Tout au long de la campagne, de nombreuses organisations (associations, syndicats, collectifs, etc) sollicitent Jean-Luc Mélenchon pour qu’il détaille ses propositions sur des enjeux qui les concernent. L’équipe du programme et les groupes thématiques répondent, pour chacune de ces demandes, en développant des points précis de notre programme l’Avenir en commun.

Le WWF ou Fonds mondial pour la nature est une organisation non gouvernementale internationale créée en 1961, vouée à la protection de l’environnement et au développement durable.

Mettre le climat et la biodiversité au cœur des politiques publiques

Notre programme l’Avenir en commun est traversé de part en part par les enjeux environnementaux – le climat et la biodiversité. Son but : construire une société d’entraide visant l’harmonie des êtres humains entre eux et avec la nature. Pour y parvenir, il faut aller à la racine du problème. Tous les défis écologiques s’enracinent dans la question sociale. Ainsi, au point de départ de la crise écologique se trouve une prédation humaine croissante. Celle-ci est démultipliée par un modèle économique à la frénésie productiviste sans limite : le capitalisme financiarisé. Ce système est incapable de se corriger. Pire, il se nourrit de la catastrophe qu’il provoque. 

Il faut donc faire coïncider les rythmes de nos productions, de nos échanges et de nos consommations avec les rythmes de la nature elle-même. Cela doit permettre de garantir les conditions collectives et individuelles d’existence. Notre but est double : ne pas dépasser les limites planétaires et offrir à chacun les moyens d’une vie digne. Pour ce faire, il est nécessaire de fixer des objectifs, développer des filières et anticiper les métiers dont nous avons besoin.

Dès lors, l’outil pour lequel nous optons est celui de la planification écologique. Les gestes individuels et les mesures incitatives ne suffisent pas. Comme le démontre une étude de Carbone 4, les trois quarts de l’effort nécessaire incombent à la collectivité et au tissu économique. Cette planification doit donc être menée par un État stratège, coordinateur de la bifurcation écologique et sociale et de la mobilisation des forces vives dans tous les secteurs de la société, à travers un Conseil de la planification écologique. L’État animera le processus de planification écologique, déterminera sur cette base les grands objectifs, qui seront ensuite déclinés par les acteurs publics et privés, en partant de la commune pour les uns, filière par filière pour les autres. 

Cette méthode nous permettra d’une part, de nous adapter à la part irréversible du changement climatique, de la perte de biodiversité et à leurs conséquences. D’autre part, elle nous permettra d’atténuer, ou du moins de ne pas aggraver, ces deux phénomènes, en protégeant nos biens communs et en mettant en place des mesures dans tous les secteurs, par exemple dans le domaine des transports, de l’énergie, du bâtiment, de l’industrie ou encore de l’agriculture. 

Nous relèverons l’objectif de réduction des émissions en 2030 par rapport à 1990, actuellement fixé à 40 % pour la France et 55 % pour l’Union européenne, à 65 %. Nous confirmons également la nécessité d’atteindre la neutralité carbone à l’horizon 2050. La réduction des émissions importées est également au cœur du programme. Entre 1995 et 2019, les émissions importées ont augmenté de près de 80 %. Le Haut conseil pour le climat (HCC) recommande dans son rapport « Maîtriser l’empreinte carbone de la France » de viser une diminution de 65 % des émissions importées à l’horizon 2050. Nous reprenons cet objectif. 

La mise en œuvre de la règle verte grâce à la planification écologique a été détaillée dans le plan dédié à cette thématique et accessible ici : https://melenchon2022.fr/plans/regle-verte/ Le plan sur la relocalisation des activités en France traite également des émissions importées : https://melenchon2022.fr/plans/relocalisation/ 

Évaluation du coût économique et social des mesures 

Pour mettre en place les mesures que nous portons, nous lancerons un plan d’investissement de 200 milliards d’euros sur le quinquennat. Nous y ajoutons 6 milliards par an de dépenses courantes (renforcement des moyens des opérateurs de la bifurcation, cantines 100 % bio, caisse de défaisance pour les agriculteurs convertis au bio, etc). Concernant le financement de nos mesures, il est possible de consulter l’analyse d’I4CE, et les réponses à leurs questions sur le sujet.

