Mouvement du Nid

Tout au long de la campagne, de nombreuses organisations (associations, syndicats, collectifs, etc) sollicitent Jean-Luc Mélenchon pour qu’il détaille ses propositions sur des enjeux qui les concernent. L’équipe du programme et les groupes thématiques répondent, pour chacune de ces demandes, en développant des points précis de notre programme l’Avenir en commun.

Le Mouvement du Nid est une association reconnue d’utilité publique qui agit en soutien aux personnes prostituées. Implanté dans toute la France, le Mouvement du Nid est une association de terrain et un mouvement de société qui appelle à un engagement citoyen, politique et culturel contre le système de la prostitution et l’ensemble des violences contre les femmes. A l’occasion de l’élection présidentielle, le Mouvement du Nid s’associe à la Fondation Scelles pour proposer le manifeste « Construire une société libérée de la prostitution ». Voici nos réponses.

Construire une société libérée de la prostitution

Au nom de la dignité des personnes, nous ne sommes pas favorables à la prostitution. Au nom de cette même dignité, nous pensons que les personnes prostituées ont des droits qui doivent être garantis. 

Le projet de l’Union populaire comprend une politique réelle de lutte contre les violences liées à la prostitution. Celle-ci s’inscrit dans un programme plus vaste de lutte contre les violences faites aux femmes.

Comme nous l’avons détaillé dans notre plan d’action et notre livret thématique dédiés, nous prévoyons de consacrer un milliard de budget annuel à la lutte contre les violences faites aux femmes. Cette somme correspond en effet aux besoins estimés par les associations et collectifs spécialisés. 

Ce plan d’actions comprend plusieurs axes, dont beaucoup correspondent à vos propositions :

  • D’abord, nous voulons multiplier les dispositifs d’accueil, d’information et d’orientation sur l’ensemble du territoire pour permettre un accueil et un accompagnement global et inconditionnel de toutes les femmes victimes de violence, notamment celles liées à la prostitution. Nous prévoyons de consacrer 450 millions annuellement à la mise en place de ces dispositifs.
  • Pour permettre l’accès aux droits et à l’accompagnement inconditionnel, des campagnes nationales d’information régulières sont indispensables. Nous prévoyons d’y consacrer 10 millions d’euros par an.
  • Pour permettre la sortie effective et rapide des situations de violence, nous créerons 40 000 places en centres d’hébergement dédiés et spécialisés et mettrons en place des dispositifs d’accompagnement de long terme, avec un budget de 500 millions d’euros supplémentaires par an. 
  • Enfin, nous engagerons un plan de formation continue obligatoire et massif pour l’ensemble des professionnel·les de sécurité (police, gendarmerie), justice et santé.

Nous devons en particulier lutter contre le proxénétisme et la prostitution des mineur·es. 

Pour cela, le renforcement des moyens de la police judiciaire est indispensable. Nous créerons ainsi 6 000 nouveaux postes dans la police judiciaire, doublerons les effectifs de l’Office central pour la répression de la traite des êtres humains (OCRTEH), de l’Office central pour la répression des violences aux personnes (OCRVP) et du centre lutte contre la criminalité numérique (C3N). 

En ce qui concerne la prostitution des mineur·es et la pédocriminalité en particulier, nous engagerons un plan massif de formation et de sensibilisation concernant notamment les personnels de de l’aide sociale à l’enfance, de l’enseignement scolaire, de la police, de la gendarmerie, de la justice et de la santé, pour un coût annuel de 65 millions d’euros par an. Les poursuites des personnes qui achètent un acte sexuel auprès d’un·e mineur·e ainsi que tous les actes de pédocriminalité seront systématiquement poursuivis.

Il ne suffit pas de se déclarer, comme d’autres l’ont fait, pour l’abolition de la prostitution, sans pour autant y consacrer les moindres moyens. 

Il faut que les politiques sociales, pénales et éducatives mises en œuvre permettent réellement de démanteler les réseaux d’exploitation et d’assurer aux personnes leur plein accès aux droits et la possibilité de sortie effective et durable. 

La crise du Covid a renforcé la précarité des personnes prostituées, accru leur isolement et rendu plus difficile leur accès au soin. Tous les minimas sociaux devront être augmentés. Nous mettrons notamment en place une garantie d’autonomie assurant que personne ne vive sous le seuil de pauvreté, soit 1063 euros par mois pour une personne seule. 

Nous renforcerons par ailleurs les programmes de parcours de sortie de la prostitution, en garantissant un vrai accompagnement social dans la durée qui permette l’accès à la formation, au logement, un droit au séjour pérenne, un revenu correct pour vivre. 

Nous financerons toutes les associations de santé qui viennent en aide aux personnes prostituées, et formerons les soignant·es sur les violences spécifiques auxquelles les personnes prostituées sont exposées. 

Nous abrogerons les lois criminalisant l’entraide et la solidarité à l’égard des personnes prostituées, qui ne contribuent qu’à les précariser davantage.

À l’échelle internationale, enfin, nous adopterons une diplomatie féministe en augmentant les financements internationaux pour les droits des femmes et travaillant à toutes les coopérations pour démanteler au niveau international les réseaux de traite d’être humains.