TheMetaNews

Tout au long de la campagne, de nombreuses organisations (associations, syndicats, collectifs, etc) sollicitent Jean-Luc Mélenchon pour qu’il détaille ses propositions sur des enjeux qui les concernent. L’équipe du programme et les groupes thématiques répondent, pour chacune de ces demandes, en développant des points précis de notre programme l’Avenir en commun.

Nous répondons ci-dessous aux questions de la newsletter TheMetaNews.

  • Le XIXe siècle nous confronte de plus en plus à des questions liées à la biologie (PMA, OGM, intrants dans l’agriculture…) et ce alors qu’écrans et autres dispositifs numériques nous coupent de plus en plus de la nature. Comment apprendre à nos concitoyens à observer le monde naturel qui les entoure, à s’appuyer sur les faits observés pour devenir plus résilients aux « faits alternatifs » ? Plus généralement, comment réintroduire la culture scientifique et la rationalité dans notre société, en faire les prérequis indispensables pour forger les principes éthiques qui fournissent des orientations pour la conduite humaine, individuelle et collective ?

Le changement climatique est commencé et il est irréversible. Les grandes perturbations sont déjà à l’œuvre et nous placent au seuil de multiples points de bascule. Nous voici entrés dans l’ère de l’incertitude écologique. Celle-ci exige une science politique nouvelle pour gouverner. Ainsi, le thème de la planification comme récupération de la gestion du temps long s’impose. La Science peut donner des points d’appui essentiels à l’anticipation et à l’adaptation. Mais diffuser la culture et les savoirs scientifiques dépendent de la collecte de milliers de données, de leur traitement et de leur diffusion. Comment y associer les citoyens sans cela ?

La  science et la recherche scientifique ne peuvent être dissociées des conditions de leur production. Ainsi, il faut d’abord assurer les moyens de la collecte des données. D’où l’importance pour l’avenir des investissements publics dans la recherche fondamentale, les laboratoires, le matériel et les scientifiques eux-mêmes. Ensuite, la logique des brevets et de la marchandisation des savoirs nuit à la diffusion de la culture et des savoirs scientifiques. Cela sera stoppé. La diffusion gratuite des données et de leurs interprétations deviendra la règle.

Les connaissances et la méthode scientifiques pourraient aussi être mieux transmises aux citoyens. Ce savoir se crée par un lent travail collectif critique alternant sans cesse observations, expérimentations et constructions théoriques. Il est difficile de saisir que ce savoir peut être à la fois toujours en construction et qu’en même temps il permette de produire des connaissances de vérisimilitude croissante. Ce mode spécifique d’appréhension de notre monde s’apprend surtout à l’université par la confrontation à la recherche. D’où notre attachement à ce que les enseignants-chercheurs y participent activement afin de le transmettre. 

De même, les futurs centres polytechniques professionnels que nous souhaitons créer seront en lien avec les universités. Pour faciliter ce partage du savoir scientifique, il faut améliorer les conditions de travail au sein de l’université. C’est ce que nous proposons avec la résorption de la précarité et le temps long recouvré grâce à des dotations pérennes à la hauteur.

L’université doit aussi s’ouvrir largement. Nous supprimerons les frais d’inscription et assurerons sa gratuité réelle. Aucun étudiant ne vivra au-dessous du seuil de pauvreté : une garantie d’autonomie assurera que chaque jeune, détaché du foyer fiscal de ses parents, touche au moins 1063 euros. Nous réinstaurerons des cours du soir ou conférences, afin que l’université redevienne populaire.

Au lycée et au collège aussi, les savoirs et la démarche scientifique doivent être mieux enseignés. C’est ce que permettra notre programme avec le recrutement de 160 000 enseignants, le renforcement du lien entre lycée et université et une meilleure formation continue des enseignants. Pour que tous les citoyens puissent mieux appréhender la science, nous développerons les sciences participatives, comme ce qu’a su construire le Muséum d’Histoire Naturelle. L’enseignement de l’histoire des sciences sera aussi renforcé, ainsi que la médiation scientifique, en étant davantage développée par le biais de l’audiovisuel public et le soutien aux établissements comme la Cité des sciences.

  • Quelle place allez-vous accorder à la défense de l’intégrité scientifique dans votre quinquennat ? Plus largement, comment allez-vous tenir compte de la « bonne » science dans l’élaboration des politiques (science based policy) que vous allez mettre en place ?