Les financements publics consacrés au climat bénéficieront à la grande majorité des ménages, et en particulier aux plus modestes. Cela s’illustre notamment dans la rénovation thermique : l’appui de l’État sera dégressif selon le niveau de vie des ménages avec un taux global d’appui de 70 % allant de 100 % pour le premier décile à 0 % pour le dernier, en excluant de l’aide les 3,5 % des ménages possédant 25 % des logements. L’effort financier de la bifurcation écologique ne doit pas peser sur les classes moyennes et populaires, mais bien davantage sur les plus riches, dont le mode de vie est par ailleurs plus polluant comme l’a encore montré la dernière étude d’Oxfam. La tarification progressive de l’énergie, avec la gratuité des quantités nécessaires à la vie et la taxation des mésusages somptuaires, redistribuera ainsi immédiatement la charge de la transition.

Plusieurs de nos plans d’investissements bénéficieront d’abord aux ménages les plus pauvres : développement massif des transports en commun, passage à une agriculture biologique et locale de qualité avec un accès facilité aux fruits et légumes de base. 

Certains secteurs seront probablement impactés en matière d’emploi : nucléaire, construction, publicité. Pour chacun des secteurs, nous prévoyons un plan d’accompagnement exhaustif des salariés concernés afin de faciliter leur reconversion dans les nouveaux secteurs porteurs de la transition : énergies, agriculture, déchets, service public de la réparation et du réemploi. 

Notre stratégie de financement

Les financements publics représentent un levier privilégié d’action en matière climatique. En effet, le secteur privé a montré son incapacité à diriger de lui-même les financements vers la bifurcation écologique et continue à préférer les profits à court-terme. En plus de permettre un ciblage efficace, les financements publics ont une force d’entraînement sur le privé. Celui-ci aura un rôle clé dans le financement, mais les décisions collectives et le futur de l’espèce humaine ne seront plus livrés à l’arbitraire du marché : la création du Conseil à la planification écologique orientera le secteur privé dans la direction de la bifurcation écologique. 

Une réponse à la hauteur des enjeux climatiques passe inévitablement par des dépenses significatives. Nous l’assumons, mais nous savons comment financer ces investissements. D’abord par une fiscalité écologique qui taxe les surprofits des entreprises polluantes et les pratiques déraisonnables des ménages les plus riches : rétablissement de l’ISF avec un volet climatique sur les actifs polluants, suppression de niches fiscales défavorables au climat, taxe kilométrique aux frontières, etc. 

Surtout, nous refonderons le système fiscal pour mettre en place une vraie progressivité, qui permettra de dégager des recettes fiscales substantielles en baissant l’imposition de la grande majorité des Français : réforme des droits de successions pour les rendre plus progressifs avec une tranche de 100% au-delà de 12 millions d’euros, impôt sur le revenu à 14 tranches, impôt universel, notamment pour les entreprises, fin du quotient conjugal, etc. Nous irons chercher les masses d’argent qui échappent à l’État en luttant véritablement contre l’évasion fiscale et en supprimant les niches fiscales injustes socialement. 

Les investissements écologiques seront source de créations d’emplois et de recettes fiscales supplémentaires qui financeront une partie des investissements. Le chiffrage détaillé du programme, avec les impacts sur la création d’emploi et les recettes fiscales induites, a été présenté le 12 mars. 

Concernant l’Union européenne, nous cesserons d’appliquer unilatéralement les normes incompatibles avec nos engagements écologiques et sociaux, telles que la directive sur le détachement des travailleurs, les règles budgétaires, les règles de la concurrence et la libre circulation des capitaux.

Diplomatie 

Nous mettrons en place une diplomatie environnementale ambitieuse. De nombreuses initiatives ont été prises par des pays concernés en premier lieu par la crise climatique, et grâce aux ONG. Ces initiatives n’ont que très peu trouvé le soutien de la France. Cela changera. La France sera exemplaire chez elle et agira pour l’humanité toute entière.

