Magicmaman

Tout au long de la campagne, de nombreuses organisations (associations, syndicats, collectifs, etc) sollicitent Jean-Luc Mélenchon pour qu’il détaille ses propositions sur des enjeux qui les concernent. L’équipe du programme et les groupes thématiques répondent, pour chacune de ces demandes, en développant des points précis de notre programme l’Avenir en commun.

Nous répondons ci-dessous aux questions de Magicmaman.

Pouvoir d’achat 

Vous souhaitez augmenter le SMIC et dans un même temps limiter les salaires les plus hauts dans une entreprise. Pour quelles raisons cette mesure vous semble essentielle et comment l’appliquer ?

Un salarié au SMIC gagne à peine plus que le seuil de pauvreté. 60 % de ces salariés sont des femmes souvent employées à temps partiel. À l’autre bout de la hiérarchie, les revenus de certains PDG sont indécents.

Le SMIC n’a pas été augmenté depuis 2012. Les revalorisations automatiques ne suffisent pas à rattraper l’inflation. Le niveau général des salaires est beaucoup trop bas pour permettre aux Français·es de faire face à l’augmentation des prix enclenchée par la pandémie et la guerre en Ukraine. Par un décret publié sans délai, le gouvernement portera le SMIC à 1400 euros nets par mois. Plus de 2 millions de salarié·es — 13 % des salarié·es du privé — verront directement leurs revenus augmenter de 142 euros par mois. Par effet d’entraînement, tou·tes les salarié·es dont le revenu mensuel est inférieur à 2000 euros — 56 % des salarié·es — bénéficieront de la hausse du SMIC.

Notre gouvernement soumettra au Parlement des mesures pour partager les richesses au profit des travailleur·ses en bas de l’échelle des salaires. Un écart maximum de 1 à 20 entre le salaire le plus bas et celui le plus haut est instauré dans chaque entreprise. Les hauts dirigeants concernés sont obligés d’augmenter très fortement les plus bas salaires, ou de redistribuer une partie de leur rémunération. 

Vous souhaitez également lutter contre les temps partiels contraint, qui touche en majorité les femmes. Pouvez-vous détailler ?

Les femmes sont les premières victimes de la flexibilisation de l’emploi et des temps partiels subis. Pour lutter contre ce fléau :

➡️ Nous instaurerons donc un quota maximal de contrats précaires dans les entreprises : 10 % pour les petites et moyennes entreprises (PME), 5 % pour les grandes entreprises. 

➡️ Nous appliquerons la prime de précarité aux CDD d’usage ou « extras ».

➡️ Nous créerons un service public unique d’accueil de la petite enfance et ouvrirons 500 000 places en crèche et modes de garde adaptés dans les cinq ans pour lutter contre les temps partiels subis

➡️ Nous titulariserons les précaires des trois fonctions publiques 

➡️ Nous rétablirons les 35 heures hebdomadaires : les heures au-delà seront surpayées à 25 % pour les quatre premières et 50 % au-delà. Les métiers pénibles ou de nuit passeront immédiatement aux 32 heures, puis nous enclencherons une négociation interprofessionnelle nationale pour élargir cette réduction du temps de travail. 

Modes de garde / Congés parentaux 

Que souhaitez-vous mettre en place en ce qui concerne les congés parentaux ?

Notre livret enfance prévoit d’établir un congé parental de 4 mois pour les deux parents  Nous ouvrirons également différentes modalités de congé parentalité selon le choix des familles, dont le congé longue durée avec revalorisation de l’allocation de congé parental dès le premier enfant, la réduction du temps de travail, une semaine sur deux, etc. Enfin, nous augmenterons la durée du congé pour deuil d’enfant, qu’il soit mineur ou majeur, et verserons automatiquement les indemnités et l’allocation forfaitaire, sans obliger les parents à déposer une demande. 

En quoi consiste le service public de la petite enfance que vous souhaitez créer ?

Il s’agira de permettre aux parents d’avoir un choix non contraint par l’aspect budgétaire ou le manque de places en modes de garde (crèche, assistante maternelle, etc.) :

  • Créer 500 000 places en crèche et en modes de garde adaptés sur le quinquennat
  • Garantir la gratuité des crèches publiques
  • Renforcer le soutien aux assistantes maternelles, notamment par l’augmentation du nombre de relais petite enfance
  • Planifier la création de crèches (publiques et d’entreprises) en garantissant un accès à un espace extérieur contenant une vraie végétation, ouvrir des créneaux en horaires atypiques 
  • Imposer un taux minimum de places en crèche par regroupement de communes de plus de 15 000 habitant·es et augmenter les moyens matériels
  • Augmenter les capacités d’accueil des crèches hospitalières et des autres services publics
  • Abroger le décret Morano et l’ordonnance Taquet qui ont empiré les conditions d’accueil et qui visent à marchandiser toujours plus la petite enfance. Préserver 1 professionnel·le pour 5 enfants et un minimum de 7 mètres carrés par enfant

École 

Vous voulez une réelle école de l’égalité. Par quelles mesures cela passe-t-il ?

