UNADIF-FNDIR – Union Nationale des Associations de Déportés et Internés de la Résistance et Familles

Tout au long de la campagne, de nombreuses organisations (associations, syndicats, collectifs, etc) sollicitent Jean-Luc Mélenchon pour qu’il détaille ses propositions sur des enjeux qui les concernent. L’équipe du programme et les groupes thématiques répondent, pour chacune de ces demandes, en développant des points précis de notre programme l’Avenir en commun.

L’association UNADIF-FNDIR, créée en 1945, au retour des Déportés, et reconnue d’Utilité Publique, rassemble en son sein les Déportés, Internés, Résistants, Familles et Descendants pour entretenir la pérennité de la Mémoire de la Résistance et de la Déportation.

Quelle est votre conception de la Mémoire de la Résistance et de la Déportation durant la Seconde Guerre Mondiale et comment voulez-vous la perpétuer ?

La politique de déportation et d’extermination pratiquée par le régime nazi et ses alliés est la plus grande horreur qui soit dans l’histoire des barbaries. C’est notre devoir de mémoire de combattre sans cesse les partis, mouvements et groupuscules d’extrême-droite, fascistes et néo-nazis qui en sont les héritiers. Nous souhaitons ainsi mener une stratégie globale de lutte contre le terrorisme qui devra notamment focaliser le renseignement sur les menaces sécuritaires que sont la mouvance d’extrême droite et les groupuscules anti-républicains. Par ailleurs, toute entreprise de réhabilitation des figures de la collaboration, à commencer par celles de Philippe Pétain et Charles Maurras, sera strictement combattue. Nous ne pouvons qu’être affligés des déclarations de l’actuel président de la République commémorant le soldat Pétain et citant Maurras. 

La résistance à l’occupant nazi, tant à l’extérieur qu’à l’intérieur du territoire métropolitain, est une des pages les plus glorieuses de l’histoire de notre pays. Elle nous a donné le magnifique Programme du Conseil national de la Résistance et les conquêtes sociales qui ont suivi à la Libération. Défendre l’esprit et les acquis du Programme du CNR est l’une des meilleures manières de perpétuer le souvenir de la Résistance. Nos propositions de planification écologique, de constitution de pôles publics (énergie, santé, transport, bancaire), d’extension de la Sécurité sociale (100% Sécu), de rehaussement des salaires, de garantie d’emploi, de sécurité sociale professionnelle, de nouveaux droits et de passage à une 6e République s’inscrivent dans la continuité des mesures détaillées dans le Programme du CNR. 

Poursuivrez-vous les commémorations liées à la Seconde Guerre Mondiale et en particulier la Journée Nationale du Souvenir des Victimes et Héros de la Déportation ?

Comme le rappelle le préambule de la Constitution de 1946, la victoire des Forces alliées sur le IIIe Reich et ses alliés marque la victoire des peuples libres sur les régimes qui ont tenté d’asservir et de dégrader la personne humaine. Le gouvernement de l’Union populaire maintiendra vivant ce souvenir en poursuivant toutes les commémorations liées à la Seconde Guerre mondiale, dont bien évidemment la Journée Nationale du Souvenir des Victimes et Héros de la Déportation. 

Quel rôle conférez-vous à l’Etat et en particulier à l’Education Nationale dans la transmission de la Mémoire de la Résistance et de la Déportation ? Maintiendrez-vous toujours un Ministère en charge de la Mémoire ?

La France est une nation fondée non sur une ethnie ou une religion, mais sur le pacte politique républicain. La dimension mémorielle occupe une place importante dans la constitution de ce pacte politique par les événements qu’elle choisit de commémorer afin de donner chair à l’histoire de la République française auprès de chacun·e de nos citoyen·nes et au monde. La transmission aux jeunes générations des grandes heures des luttes pour le progrès social, l’émancipation humaine, l’indépendance nationale, la paix et l’humanisme qui ont jalonné l’histoire de notre peuple, notamment la résistance à l’occupant nazi, est essentielle.

Le gouvernement d’Union populaire s’assurera donc que l’école républicaine, dans sa mission d’éducation à la citoyenneté, organise des voyages mémoriels liés à la Mémoire de la Résistance et de la Déportation pour tout·tes les élèves, encourage la participation des élèves aux cérémonies organisées dans le cadre des journées commémoratives, et favorise la connaissance de l’histoire et des symboles de la Résistance.

Le Concours National de la Résistance et de la Déportation, dont l’UNADIF-FNDIR est la cofondatrice, constitue un outil majeur pour assurer la transmission de la Mémoire de la Résistance et de la Déportation auprès des collégiens et des lycéens : quel rôle attribuez-vous aux différents acteurs ?

Le gouvernement d’Union populaire maintiendra et renforcera toutes les coopérations nécessaires entre les pouvoirs publics et tous les organismes et associations spécialisés dans les questions mémorielles, comme l’UNADIF-FNDIR, afin de perpétuer et mieux faire connaître le Concours National de la Résistance et de la Déportation, et soutenir toute initiative permettant de mieux transmettre l’histoire de la Résistance et de la Déportation. 

Quelle est votre définition de la notion “d’identité nationale” dans un contexte social bouleversé par une crise profonde des valeurs ?

Comme esquissé dans la réponse à la troisième question, nous considérons que la France n’est pas une nation fondée sur l’ethnie, la langue ou la religion. La France est une nation fondée sur un pacte politique, le pacte républicain dont la devise est “Liberté, Égalité, Fraternité”. Tous ceux qui adhèrent à ce programme républicain sont donc français, citoyens, et donc égaux. Dès lors, en République, l’universalité des droits n’est pas négociable. De ce principe de droit, nous voulons faire une réalité dans les faits par une politique publique d’égalité et d’émancipation. C’est la condition permettant de faire de la France un pays créolisé au sens du poète Édouard Glissant. En effet, la créolisation est le chaînon manquant entre la diversité du réel et la similitude fondamentale des êtres humains ; elle est la traduction dans les faits de l’universalité des droits. 