Nous soutiendrons la création d’un tribunal international de justice climatique et environnementale et participerons activement aux négociations pour faire aboutir les traités contraignant les multinationales à respecter les droits humains et l’environnement, celui sur la lutte contre les plastiques, ou encore pour la protection des grands fonds marins et de la haute mer. 

Nous ferons de la question de l’eau, de sa protection et de son accès pour tous un enjeu prioritaire de la politique internationale et de coopération de la France. 

Nous défendrons la gestion des pôles Arctique et Antarctique comme des biens communs de l’humanité, protégés des activités économiques qui pourraient détruire leurs écosystèmes par le pillage de leurs ressources sous-marines tels les minerais ou les hydrocarbures.

Enfin, nous construirons de nouvelles coopérations altermondialistes, notamment sur des objectifs écologiques, par exemple pour la préservation de l’Amazonie ou l’aide au peuple autochtones menacés par la montée des eaux.

Éducation 

Nous proposons de faire de l’école le levier de la bifurcation écologique et démocratique. L’enjeu écologique sera intégré dans les programmes de la maternelle au lycée et des enseignements pratiques seront introduits. 

À l’heure du défi climatique et des mutations du système productif, les voies professionnelle et technologique sont indispensables à la hausse du niveau de qualification nécessaire à la planification de la bifurcation écologique. Nous voulons reconstruire les filières de l’enseignement technologique et professionnel, aujourd’hui dévastées, pour en faire des voies d’excellence. Pour cela, nous proposons de développer l’enseignement professionnel et technologique public, et d’élever le niveau de qualification des filières professionnelle et technologique. 

La planification écologique nécessite en effet un niveau de qualification très élevé. C’est pourquoi elle s’appuie en grande partie sur le relèvement du lycée professionnel. Ces vingt dernières années, la France a été gouvernée par des forces qui ont méprisé cet enseignement.

Pour aller plus loin, le livret sur l’éducation : https://melenchon2022.fr/livrets-thematiques/ecole/ 

Accélérer la transition écologique dans les secteurs clefs :

L’urgence climatique, environnementale et sanitaire (zoonoses) nous presse de ramener notre système agricole et alimentaire dans les limites planétaires. La souffrance animale massive et banalisée qui est la règle dans les élevages intensifs où les animaux sont traités comme des marchandises est inacceptable. C’est pourquoi nous planifierons une révolution agroécologique de nos méthodes de production, relocaliserons les productions sur les territoires, stopperons l’artificialisation des terres et sortirons de l’élevage intensif, en accompagnant les agriculteur·ices dans la transition.

Nous fixons ainsi le cap d’une agriculture 100 % biologique au plus tard en 2050. Nous interdirons immédiatement les pesticides les plus dangereux pour la santé humaine et pour l’environnement, notamment les néonicotinoïdes, le glyphosate et les fongicides SDHI. À l’horizon 2030, nous fixons pour objectif d’atteindre au moins une réduction de l’utilisation des engrais et des pesticides chimiques de synthèse de 50 % (y compris par leur taxation croissante au cours du temps via la redevance sur les pollutions diffuses et sur l’utilisation des intrants). Nous planifierons également l’augmentation des surfaces en infrastructures agroécologiques et nous interdirons tous les OGM, y compris les « OGM cachés » (variétés rendues tolérantes aux herbicides issues de mutagenèse in vitro…) et les nouvelles techniques génomiques (NBT). Nous soutiendrons le développement des surfaces en légumineuses, notamment à travers les aides couplées, le soutien à l’agriculture biologique et grâce au triplement du budget des projets alimentaires territoriaux qui contribueront à mieux structurer la filière. Les objectifs européens de la stratégie de la Ferme à la Table constitueront, en tout état de cause, un minimum.