Des chartes d’intégrité ou d’éthique scientifique fleurissent pour faire face aux fraudes ces dernières années. Pour nous, le problème ne se résout pas par des chartes. La communication scientifique est entrée dans l’ère de la société du spectacle. Les chercheurs doivent vendre un résultat, comme on vend un paquet de lessive. Par conséquent, les citoyens se méfient de plus en plus de certaines institutions scientifiques. Il faut s’attaquer aux racines de ces dérives, dont la principale est que la connaissance est devenue presque une marchandise comme les autres.

Notre programme rompt avec les logiques de concurrence généralisée et de collusions avec les intérêts privés qui induisent ces dérives. Nous créerons un service public gratuit de la publication scientifique, afin de diffuser sans profit le savoir scientifique. Nous en finirons avec la multiplication des publications, en arrêtant l’évaluation sur ces critères par la suppression du Hcéres et de toutes les primes dites « au mérite ». Nous limiterons la concurrence, créée par le système des appels à projet, en supprimant l’ANR, qui transforme les chercheurs en chercheurs d’argent. 

Pour la communication scientifique, nous encouragerons les expertises collectives dont les acteurs désignés sont les communautés elles-mêmes, telles que celles menées par le GIEC ou l’IPBES, pour éviter l’instrumentalisation des scientifiques par les médias ou les politiques (comme dans le cas du conseil scientifique dans la gestion de la pandémie de Covid-19). Enfin, nous encadrerons les liens avec le privé. La création d’un pôle public du médicament permettra par exemple aux citoyens de recouvrer la confiance dans ce domaine.

Pour nous, les décisions publiques doivent toujours être prises démocratiquement. Les scientifiques ont un rôle important pour éclairer par le savoir scientifique les conséquences des différentes décisions possibles. Les façons d’organiser ce dialogue peuvent être diverses : des expertises collectives de la communauté scientifique, des conférences citoyennes… Mais il convient de rappeler que, pour nous, les politiques doivent décider en fonction des engagements pris devant les électeurs. 

  • Si vous êtes élus, qu’en sera-t-il des moyens donnés pour la recherche publique ? Les moyens récurrents des laboratoires seront-ils augmentés afin de diminuer la part de financement sur projets qui consomment une part importante du temps et de l’énergie des chercheurs pour des résultats souvent démotivants ?

Il faut distinguer la part des richesses octroyées à la recherche et la façon dont ces moyens sont alloués entre acteurs.

Les enjeux sociaux et écologiques nécessitent plus de savoirs scientifiques dans tous les domaines, y compris et surtout en sciences sociales. Nous proposons donc d’atteindre 1,5% de R&D dans les dépenses des administrations publiques d’ici 5 ans en lieu et place du 0,76% actuel (17,9 milliards). Une partie viendra de la suppression du Crédit Impôt Recherche, niche fiscale qui coûte 7 milliards d’euros au budget de l’État, alors même qu’elle est inefficace pour favoriser la R&D privée.

Mais la répartition des moyens pose aussi problème avec une attribution par appel d’offres auprès d’une multitude de guichets. La perte de temps et d’argent est considérable. Avec un taux de succès de 23% en 2021 à l’ANR, 77% des projets montés ne sont pas financés. De plus, certains scientifiques ou unités concentrent tous les moyens, conduisant ainsi à des épidémies de burn out, quand les autres en n’ont aucun ! Enfin, ce système ne permet pas en réalité un pilotage de la recherche. Les chercheurs écrivent dans les rapports ce que les donneurs d’ordre veulent entendre. Avec ce système, ils perdent le temps long sans lequel aucune recherche de qualité ne peut être conduite.

Nous proposons une rupture franche avec la suppression de l’ANR et des initiatives d’excellence. L’argent sera redistribué aux unités sous la forme de crédits récurrents. Le budget de l’ANR et de la composante structurelle des initiatives d’excellence représente 2,7 milliards à redistribuer, soit 11 270 euros par agent titulaire présent dans chaque unité. L’argent serait ainsi redistribué dans les unités et, ensuite, géré démocratiquement via le conseil d’unité en fonction des besoins. Plus besoin d’appels à projet pour payer le gaz, l’électricité, l’essence ou le matériel informatique !

  • Les jeunes chercheurs en doctorat sont la force vive de la Recherche française. Pourtant, nombre d’entre eux travaillent sans contrat ni rémunération. Cette situation est source de précarité et impacte la reconnaissance du caractère professionnel du doctorat. Vous Président·e, vous engagez-vous à proposer un contrat de travail à tous les jeunes chercheurs préparant un doctorat en France, quelle que soit la spécialité, d’une durée minimale de trois ans, garantissant une rémunération mensuelle supérieure au Smic ainsi que des droits sociaux ?