Les quinquennats passés, tout particulièrement celui d’Emmanuel Macron, ont accru les inégalités et nous entendons reconstruire une école plus égalitaire, destinée aux enfants qui n’ont que l’école pour apprendre.

Pour que les inégalités de ressources ne pèsent plus sur la scolarité des enfants, nous mettrons en place une réelle gratuité : gratuité des manuels scolaires, des transports, des sorties scolaires, du périscolaire, des fournitures, etc.

Pour que les enfants des quartiers populaires bénéficient d’une attention particulière, nous abaisserons les effectifs par classe, en commençant par les établissements de l’éducation prioritaire et les lycées professionnels. 

Pour que tous les élèves aient accès aux mêmes possibilités, nous remettrons en place le cadre national pour les programmes, les horaires et les diplômes et nous ouvrirons des places à l’université pour qu’il n’existe plus de sélection, comme c’est le cas aujourd’hui avec Parcoursup.

Comment comptez-vous améliorer le niveau général des élèves français et le porter plus haut que la moyenne européenne ?

Nous baisserons l’effectif moyen par classe à 19 élèves en moyenne, c’est la condition nécessaire pour que tous les élèves bénéficient de bonnes conditions d’apprentissage.

Nous proposerons un soutien scolaire gratuit, ce qui est une nécessité d’autant plus grande que beaucoup d’enfants ont souffert des effets de la crise sanitaire, qui a occasionné des retards dans les apprentissages.

Vous vous penchez également sur les cantines scolaires… Quels sont vos projets ?

Pour garantir l’accès à une alimentation saine, durable et choisie à tous les enfants, notre programme prévoit de financer la gratuité des cantines scolaires et de planifier la transition vers une restauration collective 100 % biologique et locale avec une option végétarienne quotidienne. Nous consommons en moyenne trop de protéines pour notre santé et par rapport à ce que la planète peut supporter : il y aura donc aussi un menu végétarien hebdomadaire pour tous les usagers, avec une attention particulière au nombre de postes de cuisiniers et à leur formation pour que ce menu aussi soit synonyme de plaisir de manger. Sous le gouvernement de l’Union populaire, aucun élève n’étudiera la faim au ventre et la cantine redeviendra le lieu de découverte de la gastronomie.

PMA, GPA, etc.. 

Magicmaman s’engage depuis 8 ans dans la lutte contre l’infertilité. Quelles sont vos positions sur l’AMP et la GPA ? Et l’adoption ?

L’Union populaire est opposée à la gestation pour autrui (GPA). Notre programme (livret LGBTI et droits nouveaux) prévoit d’étendre le droit à la procréation médicalement assistée (PMA) à toutes les personnes en capacité de procréer, avec prise en charge par la Sécurité sociale, et permettre l’utilisation des gamètes pour les femmes transgenres et l’accès aux techniques d’assistance médicale à la procréation (AMP) pour les hommes transgenres en capacité de le faire. 

Par ailleurs, les fondements du droit de la filiation doivent être l’engagement et le projet parentaux. Le mode de procréation, les liens génétiques, le genre et le lien matrimonial des parents ne seront plus des conditions de reconnaissance des droits parentaux. Nous soutiendrons les propositions suivantes :

  • Généraliser le mode existant de la reconnaissance comme critère pour établirmoyen d’établissement de la filiation, que les parents soient unis par un mariage, un PACS, en concubinage ou pas, et quelque soit leur sexe
  • Mettre fin à la « présomption de paternité » dans le cadre du mariage
  • Simplifier les règles de filiation pour reconnaître le rôle des parents sociaux sans passer par une procédure d’adoption complexe
  • Parce que les enfants n’ont pas à subir les décisions de leurs parents, compléter la liste des discriminations visées à l’article 1er de la loi no 2008-496 du 27 mai 2008 et aux articles 225-1 et 225-2 du Code pénal, pour que soient ajoutés un 24e et un 25e critère prohibant la discrimination en raison des conditions de conception et des conditions de naissance
  • Faciliter l’adoption simple quand c’est dans l’intérêt de l’enfant. 
  • Créer une adoption sociale : ce partenariat civil consistera à un engagement d’entraide matérielle réciproque. Les règles pour l’héritage entre adopté·es sociaux·les seront les mêmes que celles de la filiation directe

Violences faites aux femmes et inégalités

Comment comptez-vous faire appliquer la loi déjà existante d’égalité salariale entre hommes et femmes ?

Une mesure d’urgence s’impose pour combler l’écart de salaire à travail égal entre les femmes et les hommes. Il n’est plus question d’attendre. Les députés du groupe parlementaire insoumis ont en ce sens déposé une proposition de loi à l’Assemblée nationale pour mettre fin aux écarts de rémunération entre les femmes et les hommes à poste égal. Elle sera inscrite à l’ordre du jour dès les premiers jours de la nouvelle législature. Cette proposition de loi prévoit l’obligation pour un employeur de verser une prime d’égalité salariale équivalente à 10 % du salaire mensuel brut à l’ensemble des salariées de sexe féminin dont la rémunération est inférieure à celle des salariés de sexe masculin d’une entreprise, lorsque cette différence de rémunération contrevient au principe « à travail égal, salaire égal ». Ce sera ensuite à l’entreprise en infraction avec la loi de démontrer à l’État que ce versement est inutile parce qu’elle respecte la loi. La charge de la preuve pèsera donc sur l’entreprise. Le premier versement de cette prime devra être réalisé entre le 1er et le 31 juillet 2022. Elle sera ensuite obligatoirement versée mensuellement par l’employeur à ses salariées jusqu’à ce que les écarts de rémunérations entre les femmes et les hommes constatés disparaissent dans l’entreprise concernée.

