (CESP) pour les étudiant·es en médecine avec un objectif de 10 000 contrats conclus à la fin du quinquennat

Quelles mesures envisagez-vous pour favoriser et renforcer le dialogue des  associations avec les pouvoirs publics, qu’ils soient locaux ou nationaux ?

Nous redonnerons du pouvoir et des moyens aux associations citoyennes et aux acteurs de l’éducation populaire. Les associations seront bien mieux intégrées à la décision publique. Elles seront associées aux travaux du Conseil à la planification écologique et de l’Agence pour la relocalisation. Nous imposerons par ailleurs leur représentation dans les instances de décision des grandes entreprises.

Nous créerons 300 000 emplois jeunes dans le secteur public mais aussi non marchand, ce qui soutiendra le tissu associatif. Avec la mise en place du service citoyen, des milliers de jeunes prendront part à des missions d’utilité publique, notamment dans des cadres associatifs.