Têtu

Tout au long de la campagne, de nombreuses organisations (associations, syndicats, collectifs, etc) sollicitent Jean-Luc Mélenchon pour qu’il détaille ses propositions sur des enjeux qui les concernent. L’équipe du programme et les groupes thématiques répondent, pour chacune de ces demandes, en développant des points précis de notre programme l’Avenir en commun.

Nous répondons ci-dessous aux questions de Têtu.

Si vous êtes élu·e président·e, vous engagez-vous à :

GPA

  • Légaliser la possibilité d’une GPA éthique ? Non.
  • Organiser un débat public sur la légalisation d’une GPA éthique ? Non.
  • Reconnaître automatiquement la filiation des enfants nés d’une GPA à l’étranger ? Oui.

Nous ne croyons pas à une GPA éthique et bénévole. Nous maintiendrons le statu quo actuel. Les enfants nés d’une GPA à l’étranger doivent pouvoir être reconnus : c’est l’intérêt supérieur de l’enfant, qui doit primer en toutes circonstances. 

PMA

  • Autoriser la technique de la Ropa (don d’ovocyte au sein du couple) ?  Oui.
  • Ouvrir la PMA aux hommes trans en capacité de porter un enfant ? Oui.
  • Mettre en œuvre des mesures pour répondre à la pénurie de gamètes ? Oui.

La loi Bioéthique aurait dû être une grande loi d’égalité. Au lieu de ça, le gouvernement n’a ouvert la PMA qu’à la plus petite portion des femmes qu’il était possible de faire, et n’a pas mené la réforme de la filiation pourtant nécessaire. Nous avons défendu avec les député·es insoumis·es l’ouverture de la PMA à toutes les personnes en capacité de porter un enfant. Nous avons défendu l’ouverture de la technique de la ROPA, ainsi que l’accès à leur propres gamètes pour les femmes trans qui les auraient fait conserver. Cette mesure répond d’ailleurs pour partie à la pénurie de gamètes. Nous avons par ailleurs fait la proposition de campagnes actives pour le don de gamètes.

Transidentités

  • Permettre le changement de genre à l’état civil sur simple déclaration ? Oui.
  • Faciliter l’accès à un parcours médical de transition ? Oui.
  • Supprimer la mention de genre sur les documents d’identité ? Non.

Nous sommes pour le changement d’état civil libre et gratuit en mairie. Nous voulons même inscrire la liberté de changer de genre dans la constitution. Cela correspond à notre parti pris philosophique résolument humaniste. Nous considérons les êtres humains comme étant les inventeurs d’eux-mêmes. Nous défendons par ailleurs le remboursement à 100% de tous les actes prescrits, et donc des parcours trans, ainsi que leur dépsychiatrisation. 

Sécurité

  • Renforcer la formation initiale des forces de l’ordre aux LGBTphobies ? Oui.
  • Interdire, à l’image de la lutte contre les violences conjugales, les mains courantes dans les affaires de violences LGBTphobes au profit des plaintes ? Oui.
  • Revenir sur la pénalisation des clients du travail du sexe (loi 2016) ? Non.

La police doit être réformée de fond en comble. La formation initiale des forces de l’ordre sera portée à deux ans, de manière à pouvoir intégrer de nouveaux sujets, dont les LGBTIphobies doivent faire partie. Nous donnerons aussi plus de moyens au Défenseur des droits, et supprimerons l’IGPN pour le remplacer par une autorité indépendante incluant des magistrat·nes, des universitaires, des citoyen·nes, rattachée au Défenseur des droits. L’interdiction des mains courantes pour les affaires de LGBTphobies peut faire partie des mesures venant renforcer la lutte contre les violences.

Au nom de la dignité des personnes, nous ne sommes pas favorables à la prostitution. Au nom de cette même dignité, nous pensons que les personnes prostituées ont des droits qui doivent être garantis. La prostitution est d’abord une question de précarité et de santé publique. Nous financerons toutes les associations de santé qui viennent en aide aux personnes prostituées et formerons les soignant·es sur les violences spécifiques auxquelles les personnes prostituées sont exposées. Nous augmenterons tous les minimas sociaux et nous garantirons un vrai accompagnement social dans la durée, qui permette l’accès à la formation, au logement, un droit au séjour pérenne, et un revenu correct pour vivre. 

École

  • Renforcer les moyens des associations LGBT+ intervenant dans les collèges et lycées ? Oui.
  • Faire respecter l’autodétermination de genre des élèves ? Non.
  • Passer d’une obligation de moyens à une obligation de résultat dans le traitement par les établissements scolaires de la lutte contre le harcèlement ? Non.

L’école est un espace qui peut tant émanciper qu’il peut parfois reproduire les dominations. Il faut donc favoriser les agréments pour les associations LGBTI en milieu scolaire, et leur octroyer des moyens dont elles manquent trop aujourd’hui. Pour les jeunes en questionnement sur leur genre ou qui souhaitent entamer des parcours de transition, l’école ne doit pas ajouter aux discriminations qu’ils subissent déjà en dehors. Elle doit au contraire être un espace qui accompagne la découverte de soi-même. Nous mettrons enfin en place un grand plan de lutte contre le harcèlement scolaire et les violences verbales et physiques, avec, notamment, des formations pour l’ensemble des personnels, des temps de concertation et des actions de sensibilisation auprès des élèves.