Nous fixons pour objectif de sortir de l’élevage intensif aussi vite que possible et au plus tard en 2027. Nous interdirons les fermes-usines, en commençant par interdire immédiatement l’installation, l’agrandissement ou la réunion d’exploitations agricoles d’élevage dont les productions sont supérieures aux seuils correspondant aux catégorie A et E de la nomenclature des installations classées pour la protection de l’environnement (ICPE). Nous redéfinirons des normes d’élevage compatibles avec la protection des animaux et le respect des limites planétaires : accès à l’air libre obligatoire, pâturage, densité, surface minimale, réduction des cheptels, fin des souches à croissance rapide, objectif d’autonomie alimentaire, interdiction de l’élevage en cages à horizon 2025, du broyage ou gazage des poussins et canetons, de l’ablation de la queue, épointage des becs, meulage des dents…

Ces objectifs ne vont pas sans réduction de la consommation de protéines animales : nous fixons un objectif de réduction de la consommation moyenne de protéines animales de 50 %. Une option végétarienne quotidienne sera proposée dans la restauration collective ainsi qu’un menu végétarien hebdomadaire pour tous les usagers.

Pour préserver les terres agricoles, nous mettrons en place un plan de protection généralisée du foncier agricole, forestier et naturel, s’inspirant de la Loi Littoral, en vue de mettre en oeuvre le « zéro artificialisation nette » des sols dès 2025.

Nous accompagnerons les agriculteurs dans cette transition en leur garantissant des prix plancher qui seront nécessairement supérieurs aux coûts de production. Nous faciliterons les installations en réformant l’accès au foncier (réforme des SAFER/CDOA, comprenant une réforme de la gouvernance, un renforcement des capacités de portage foncier et le conditionnement des nouvelles autorisations d’exploiter lors d’un projet d’installation, d’agrandissement par location, d’achat de terres ou de transferts de parts d’une société à une surface maximale d’exploitation par actif et par type de production). En outre, nous appliquerons l’ensemble de nos normes de production aux produits importés, y compris au sein de l’UE : par exemple, l’interdiction du glyphosate ou l’interdiction de l’élevage en cages s’appliquera également aux produits importés.

Nous soutiendrons également les agriculteurs dans la transition agro-écologique par une transformation radicale de la Politique agricole commune : nous engagerons la sortie du système actuel d’aides à l’hectare pour aller vers un système de contrats de transition agro-écologique et de paiements pour services environnementaux et spécifiques (installation, projets territoriaux…) à l’actif. A court terme, nous doublerons le budget réservé à l’agriculture biologique (en le portant à 1,1 milliard d’euros par an, répartis à parts égales entre les aides à la conversion et les éco-régimes), nous triplerons le budget réservé aux mesures agro-environnementales et climatiques (le portant à 780 millions/an), nous doublerons le budget consacré au paiement redistributif (1,35 milliards), nous triplerons le budget réservé à l’installation en le fléchant sur les projets agro-écologiques et contribuant à l’autonomie alimentaire des territoires (450 millions) et nous maintiendrons le budget réservé aux indemnités compensatrices de handicap naturel (voir Plan alimentation pour le détail financier concernant la PAC).

En dehors du soutien fourni à travers le budget de la PAC, une aide à la transition pour les éleveurs industriels se convertissant à l’élevage paysan ou aux cultures végétales sera également budgétée en loi de finance (500 millions d’euros). Nous créerons aussi une caisse de défaisance pour reprendre la dette agricole de celles et ceux qui s’engagent, au travers d’un contrat de transition, à passer au 100 % bio.

Nous soutiendrons également la transition agro-écologique en agissant sur la demande, par le renforcement du pouvoir d’achat (SMIC à 1400 € net – ce qui tirera l’ensemble des salaires jusqu’à 2 000 euros vers le haut, soit 56 % des Français·es -, retraite minimale à 1400 € net, garantie d’autonomie à 1063 € net, dégel du point d’indice des fonctionnaires, gratuité des cantines scolaires, blocage des prix de produits de première nécessité, notamment en s’inspirant du bouclier qualité-prix en vigueur dans les outre-mer… ). Nous porterons l’alimentation dans la restauration collective à 100 % biologique et locale. 