Le doctorat est un diplôme très important. Les doctorants assurent un travail crucial pour la recherche et ils sont souvent sur les fronts de science. Or aujourd’hui beaucoup trop de doctorants font des thèses dans des conditions déplorables, avec du stress et beaucoup de pressions, quand ils ne sont pas victimes de harcèlement moral. La dégradation des conditions de recherche et le manque d’emplois expliquent la baisse continue du nombre de docteurs de 81 000 en 2009 à 70 000 aujourd’hui.

26% des doctorants ne bénéficiaient pas de financements en 2018. Nous augmenterons donc de 8000 le nombre d’allocations annuelles.

La dernière année est souvent très compliquée et facteur de stress. En 2018, 57 % des docteurs soutenaient leur thèse 40 mois après leur inscription, le financement de la 4ème année et leur réinscription est donc souvent un casse-tête. Pour cette raison, nous ouvrirons la possibilité d’une prolongation du financement de l’allocation doctorale en 4ème année après avis motivé du comité de suivi de la thèse.

  • Le privilège des grandes écoles et l’effritement continu du budget par tête d’étudiant fait globalement des universités les parents pauvres de l’enseignement supérieur. De plus, le modèle d’évaluation peine à reconnaître la qualité de nombre d’établissements peu visibles en matière de recherche, mais qui remplissent des fonctions majeures : formation et intégration des jeunes, accès à l’emploi, innovation… Quelles solutions proposez-vous pour mieux les accompagner sans nuire à l’effort de recherche des plus performants ?

Nous ne partageons pas la vision gestionnaire qui accorde du crédit aux indicateurs du « classement de Shanghaï ». Cette approche d’évaluation quantitative met en concurrence les universités dans un grand marché international du savoir. Ce n’est pas notre philosophie du service public d’enseignement supérieur et de recherche.

Nous voulons reconnecter les moyens attribués aux universités aux effectifs des étudiants accueillis et assurer un maillage territorial de qualité. Pour cette raison, nous abrogerons la loi LRU, nous reviendrons sur l’autonomie financière des universités et nous supprimerons les initiatives d’excellence qui induisent de fortes inégalités entre universités. Les budgets dépendront donc avant tout des étudiants accueillis et pas du classement de Shanghai.

Pour améliorer la qualité de l’encadrement dans les universités, nous souhaitons fortement augmenter le taux d’encadrement, c’est un des objectifs de notre plan de recrutement de plus de 30000 emplois statutaires. La qualité de l’encadrement passe aussi par une plus grande disponibilité des enseignants-chercheurs. Pour cette raison, nous proposons de passer de 192 à 160h HTD pour la charge d’enseignement annuelle.

Nous ne pensons pas que ces mesures nuisent aux centres de recherche qui seraient plus performants, car même les chercheurs des universités aujourd’hui dites d’excellence ont besoin que leurs collègues d’universités plus modestes en taille aient les moyens de travailler. Rappelons que le savoir prend de la valeur à mesure qu’il se partage, pas le contraire !

  • La crise que nous traversons plaide pour une recherche forte et dynamique en France. Or j’ai personnellement formé de trop nombreux chercheurs et doctorants qui sont allés ensuite exercer leur métier à l’étranger. Comment allez-vous rendre les carrières plus attractives, en particulier pour les jeunes ?

Le manque d’attractivité de la recherche française est à nuancer. D’abord, le taux de pression sur les concours est très fort en réalité (22 candidats par poste au CRCN, 24,9 à l’INRAE, 7,4 pour les MCF). De plus, la part des chercheurs étrangers est très importante : 15,6% dans les organismes de recherche, 10,5% dans l’enseignement supérieur et seulement 5% dans les entreprises privées en 2015. Cette part augmente chaque année. Cela est dû au statut de fonctionnaire et aux moyens notamment en termes d’appui et de techniciens restent assez attractifs pour des chercheurs, au regard de la situation à l’étranger. Mais vous avez raison, notamment par manque de postes, nombre de jeunes chercheurs vont à l’étranger pour faire de la recherche et un nombre encore plus important abandonne, lassés de tant d’échecs à des concours. Comment éviter ce gâchis ? 