Santé 

  • Mettre en œuvre une politique de réduction des risques liés au chemsex ? Oui.
  • Interdire les mutilations des mineurs intersexes ? Oui.
  • Déconjugaliser l’allocation adulte handicapés (AAH) ? Oui.

Nous voulons mettre en œuvre une stratégie de prévention spécifique aux usager·es de chemsex par un renforcement des moyens alloués par les pouvoirs publics aux associations qui interviennent dans la prévention, la réduction des risques et l’accompagnement. Il faut par ailleurs encore faciliter le dépistage régulier du VIH, des hépatites et des IST, en augmentant le nombre de CEGIDD et rendant gratuits les dépistages IST en laboratoire, comme cela est désormais le cas pour le VIH. Il faut aussi faciliter l’accès à la PrEP, au TPE et au traitement, quel que soit son lieu de résidence, ses revenus ou son statut administratif.

Nos députés ont porté des amendements pour interdire les opérations et les traitements non consentis sur les personnes intersexes durant les débats sur la loi Bioéthique. Ils ont été refusés par le gouvernement.

Nous voulons légiférer clairement pour interdire les opérations et les traitements non consentis sur les personnes intersexes

Il faut mettre en place une information complète des personnes intersexes et de leur entourage, dans un cadre non pathologisant, avec un accès complet à leur dossier médical, favorisant l’échange et la rencontre avec d’autres personnes concernées. Il faut former le personnel médical, juridique, scolaire et social susceptible d’être en contact avec des personnes intersexes de tout âge.

Nous voulons enfin, bien entendu, déconjugaliser l’allocation adulte handicapés. L’AAH est censée garantir l’autonomie comme son nom l’indique. Or, conditionner le montant de l’AAH aux revenus du/de la conjoint(e), ne peut que renforcer la dépendance financière de la personne en situation de handicap à son ou sa conjoint(e). Mais l’AAH est aussi trop faible : il faut augmenter les montants de toutes les allocations au-dessus du seuil de pauvreté.

International

  • Soutenir les institutions européennes dans leurs sanctions contre les États membres menant une politique LGBTphobe ?

Oui. Nous soutenons la création et la mise en œuvre du règlement sur la conditionnalité liée à l’état de droit. Nous regrettons et condamnons l’incompréhensible retard dans son activation contre la Pologne et la Hongrie. Nous soutenons de même les procédures en cours contre la Hongrie et la Pologne au titre de l’article 7 TUE, et condamnons la manque d’avancée de la part du Conseil dans ces procédures.

  • Créer au ministère des Affaires étrangères un représentant aux droits des personnes LGBT+ dans le monde ? Oui.
  • Initier un mouvement international de dépénalisation universelle de l’homosexualité ? Oui.

Visibilité 

  • Assurer la représentation LGBT+ au sein du gouvernement ? Oui.

Pendant les 5 années de mandat qui viennent de s’écouler, nos députés n’ont cessé de se battre pour inclure des dispositions en faveur de l’égalité, y compris dans les projets de loi qui n’étaient pas uniquement centrées sur les droits LGBTI. Notre méthode a toujours été de chausser des lunettes LGBTI, féministes et antiracistes face à chaque question politique. La représentation est importante mais ne saurait se substituer à une politique concrète en faveur de l’égalité. Notre mouvement comprend de nombreuses personnes LGBTI depuis son début, y compris au sein de ses cadres, mais nous n’en ferons pas un casting. Nous nous méfions des façons dont la représentation est utilisée à des fins de pinkwashing pour au final justifier des politiques libérales. Nous pouvons assurer que les personnes LGBTI seront présentes car elles l’ont largement été pendant 5 ans, mais c’est avant tout cette méthodologie d’adoption constante d’un regard minoritaire qui garantira leur présence dans notre action gouvernementale et dans l’image de la société que nous renverrons.

  • Reconnaître officiellement les victimes de la pénalisation de l’homosexualité en France ? Oui.

La réalité des condamnations pour homosexualité est méconnue et longtemps restée un tabou de l’État français. Si l’on s’est largement félicité de la dépénalisation de 82, c’est en oubliant et laissant de côté toutes ces personnes injustement condamnées au nom de l’idée que leurs amours constituaient un “attentat à la pudeur”. Les chercheurs Jérémie Gauthier et Régis Schlagdenhauffen ont à cet égard fait un important travail de recension et d’analyse pour montrer cette réalité, parfois difficile à lire entre les lignes d’une législation volontairement disparate en chiffrant les condamnations à 10 000 (au bas mot).

Nous nous engageons à ce que la France reconnaisse enfin le préjudice causé aux homosexuel·les et offre des réparations comme c’est le cas pour les victimes d’erreurs judiciaires, car tout comme eux ce sont des personnes dont l’honneur a été sali et pour la majorité d’entre eux qui ont reçu des peines de prison pour rien.

  • Autoriser l’utilisation de l’écriture inclusive au sein de l’administration ? Oui.

Nos communications et nos outils numériques utilisant l’écriture inclusive, nous ne nous lancerons bien évidemment pas dans une absurde interdiction d’un mode d’expression que nous approuvons et utilisons au quotidien. Il en va de même avec les formulaires administratifs dont la binarité rigide ne correspond pas à la réalité de nos citoyen·nes.