Cette proposition de loi de Jean-Luc Mélenchon est disponible sur le site de l’Assemblée nationale : https://www.assemblee-nationale.fr/dyn/15/textes/l15b5171_proposition-loi 

Autre

Vous indiquez vouloir « en finir avec la malbouffe ». Par quelles mesures comptez-vous vous y prendre ?

Nous sommes confrontés à de nombreuses épidémies chroniques (diabète, obésité) et des cancers. L’agro-industrie et ses produits vendus à grand renfort d’additifs et de publicité en sont une cause majeure. Les plus pauvres en sont les premières victimes. Il est possible de produire autrement pour nourrir tout le monde, et mieux. Nous proposons donc une série de mesures, et entre autres les suivants : 

  • Interdire d’urgence les additifs les plus controversés, notamment le nitrite de sodium et le nitrate de potassium, limiter la liste des additifs autorisés à ceux admis dans l’agriculture biologique
  • Fixer des taux maximaux de sel, de sucre et d’acide gras saturés dans les aliments transformés sur la base des normes de l’Organisation mondiale de la santé 
  • Rendre le Nutri-Score (étiquetage qui indique la valeur nutritionnelle) obligatoire pour en finir avec la désinformation de la grande distribution 
  • Compléter le Nutri-Score avec l’indicateur NOVA, qui classe les aliments de « peu ou pas transformés » à « ultra-transformés »
  • Interdire la publicité alimentaire sur tous les supports (radiophonique, audiovisuel et numérique) à destination des enfants et adolescent·e
  • Mettre en place une option végétarienne quotidienne et un menu végétarien hebdomadaire pour tous les usagers pour faciliter la réduction de la consommation moyenne de protéines animales

Parallèlement, nous fixons le cap d’une agriculture 100 % biologique au plus tard en 2050. Nous interdirons immédiatement les pesticides les plus dangereux pour la santé humaine et pour l’environnement, notamment les néonicotinoïdes, le glyphosate et les fongicides SDHI.

De plus, grâce au blocage des prix de première nécessité dont au moins 5 fruits et légumes de saison et au renforcement du pouvoir d’achat (SMIC et retraite minimum à 1400 € net, garantie d’autonomie à 1063 € net…), tous les citoyens et citoyennes auront accès à des produits de qualité tout au long de l’année. 

Pour aller plus loin sur les thématiques alimentaires et agricoles, le livret “agriculture et alimentation” est accessible ici : https://melenchon2022.fr/livrets-thematiques/agriculture/ et le plan pour bien nourrir tout le monde est accessible ici : https://melenchon2022.fr/plans/alimentation/ 

Vous souhaitez faire de la France un pays « zéro déchet », comment ?

La diminution de notre empreinte matérielle passe par l’allongement de la durée de vie des objets du quotidien et par la réduction des déchets. Aussi pour en finir avec l’obsolescence programmée, nous allongerons les durées de garantie. Nous rendrons obligatoire l’écoconception des produits afin de limiter l’utilisation de ressources non renouvelables. Nous généraliserons au plus vite l’indice de durabilité des produits, rendrons obligatoire la disponibilité de pièces de rechange et empêcherons la mise sur le marché de celles qui auraient un score de durabilité insuffisant. Nous développerons le secteur de la réparation et du réemploi, en commençant par annuler le décret du 30 décembre 2021 qui divise par deux le montant alloué au fonds de réparation. Nous mettrons également en place des formations pour certains métiers (notamment électricité, électronique, bâtiment, textile) pour donner une seconde vie aux objets (+750 M€/an). 

Nous interdirons immédiatement les plastiques à usage unique à l’exception des instruments médicaux et chirurgicaux. De plus, nous généraliserons la consigne pour réemploi, avec des emballages standardisés et nous lancerons un plan de développement d’infrastructures adaptées, comme les centres de lavage, sur le territoire.

Nous améliorerons aussi le tri des déchets en rendant obligatoire la collecte séparée des déchets alimentaires et des déchets verts (biodéchets) dès 2025 (+223M€/an). Nous assurerons une desserte de l’ensemble des habitants par un service de ramassage performant.

Afin de lutter contre la surconsommation, nous mettrons en place des mesures pour lutter contre la publicité dans l’espace public. Nous interdirons le dépôt de prospectus publicitaires commerciaux dans les boîtes aux lettres, les panneaux publicitaires numériques et le démarchage commercial. Enfin, nous interdirons la publicité des produits et services les plus émetteurs de gaz à effet de serre sur tous les supports publicitaires.