Nous expérimenterons une garantie universelle d’accès à des aliments choisis, premier jalon d’une sécurité sociale de l’alimentation. Il s’agit de permettre à chacune et à chacun d’accéder à des aliments, notamment des fruits et légumes, de saison et bio, dans des magasins de proximité publics ou associatifs. Ces magasins de proximité se fournissent auprès d’un réseau de producteurs locaux et bio qui choisissent de s’engager dans cette démarche : ils leur garantissent ainsi des débouchés stables et des prix rémunérateurs. Le paiement dans l’ensemble de ces magasins se fait par une carte par foyer, valable dans tous les magasins. Ces cartes peuvent notamment être rechargées par les Centres communaux d’action sociale (CCAS) et tous les autres services sociaux pour pouvoir y intégrer leurs aides alimentaires. 

Permettre aux personnes et aux biens de se déplacer est indispensable au fonctionnement de notre pays. Pourtant, à l’heure du dérèglement climatique, le secteur des transports pèse pour 31 % des émissions de gaz à effet de serre et c’est le seul pour lequel les émissions continuent d’augmenter. Il est confronté à la double contrainte de relier toujours mieux les individus et de réduire toujours plus son empreinte environnementale.

Quant au transport de marchandises, ce sera l’heure de la grande bifurcation : la priorité sera donnée aux alternatives au tout routier, grâce au fret ferroviaire et fluvial. 

Convaincus que la seule électrification du parc automobile sera une tendance trop lente et trop faible pour répondre au besoin, nous entendons mener une politique de long terme pour limiter le recours à l’usage de la voiture individuelle. Des investissements planifiés et coordonnés iront dans les transports du quotidien pour limiter l’usage de la voiture individuelle : la priorité doit aller à la réduction des impacts négatifs sur la santé et à la sobriété énergétique, surtout à l’heure du réchauffement climatique. Pour cela, nous proposons notamment :

Face à la raréfaction croissante des énergies fossiles et à l’urgence climatique, la bifurcation de notre modèle énergétique s’impose. Pour cela, nous misons sur 3 leviers : la sobriété, l’efficacité énergétique et le 100 % renouvelables, ainsi que sur un instrument : la planification écologique. 

La sobriété passe, en premier lieu, par la lutte contre le gaspillage et les consommations inutiles telles que les panneaux publicitaires numériques, l’illumination des enseignes ou l’éclairage public à outrance. Sur la question du logement, la baisse de la consommation d’énergie nécessite un vaste plan de rénovation à hauteur de 700 000 logements par an en mettant la priorité sur les 4,8 millions de passoires thermiques. D’ici 2050, l’objectif est la rénovation complète en bâtiments en basse consommation pour tous les logements antérieurs à 2000. Pour cela, sera créé un véritable guichet unique et les aides à la rénovation seront dégressives en fonction du revenu des ménages. Si la rénovation du parc social sera assurée totalement par la collectivité, la rénovation des 25 % des logements détenus par 3,5 % des ménages sera à la charge des propriétaires. Par ailleurs, la rénovation thermique illustre la question clé de la formation professionnelle et des compétences pour atteindre nos objectifs. C’est pourquoi l’Avenir en commun comprend un plan spécifique pour la formation professionnelle des professionnels du secteur. 

L’accent sera également mis sur l’éco-construction avec une utilisation accrue des matériaux bioclimatiques (bois/terre/paille), le remplacement des chaudières à gaz et à fioul et sur la conditionnalité de l’obtention de labels écologiques à des résultats énergétiques concrets et vérifiés tant pour le neuf que pour le rénovation. 

Sur la question de notre mix électrique, nous nous appuyons sur les scénarios Negawatt et M0 de RTE qui font l’hypothèse d’une sortie totale des énergies fossiles et nucléaires. En effet, nous considérons que l’énergie nucléaire ne saurait être une solution à terme en raison de la gestion des déchets et du problème de sûreté qu’elle soulève. Notre mix électrique serait donc essentiellement composé de photovoltaïque, d’éolien marin et d’hydraulique. Même si l’électricité aura une part croissante dans le mix énergétique et que nous visons une baisse minimale de 40 % de la consommation totale d’ici 2050 (SNBC), le 100 % renouvelable passera également par les bioénergies et notamment par le bois énergie ou le biogaz, la géothermie ou des carburants alternatifs tels que l’hydrogène vert. À ce titre, l’innovation aura aussi une importance clé pour atteindre nos objectifs de décarbonation. Les recherches dans les énergies marines seront aussi encouragées. D’autre part, il va s’en dire que le déploiement sur le territoire des différentes sources d’énergies renouvelables doit être au maximum adapté aux conditions météorologiques et géographiques.