Il y a trois leviers que nous utiliserons. D’abord, notre programme propose un plan pluriannuel de recrutement de 30 000 personnels statutaires sur 5 ans a minima, avec en parallèle un audit des besoins dans tous les corps de métier qui permettra d’ajuster ce plan. Nous engagerons la titularisation de tous les contractuels volontaires exerçant des fonctions pérennes. Ensuite, il faut mieux rémunérer les personnels, qui ont vu leur salaire perdre de la valeur avec le gel du point d’indice tandis que l’inflation continuait. Nous proposons de revaloriser la rémunération de tous les fonctionnaires, le dégel du point d’indice et l’engagement de discussions sur la refonte des grilles avec les partenaires sociaux. Enfin, les conditions de travail se sont détériorées avec le New public management dans les services publics. Pour la recherche, nous avons répondu précédemment que nous supprimerons l’ANR et l’Hcéres. À l’hôpital, nous supprimerons la tarification à l’acte qui relève du même contrôle managérial du service public.

  • Pour moi, c’est vraiment simple : si vous êtes élu·e, supprimez-vous le Crédit impôt recherche ? Si oui, comment répartissez-vous la manne ? Sinon, quelle part du budget des universités ne doit-il pas dépasser ?

La réponse est simple en ce qui nous concerne. Nous abrogerons le Crédit Impôt Recherche qui n’a pas démontré son efficacité pour favoriser la R&D privée. En effet, son explosion depuis sa réforme par Nicolas Sarkozy et son approfondissement sous François Hollande ne se sont pas accompagnés d’une augmentation de la part de la R&D privée dans le PIB, ni d’une croissance des emplois dans la recherche dans les entreprises bénéficiant de ce dispositif. Pire, la R&D privée a largement été sabrée par des licenciements, notamment dans la R&D de l’industrie pharmaceutique qui a perdu 700 emplois par an en moyenne. Un dispositif de substitution sera mis en œuvre pour remplacer le CIR dans le privé, afin de cibler les entreprises qui investissent effectivement dans la recherche. 

  • L’âge auquel on candidate aux postes de chercheur et enseignant-chercheur tourne autour de 33-35 ans et les candidatures se font dans une compétition forte voire extrême. Comment donner autant de chances aux femmes qu’aux hommes dans ce contexte?

Il faut d’abord réduire cette pression. C’est le sens du plan de recrutement de plus de 30 000 emplois statutaires et de la titularisation de tous les contractuels exerçant des fonctions pérennes que nous proposons. Ensuite, il faut former les membres des jurys aux mécanismes de discrimination entre les hommes et les femmes. Par exemple, il est toujours intéressant de savoir que les discriminations sont plus fortes lors des oraux. Enfin, les critères de recrutement doivent être revus pour éviter la surenchère sur la bibliométrie qui favorise ceux qui passent leurs nuits à écrire une montagne d’articles que personne n’a le temps de vraiment lire. Ce type de critères pousse au burn out et discrimine tous les parents, hommes et femmes, qui ont des jeunes enfants. Les prolongements de contrat doctoral en cas de congé de maternité doivent devenir de droit, comme pour l’obtention d’un CRCT après un congé de maternité pour les enseignantes-chercheuses. Le recrutement doit tenir compte plus de la qualité de la recherche passée et du projet que de critères quantitatifs.

  • Alors que toutes les sociétés savantes pointent depuis de nombreuses années la nécessité d’emplois pérennes dans la recherche, la Loi de programmation de la recherche a au contraire introduit de nouvelles formes d’emplois précaires. Pensez-vous persister dans cette approche ?

Nous sommes opposés à cette approche qui précarise encore plus la communauté. Par ailleurs, ces nouveaux contrats mettent en danger les statuts actuels. Le CDI de mission pourrait à terme remplacer tous les postes statutaires d’ingénieurs, d’assistants ingénieurs, de techniciens de recherche ou de BIATSS. Le CDD chaire junior pourrait préfigurer un remplacement des Maîtres de Conférences et des Chargés de Recherche pour réserver les statuts de fonctionnaires aux professeurs et directeurs de recherche. La chasse à l’emploi pérenne des fonctionnaires est d’ailleurs ouverte plus largement, puisque le candidat Macron semble vouloir supprimer le CAPES et le statut de fonctionnaire des professeurs.

Notre projet est diamétralement opposé. Nous pensons que le statut de fonctionnaire est un atout pour notre République. C’est un facteur de stabilité, bien évidemment, mais aussi un gage d’indépendance des agents du service public vis-à-vis de tous les pouvoirs, qu’ils soient économiques, politiques ou religieux. Comment la science pourrait recouvrer la confiance des citoyens si les salaires des chercheurs de l’INSERM dépendaient de projets financés par SANOFI ou ceux sur l’énergie de contrats financés par Total ?