Quelle est votre vision de l’histoire de notre pays alors que d’aucuns prétendent la réécrire au motif d’en éclairer ou d’en nier les parts sombres ?

L’histoire de notre pays a été parcouru d’épisodes terribles et abjects, que ce soit la persécution des juifs sous l’Ancien Régime et Vichy, les guerres de religion, la collaboration, l’esclavage et la colonisation. Elle a également été parcourue par de multiples actes de résistance populaire contre l’arbitraire, de luttes sociales pour l’égalité et l’émancipation, de mouvements pour la paix et la fraternité, de défense de l’humanisme et des Lumières. Il ne s’agit nullement de taire les périodes terribles, mais de les intégrer dans la commémoration des moments de lutte et de rassemblement du peuple français qui ont permis de les surmonter. Par exemple, nous proposons d’instaurer le 4 février comme jour férié national en mémoire des victimes de l’esclavage et de leurs luttes, et de rendre férié le 9 décembre, journée de la laïcité. En effet, il nous apparaît que ces deux dates, en commémorant l’abolition de l’insupportable division entre hommes libres et esclaves et la fin des conflits entre religions, contribuent au rassemblement du peuple français.

Les déportés résistants ont pris une part active à la construction d’une Europe pacifiée et respectueuse des droits de l’Homme : quel sens donnez-vous à la notion de “souveraineté européenne” ?

Nous sommes attachés à l’idéal de paix et de coopération entre les peuples européens. Nous regrettons malheureusement que depuis le « non » au référendum en 2005 par deux des peuples fondateurs, transformé en France en « oui » par un congrès parlementaire de forfaiture, l’Union européenne telle que nous la connaissons aujourd’hui soit une construction illégitime face à la souveraineté du peuple français. Par ailleurs, les politiques d’austérité et de concurrence généralisée inscrites dans les traités européens actuels tuent à petit feu l’Europe à laquelle les peuples aspirent : une Europe sociale, écologique et démocratique. Nous voulons ouvrir une autre voie en Europe en faisant respecter scrupuleusement la souveraineté populaire et en imposant en toute circonstance un principe de non-régression écologique et sociale. Le gouvernement de l’Union populaire agira ainsi en éclaireur pour entraîner les autres pays du continent et mettre l’Europe au service des peuples. 

Quelle est votre position à l’égard de la stratégie d’annexion et l’occupation de l’Ukraine par le Président de la Fédération de Russie ? Quelle est votre réflexion sur l’évolution des équilibres mondiaux, et en particulier sur le rôle d’une Europe aujourd’hui menacée ?

Les principes inscrits dans la Charte des Nations Unies au lendemain de la Seconde Guerre mondiale sont pour nous essentiels. Nous condamnons donc sans hésitation l’insupportable acte d’agression de l’Ukraine par la Russie, violation flagrante des principes de la Charte et de tous les engagements internationaux de la Russie. Nous demandons une cessation immédiate de l’action militaire entreprise par la Russie contre l’intégrité territoriale de l’Ukraine ainsi que le retrait immédiat et inconditionnel des forces armées russes présentes sur le territoire ukrainien. En ce qui concerne notre vision à plus long terme de la paix et de la sécurité en Europe, nous considérons l’OSCE comme étant la seule organisation légitime pour le règlement pacifique des différends, la prévention des conflits, la gestion des crises et le relèvement après un conflit. C’est pourquoi nous demandons fermement aux États membres de l’OSCE d’établir, d’un commun accord, les modalités d’une conférence visant à assurer la mise en œuvre effective des Accords de Minsk, à régler pacifiquement l’ensemble des différends territoriaux existants entre États membres, et à établir en Europe un système de sécurité collective libre de toute division ancienne ou nouvelle, où l’égalité souveraine et l’indépendance de tous les États sont pleinement respectées, dans l’esprit de la Charte de Paris. Au niveau international, nous porterons une politique étrangère non-alignée et altermondialiste au service de l’intérêt général humain, profondément attachée à l’Organisation des Nations unies et au multilatéralisme. 

Les associations historiques mémorielles accomplissent un travail de mémoire important en faveur de la Mémoire de la Résistance et de la Déportation : quel(s) partenariat(s) comptez-vous développer avec ces associations reconnues d’utilité publique pour la plupart ?

Le gouvernement d’Union populaire mettra un terme aux politiques d’austérité afin de mener une grande politique de soutien financier et matériel aux associations historiques mémorielles. En outre, nous souhaitons renforcer le droit d’association et de réunion ainsi que la liberté d’expression à l’intérieur des lycées ; nous travaillerons donc en étroite coordination avec les associations historiques mémorielles afin de favoriser leur implantation dans les lycées, et ainsi renforcer le travail de mémoire en faveur de la Mémoire de la Résistance et de la Déportation. 

Quelle sera votre politique de gestion patrimoniale des lieux symboliques portant témoignage du sacrifice des déportés, résistants ?

Le gouvernement d’Union populaire recensera toutes les marques mémorielles commémorant les sacrifices des déportés et résistants, et assurera la prise en charge par les communes de la propriété des monuments, stèles et plaques en déshérence. Ces lieux symboliques, comme l’ensemble de notre patrimoine, sont pour l’Union populaire un bien commun pour le futur. Nous romprons donc avec l’austérité et organiserons des grands travaux de rénovation afin de mieux les entretenir. Nous entreprendrons toutes les coopérations nécessaires avec les associations historiques mémorielles et les communes pour recenser et veiller sur l’ensemble des lieux concernés.