Sur le plan institutionnel, la planification se traduira par la création d’un pôle public de l’énergie avec notamment la nationalisation d’EDF et Engie. Nous mettrons aussi fin à la libéralisation du marché de l’électricité et de gaz dont l’échec est aujourd’hui patent et stopperons la privatisation des barrages hydrauliques. Les niches polluantes seront également abolies tout comme les subventions aux énergies fossiles, et ce, y compris à l’étranger.

Enfin, la bifurcation écologique allant de pair avec une plus grande justice sociale, notre programme prévoit, comme sur la question de l’eau, de rendre gratuites les premières quantités d’électricité indispensables à une vie digne et de mettre en place une tarification progressive de l’énergie.

Protéger et restaurer les écosystèmes naturels

Biodiversité

Notre stratégie de protection de la biodiversité repose sur plusieurs axes complémentaires. Nous lutterons contre l’ensemble des facteurs directs et indirects de diminution de la biodiversité et des services écosystémiques. Ces facteurs, identifiés par l’IPBES (Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques), le GIEC de la biodiversité, sont le changement d’utilisation des terres et des mers, leur exploitation directe, le changement climatique, la pollution et l’existence d’espèces exotiques envahissantes. Nous détaillons ci-après pour chacun de ces facteurs les principaux leviers d’action de l’Avenir en commun. Notre programme comprend à la fois des mesures d’ordre réglementaire ainsi que des plans d’investissements stratégiques.

Nous porterons une attention toute particulière aux outre-mer, à commencer par la jungle guyanaise, dont la richesse en matière de biodiversité surpasse de loin celle de la France métropolitaine. Nous ferons des outre-mer le lieu d’avant-garde de la lutte contre les effets du changement climatique et de la destruction de la biodiversité. 

Changement d’utilisation des terres et des mers

Afin d’empêcher le changement d’affectation des terres, qui perturbe et détruit la biodiversité, nous proposons les mesures suivantes : 

Nous portons également une série de mesures concernant les forêts, et que nous avons détaillé dans la partie suivant dédiée aux forêts, ou encore dans notre livret sur les forêts : https://melenchon2022.fr/livrets-thematiques/foret/  

Exploitation directe

La sauvegarde de la biodiversité et le maintien des services écosystémiques passera par une meilleure régulation d’un certain nombre d’activités d’exploitation de la nature

Changement climatique

Nous maintenons la nécessité de respecter les accords de Paris pour limiter le réchauffement climatique au plus près des 1.5°C de hausse de température. Cette volonté va de pair avec la nécessité de respecter les limites planétaires que nous prenons en compte au travers de la règle verte : ne pas prélever davantage à la nature que ce qu’elle peut reconstituer ni produire de déchets plus que ce qu’elle ne peut supporter. Cette règle verte sera inscrite dans la Constitution.

Nous relèverons l’objectif de diminution des émissions en 2030 par rapport à 1990, actuellement fixé à 40 % pour la France et 55 % pour l’UE, à 65 %. Cet objectif, certes ambitieux, est la seule voie possible car chaque tonne de CO2 compte. Pour cela, une diminution conséquente des consommations énergétiques et matérielles est nécessaire. C’est pourquoi nous mettons la sobriété au cœur de notre programme. Les scénarios Négawatt, Afterres, RTE et du PTEF ouvrent des voies intéressantes. Pour autant, cette sobriété ne doit pas se faire au détriment de la production et reproduction des conditions matérielles d’existence garantissant une vie digne à chacun. Certaines activités nocives et polluantes devront décroître tandis que d’autres, socialement et écologiquement utiles, devront croître. 

Par ailleurs, nous confirmons la nécessité d’atteindre la neutralité carbone à l’horizon 2050. 