Nous proposons donc l’abrogation de la LPR et des décrets instituant ces nouveaux contrats, mais aussi le LRU et les contrats qu’elle a créé. Nous proposerons une nouvelle loi d’orientation programmatique avec un plan de recrutement de plus de 30 000 emplois statutaires et la titularisation de tous les contractuels exerçant des fonctions pérennes. Bref, nous prendrons la direction opposée.

  • La recherche n’a pas eu « son » ministère depuis Roger-Gérard Schwartzenberg en 2002. Vingt ans après que la Chine a tout misé sur ses chercheurs avec les résultats que l’on sait, allez-vous créer un vrai ministère de la recherche de plein exercice sans essayer de la diluer dans l’enseignement supérieur ou l’industrie ?

Nous ne pensons pas que l’ambition de notre programme puisse se résumer à l’existence ou non d’un ministère de la recherche de plein exercice. Cette proposition ne nous semble pas souhaitable, car nous restons attachés au lien organique entre enseignement supérieur et recherche. Il n’existe pas de transmission du savoir critique en construction sans lien avec la production de ce savoir au sein d’unités de recherche. Par ailleurs, nous ne procéderons à aucune fusion des direction générales : celles de l’enseignement supérieur et celles de la recherche seront maintenues dans leur périmètre actuel.

En revanche, notre ambition pour la recherche est forte. Nous souhaitons atteindre 1,5% du PIB pour la seule composante de la R&D des administrations publiques avec un plan de recrutement de plus de 30 000 emplois statutaires et la titularisation de tous les contractuels exerçant des fonctions pérennes, ainsi qu’une revalorisation de la rémunération de tous les fonctionnaires, le dégel du point d’indice et l’engagement de discussions sur la refonte des grilles avec les partenaires sociaux. D’autre part, nous souhaitons mettre fin à la logique folle des appels à projets en redistribuant l’argent de l’ANR et des initiatives d’excellence au fonctionnement récurrent des unités. Un chercheur ne devrait pas avoir à monter un projet pour bénéficier de l’équipement de base (petit équipement, consommables, informatique…) ou des déplacements nécessaires à son travail. Les appels à projet doivent être réservés pour les grands équipements collectifs ou l’ouverture de nouveaux champs de recherche. Enfin, notre engagement pour la recherche se traduit aussi par le rôle central que nous souhaitons donner au CNRS et aux autres EPST. Nous les renforcerons là où d’autres veulent les transformer en agences de moyens avant de les fusionner avec l’ANR.

  • Les chercheurs sont déjà parmi les professions les plus évaluées, que ce soit par leurs pairs (CNU) ou par des structures comme le Hceres, qui connaît une récente dérive bureaucratique. Comment envisagez-vous l’évolution de ces structures et plus largement, comment allez-vous vous assurer que le temps des chercheurs soit dévolu à la science et non à remplir des dossiers ?

La dérive bureaucratique du Hcéres que vous mentionnez résulte du « New Public Management ». L’idée centrale est que pour obtenir le « meilleur » des agents, il faut à la fois les contrôler et les sanctionner, mais surtout favoriser leur individualité pour qu’ils soient « pro-actifs ». Les mécanismes d’évaluation poussent chaque chercheur à se distinguer des autres en accroissant sa renommée, mais aussi, et c’est une injonction paradoxale, en respectant des critères prédéterminés par les managers : nombre de publications, de colloques ou de projets déposés, présence dans les médias, etc. Ces méthodes mettent en concurrence les acteurs à tous les échelons : universités, unités, disciplines… Cette approche, qui porte en elle une méfiance généralisée vis-à-vis de tous les personnels, mène mécaniquement à une bureaucratisation avancée.

Notre approche est différente, car nous pensons que la production du savoir scientifique est avant tout une aventure collective. Sans les techniciens, les administratifs, et tous les chercheurs qui, à un moment ou un autre, ont fait progresser un front de science, il n’y a aucune découverte ou avancée possible. D’autre part, nous avons confiance en la motivation des chercheurs, nous ne croyons pas que les scientifiques soient des tire-au-flanc qu’il faudrait occuper par la création de start-up !

Pour ces raisons, nous proposons dans le programme la suppression du Hcéres. Nous sommes par ailleurs opposés à toute rémunération individualisée sur la base des évaluations. Nous supprimerons donc toutes les primes au soi-disant mérite qui pullulent depuis la loi de transformation de la fonction publique.

Il faudra ensuite débattre avec l’ensemble de la communauté des modalités d’évaluation, dont les prérogatives doivent revenir aux instituts et à un Conseil National des Universités renforcé dans sa dimension démocratique et en lien avec les universités.

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