De plus, la diminution des empreintes importées est au cœur de notre programme. Entre 1995 et 2019, les émissions importées ont augmenté de près de 80%. Le Haut conseil pour le climat (HCC) recommande dans son rapport « Maîtriser l’empreinte carbone de la France » de viser une diminution de 65% des émissions importées à l’horizon 2050 et nous nous en tenons à leur expertise. Notre programme pour lutter contre les émissions importées s’appuie notamment sur une maîtrise du contenu écologique des importations et une réindustrialisation pour relocaliser des activités stratégiques.

Pour atteindre l’ensemble de ces objectifs, nous prendrons une série de mesures dans différents secteurs : transports, énergie, agriculture, bâtiments, industrie, déchets, émissions importées. 

Pour aller plus loin, des livrets et des plans détaillent nos propositions : 

Pollutions

La lutte contre les pollutions s’échelonne selon plusieurs axes : pollution de l’eau, de l’air, de la mer et des sols. Pour chaque écosystème pollué, nous proposons une série de mesures complémentaires. 

Espèces invasives

Les espèces invasives représentent un danger réel à la fois pour notre biodiversité et en matière d’épidémies, comme le soulignait le dernier rapport thématique de l’IPBES. Notre principale mesure consiste dans la sortie de l’élevage intensif, vecteur de dissémination de maladies et de virus. Nous fermerons les fermes-usines en nous appuyant sur un plan de 500 M€/an de conversion des éleveurs. 

Autres/facteurs indirects

Enfin, il faut aussi agir sur les facteurs qui contribuent de manière indirecte à la destruction de la biodiversité, à commencer par les facteurs institutionnels et liés à nos habitudes de consommation. Cela passe par le respect de la règle verte que nous inscrirons dans la constitution. Cela passe aussi par des mesures plus concrètes. 

Nous agirons notamment sur la publicité afin d’interdire les publicités incitant à la surconsommation et promouvrons une politique de sobriété. Nous la ferons reculer dans l’espace public, interdirons les dépôts de prospectus publicitaires dans les boîtes aux lettres, les panneaux publicitaires numériques et le démarchage téléphonique commercial. Nous interdirons la publicité des produits et services les plus émetteurs de gaz à effet de serre sur tous les supports publicitaires. 

Par ailleurs, nous mettrons en place des propositions touristiques de sensibilisation à la préservation de l’environnement, de la faune, de la flore présents en ruralité et développerons le tourisme rural et l’écotourisme, axé sur le modèle de l’économie circulaire afin de mettre en valeur le patrimoine naturel et bâti des territoires ruraux.

Forêt 

La forêt a des fonctions essentielles pour l’ensemble de l’environnement : purification de l’air et de l’eau, stockage du CO2, préservation des biotopes, etc. En aucun cas des intérêts privés ne doivent menacer ces fonctions vitales. La règle verte, inscrite dans la Constitution, sera l’assurance de cette protection. Toute forêt, qu’elle soit publique ou privée, devra bénéficier d’une gestion multifonctionnelle pour optimiser :

La fonction économique sera définie par des objectifs (essences, modes de traitement, critères d’exploitabilité…) compatibles avec l’optimisation des fonctions environnementales, sociales et de protection contre les risques naturels.

La forêt est un allié climatique et écologique clé. Pour qu’elle le reste, nous nous opposerons à l’industrialisation et à la marchandisation de la forêt. Pour cela, nous prendrons une série de mesures : 

Pour aller plus loin, le livret dédié à la forêt : https://melenchon2022.fr/livrets-thematiques/foret/ 

Faune sauvage

Bien qu’il soit difficile de fixer des objectifs précis en matière de nombre d’espèces animales et végétales à protéger, nous fixons un objectif de non-régression quantitatif (en terme de population) et qualitatif (en terme de nombre d’espèces). La France compte 18 000 espèces endémiques que l’on ne trouve qu’en France et nous veillerons à protéger ce patrimoine dont la valeur est inestimable. 

Par ailleurs, l’ensemble des mesures que nous portons et que nous détaillons ici limiteront les impacts négatifs sur la biodiversité et le climat. 

Océan

Le peuple humain se définit par sa dépendance absolue à l’Océan mondial. Nous avons donc un intérêt collectif à agir pour protéger ce bien commun, alors qu’aujourd’hui, c’est un bien commun essentiel gravement menacé : par les conséquences du changement climatique, le productivisme, l’appropriation privée, les tensions entre nations et les conflits d’usages que les océans suscitent et subissent. Nous portons une série de mesures pour faire de la mer un bien commun de l’humanité. Nous détaillons ci-après quelques mesures de notre programme sur les océans. L’ensemble des mesures que nous portons sont accessibles dans le livret mer : https://melenchon2022.fr/livrets-thematiques/mer/

Eau douce

Il est indispensable de refonder la politique de l’eau et de la doter d’un cadre national fort : des principes directeurs, un haut-commissariat, une organisation territoriale adéquate fondée sur la région et les bassins versants, une solidarité nationale et un financement repensé, des contre-pouvoirs institutionnels et citoyens. Ce cadre unifié permettra de construire une culture de l’eau au sein de l’État et dans les territoires et de s’atteler aux enjeux majeurs : 

L’objectif que nous poursuivons est de reconnaître et de garantir le droit à l’eau potable, à l’assainissement et à l’hygiène et d’assurer la maîtrise du cycle de l’eau. Pour ce faire nous prendrons une série de mesures, en autres : 

De plus, nous planifions une révolution agroécologique de nos méthodes de production, et nous sortirons de l’élevage intensif, en accompagnant les agriculteur·ices dans la transition. Cette révolution agroécologique aura un impact décisif sur la ressource en eau, notamment avec les mesures suivantes : 

Pour aller plus loin, l’ensemble des mesures sur l’eau sont détaillées dans le livret dédié à cette thématique : https://melenchon2022.fr/livrets-thematiques/eau/ 

Guyane

Le programme de l’Avenir en commun comprend de nombreuses mesures sur les Outre-mer, et un livret est dédié à ce sujet : https://melenchon2022.fr/livrets-thematiques/outre-mer/. Afin de pallier l’abandon de ces territoires, nous proposons différents plans d’urgence : sur le pouvoir d’achat, sur l’accès à l’eau potable, sur les questions sanitaires et le développement des services publics. Nous proposons également un plan d’urgence pour dépolluer et désempoisonner rapidement les régions durablement polluées en France, en priorisant la Guadeloupe et la Martinique victimes du chlordécone. Des mesures de long-terme sont également prévues pour les Outre-mer afin d’assurer l’égalité réelle dans les Outre-mer, en remettant l’économie au service de l’humain, en assurant une éducation et des services publics pour toutes et tous.

De plus, nous proposons que les Outre-mer soient les pilotes de la planification écologique et du progrès humain. Les Outre-mer vont prendre de plein fouet les conséquences du réchauffement climatique : manque d’eau potable, montée des eaux, sécheresses, multiplication des catastrophes naturelles. Il existe déjà des « plan pays » bâtis par les Ultramarin·es. Ils doivent servir de grands objectifs écologiques fixés à partir des besoins essentiels : autonomie énergétique avec le 100% renouvelables, relocalisation de la production alimentaire et aller vers l’autosuffisance alimentaire par le protectionnisme écologique, déploiement d’une économie de la mer.

Nous prendrons une série de mesures pour préserver les territoires des pratiques mortifères et des grands projets inutiles et protéger la biodiversité. Nous lutterons contre la pêche illégale. Nous proposons également d’arrêter tout projet touristique et hôtelier susceptible de mettre en péril les paysages et la biodiversité y compris marine ou encore de lutter contre l’artificialisation des sols notamment en limitant l’extension des grandes zones commerciales. De plus, nous renforcerons les moyens d’étude et de protection des espèces animales et végétales et aussi ceux pour la la préservation des aires maritimes protégées. Nous augmenterons les moyens  humains et financiers alloués à la protection des forêts pour empêcher la déforestation sauvage ou industrielle. Des observatoires régionaux de la déforestation et des services écosystémiques seront mis en place. 

Plus spécifiquement sur la Guyane, nous proposons de lutter contre l’orpaillage clandestin en Guyane et d’annuler définitivement le projet Montagne d’or en Guyane.